Entrepreneur américain à succès et venture capitalist de renom, Marc Andreessen a publié un essai, It’s time to build, pour dénoncer le manque de préparation et la réponse désorganisée de l’Occident face à la pandémie du coronavirus.

À moins de 50 ans, Marc Andreessen a déjà eu plusieurs vies. Avant de devenir un influent venture capitalist de la Silicon Valley et de siéger au conseil d’administration de Facebook, cet Américain a d’abord été un entrepreneur à succès. Il a cocréé l’entreprise Netscape, pionnière d’Internet, rachetée en 1998 par AOL pour 4,2 milliards de dollars, et Loudcloud (renommée Opsware), gestionnaire de centres de traitement de données, acquis en 2007 par Hewlett-Packard pour 1,6 milliard de dollars. En 2009, il lance le fonds Andreessen Horowitz pour "soutenir les entrepreneurs audacieux qui construisent l’avenir grâce à la technologie". Forbes a classé cette personnalité hors norme, qui a récemment confié planifier toute sa journée dans son calendrier, au rang 89 de son "Top Tech Investors".

Construire pour relancer

"Software is eating the world", écrivait en 2011 Marc Andreessen, dans un essai devenu célèbre publié dans le Wall Street Journal. En avril, sur le site internet de son fonds, il en publiait un nouveau d’une portée tout autre It’s time to build. Objectif : appeler à une renaissance de la grandeur de l’Amérique. Opposant les mythiques grattes-ciels américains aux pénuries de masques et à l’absence de vaccin, il dénonce la perte de "désir" de la société occidentale pour bâtir son avenir de ses propres mains.

La volonté comme seul mot d’ordre

Le texte a beau être grandiloquent, la pensée entrepreneuriale et volontariste de Marc Andreessen y transparaît à chaque ligne alors qu’il s’attache à mettre en lumière l’inertie de la société occidentale et plus particulièrement de son pays. "Nous pourrions avoir ces choses mais nous avons choisi de ne pas les avoir – plus précisément nous avons choisi de ne pas avoir les mécanismes, les usines, les systèmes pour les fabriquer. Nous avons choisi de ne pas construire", explique-t-il.

En incitant à voir plus grand et à faire preuve de plus d’ambition, l’homme s’érige en coach de la société moderne et le message passe. "Le problème, c’est le désir", "le problème, c’est l’inertie", "le problème, c’est la capture réglementaire", et "le problème, c’est la volonté", scande l’entrepreneur.

Face à tous ces problèmes une seule solution, construire : "Je pense que c’est en construisant que nous redémarrons le rêve américain." Plus qu’un essai idéologique et idéaliste, les propos se veulent rassurants. En estimant que la société actuelle a les moyens ­ financiers comme intellectuels de faire face aux conséquences de la pandémie et de maîtriser les prochaines, il l’incite à réparer ses erreurs en l’amenant à s’interroger sur sa responsabilité : "Construire n’est pas facile, sinon nous serions déjà en train de faire tout cela. Nous devons exiger davantage de nos dirigeants politiques, de nos PDG, de nos entrepreneurs et de nos investisseurs. Nous devons exiger davantage de notre culture, de notre société. Et nous devons exiger davantage des uns et des autres. Nous sommes tous nécessaires, et nous pouvons tous contribuer à la construction."

Montrer l’exemple

Joignant le geste à la parole et alors que beaucoup de sociétés de capital-risque s’efforcent de sécuriser leurs portefeuilles, Andreessen Horowitz passe à l’attaque en avril dernier, redoublant alors d’efforts pour s’engager dans le domaine spéculatif des technologies émergentes. La société lève un deuxième fonds d’investissement axé sur les monnaies cryptographiques, d’une valeur de 515 millions de dollars, en plus de celui initial de 300 millions, deux ans plus tôt. De quoi montrer à ses détracteurs que son essai ne peut se résumer à un simple effet de manche.

Béatrice Constans

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