Depuis le début de la crise sanitaire, le réseau Initiative France accompagne les entreprises pour traverser cette période inédite. Son président, Guillaume Pepy, détaille les différentes actions du réseau associatif.

Décideurs. Après un parcours professionnel riche, vous avez choisi de rejoindre Initiative France. Qu’est-ce qui a guidé votre choix ? Quelles sont vos missions au sein de ce réseau associatif ?

Guillaume Pepy. Louis Schweitzer, qui a présidé Initiative France pendant près de dix ans, m’a sollicité pour prendre sa succession en fin d’année dernière. J’avais très envie de m’engager pour l’entreprise et les entrepreneurs. J’ai donc immédiatement accepté.

Depuis le début de l’année, j’ai découvert un réseau solide de 20 000 bénévoles et 1 000 salariés. J’ai vu toutes ces énergies se mobiliser pour venir en aide aux entrepreneurs victimes de la crise. C’est là que j’ai pris la mesure de la puissance du réseau et de la pertinence du modèle, fondé sur un financement aux entrepreneurs et, surtout, un accompagnement dans la durée pour permettre à chacune et chacun de réussir son projet.

En juillet, l’Assemblée générale m’a porté à la présidence d’Initiative France pour assurer, avec le Bureau national, le pilotage stratégique du réseau et conduire plusieurs chantiers majeurs, parmi lesquels la croissance, la digitalisation et la notoriété de nos activités.

Quelles sont les actions menées par Initiative France ?

Initiative France est le premier réseau associatif de financement et d’accompagnement des créateurs, repreneurs et développeurs d’entreprise. Chaque année, nos 214 associations réparties sur l’ensemble du territoire en métropole et outre-mer soutiennent 18 000 entreprises, qui créent ou maintiennent 50 000 emplois par an.

Nous aidons toute personne qui veut créer, reprendre ou développer son entreprise à le faire, quel que soit son secteur d’activité, ses capacités de financement et son parcours professionnel. Nous apportons à ces futurs entrepreneurs une évaluation de leur business plan, un financement par un prêt d’honneur à taux zéro et un accompagnement pendant trois à cinq ans pour sécuriser leurs projets et renforcer leurs chances de réussites.

20 000 bénévoles, chefs d’entreprises, experts-comptables ou banquiers, s’engagent pour la réussite des entrepreneurs que nous soutenons. Cet engagement est efficace puisque 92 % des chefs d’entreprise que nous soutenons sont encore en activité après trois ans, contre 70 % en moyenne.

"92 % des chefs d’entreprise que nous soutenons sont encore en activité après trois ans, contre 70 % en moyenne"

Le plan de relance lancé par le gouvernement vous semble-t-il satisfaisant et suffisant pour aider les TPE et les PME à traverser la crise sanitaire ?

La relance de l’économie ne sera possible que si la situation sanitaire s’améliore durablement. Pour repartir, l’économie a besoin de confiance. Actuellement, des dizaines de milliers d’entrepreneurs se battent pour survivre. Les restaurateurs et la plupart des commerçants, qui représentent près de la moitié des entreprises que nous aidons chaque année, ne peuvent plus exercer leur activité dans des conditions normales.

Depuis mars, notre mobilisation n’a pas faibli. Nous avons recruté de nouveaux bénévoles, renforcé l’accompagnement et sommes impliqués dans la gestion et l’instruction des dossiers de la quasi-totalité des fonds de prêts d’urgence lancés par les régions. Aujourd’hui, notre priorité est bien d’aider les victimes de la crise et de restaurer la confiance.

Mais, le temps de la relance économique viendra. Le plan présenté par le gouvernement en septembre est à la hauteur des enjeux. Il fait le pari d’une réorientation durable de notre économie, qui s’appuie sur des secteurs d’avenir – le numérique, l’écologie, la solidarité – et sur la capacité des Français, et notamment des jeunes, à faire preuve d’esprit de conquête face à la crise. Amener 15 000 demandeurs d’emplois en insertion et 2 500 jeunes sans formation à créer leur propre job, ce n’est pas rien et c’est une des actions phares de ce plan de relance. C’est donc un bon signal, qui devra être suivi d’effets par des mesures d’applications simples et un véritable effort de décentralisation.

Avez-vous été écouté par le gouvernement depuis le début de la crise, notamment sur ce plan de relance ?

Nous sommes en contact très régulier avec les membres du gouvernement concernés par nos sujets et avec les présidents de région, qui sont des partenaires essentiels. Nous entretenons avec eux un rapport de confiance, fondé sur un objectif commun : sauver les entreprises qui souffrent de la crise et permettre à toutes celles et ceux qui ont une idée de la transformer en projet d’entreprise. 

Pour Initiative France, France Relance est une opportunité, car le plan fait de la création d’entreprise un axe majeur de la reprise économique et de la création d’emplois dans notre pays. Nous serons au rendez-vous de cette ambition, en apportant tout notre soutien et notre expertise aux entrepreneurs !

"La crise change notre économie"

Quelles sont les conditions de réussite de la reprise pour les entreprises que vous accompagnez ?

À la fin du premier confinement, en mai, nous avions interrogé les entrepreneurs que nous soutenons sur leur situation et leurs besoins. Cette enquête confirmait l’impact très dur de la crise sur leur activité mais elle montrait aussi qu’ils restaient optimistes, parce qu’ils ne s’étaient pas sentis seuls pendant la crise. Notre force réside donc dans notre capacité à les accompagner et à les rassurer dans la durée, pour leur permettre de rebondir.

Notre rôle, c’est aussi de leur dire que la crise change notre économie. On le voit en ce moment, les commerces qui proposent de la vente en ligne tirent leur épingle du jeu. Ils maintiennent le contact avec leur client et génèrent du chiffre d’affaires qui s’ajoute aux mesures d’aides. Nous voyons aussi se développer sur tous les territoires des initiatives vertueuses des entrepreneurs, qui travaillent entre eux pour créer des dynamiques locales.

Nous avons conscience de ces évolutions structurelles, nous les prenons en compte dans notre accompagnement pour assurer une réussite pérenne aux entreprises qui nous font confiance. Les entreprises qui prennent en compte leur impact sur l’environnement, travaillent leur présence en ligne et s’investissent dans la vie de leur territoire, ont sans aucun doute plus de chances de réussir.

Quels sont les projets prioritaires d’Initiative France pour les prochains mois ?

Nous sommes sur le pont partout en France pour soutenir les victimes de la crise et éviter au maximum les fermetures d’entreprises. Nous continuons aussi à accueillir des milliers de nouveaux projets, à les financer et à accompagner leur développement.

L’an passé, nous avons soutenu 18 000 entreprises. Je suis convaincu que nous pouvons faire beaucoup plus. Nous avons un ancrage territorial unique, des milliers de bénévoles mobilisés et la confiance de nos partenaires, notamment des collectivités et de Bpifrance. Nous devons maintenant nous faire connaître du plus grand nombre pour lever les freins à la création d’entreprise et soutenir toutes celles et ceux qui ont une idée à dépasser la peur de ne pas y arriver et le manque d’argent. Nous sommes attendus et nous serons là !

Propos recueillis par Béatrice Constans

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