Au-delà des différents impacts de la maladie, le chef économiste de BNY Mellon IM table sur deux types de sortie de crise : l’une en forme de U, l’autre en forme de V. Chacun est crédité d’un taux de probabilité de 35 %.

L, U, V, W… Quelle forme prendra la sortie de crise ? Afin d’établir leurs premiers scénarios, les économistes étudient la profondeur du choc financier subi par la Chine lié au Covid-19, les premiers signes de rebond pour l’empire du Milieu et scrutent l’évolution de la situation en Europe et aux États-Unis. Dans une note publiée mercredi 25 mars, le chef économiste de BNY Mellon Investment Management, Shamik Dhar, soutient « qu’au-delà des différents impacts immédiats du Coronavirus, deux scénarios de reprise économique se dessinent ». L’un en forme de V, qui correspond à un rebond rapide. L’autre en forme de U, avec une phase de ralentissement plus marquée. Ces deux scénarios sont crédités d’un taux de probabilité de 35 % chacun.

Un V plutôt qu’un L

En cas de reprise en forme de V, le Covid-19 se répand partout sur toute la planète mais l'impact économique reste contenu. « Dans ce scénario, nous nous attendrions à ce que le virus atteigne son pic pendant l'été et à ce que les réserves de liquidités des banques centrales soient suffisamment importantes pour éviter de graves perturbations sur les marchés financiers », explique Shamik Dhar. La croissance mondiale reprendrait au second semestre 2020 et la production se rétablirait, de manière à ce qu’au premier semestre de 2021, la croissance soit proche de ce qu'elle aurait été si l'épidémie n'était jamais apparue - et sans pertes permanentes au niveau de la production.

Si la reprise devait prendre la forme d’un U, cela signifierait que « la propagation du Coronavirus serait plus persistante et plus étendue que dans notre premier scénario », prévient Shamik Dhar. Dans cette perspective, l'économie serait principalement impactée par une baisse de la demande globale mondiale (par rapport à l'offre). « Nous nous attendrions à ce que l'appétit global en termes de prise de risque diminue de manière générale face à l'incertitude accrue. Les primes de risque augmenteraient fortement et les prix des actions et du crédit baisseraient, en particulier parmi les entreprises à fort effet de levier », ajoute l’économiste. Les valeurs dites refuge sortiraient gagnantes ; les rendements des obligations d'État (prix auxquels s’échangent les dettes des pays) passeraient en dessous de zéro.

« Mais avant cela, une forte demande de liquidités entraînerait une hausse temporaire de certains rendements, ce qui provoquerait de graves perturbations sur les marchés, car les liquidités se raréfieraient et la pénurie de dollars US s'aggraverait, relève Shamik Dhar. Les décideurs politiques à l'échelle mondiale seraient incapables d'endiguer la détérioration du sentiment de marché à court terme. Ce mouvement de vente déclencherait un ralentissement qui pourrait être similaire à celui observé après l'éclatement de la bulle Internet en 2000-1, suivi d'une reprise en forme de U. »

D’autres scénarios restent néanmoins possibles. C’est le cas de celui en forme W, qui implique un décrochage suivi d’un rebond puis d’une rechute et d’une reprise, lequel s’apparente à une récession à double creux. Échapper au L serait une bonne nouvelle puisque cette lettre implique une croissance durablement faible, voire nulle. Les gouvernements s’activent pour éviter le pire.

Olivia Vignaud

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