Alors que la plateforme Airbnb vient de faire son entrée au Nasdaq à Wall Street via un processus confidentiel, de plus en plus de sociétés cherchent, comme elle, à s’introduire en Bourse. Nick Bortot PDG et fondateur de BUX Zero, une application d’investissement, nous explique les principes d’une IPO dite confidentielle et les différences avec une introduction classique.

Décideurs. Vous êtes le PDG et le fondateur de BUX Zero, une application qui permet à tous ses utilisateurs d’acheter des actions. Pourquoi avoir choisi de lancer cette plateforme ? Pouvez-vous nous en dire plus ?

Nick Bortot. J’ai décidé de lancer cette application pour plusieurs raisons. Je suis parti du constat que dans de nombreux pays, le système de retraite n’est plus viable. Les jeunes générations payent pour les anciens. Mais avec une population vieillissante, ce modèle n’est plus durable. Il est aussi très important de trouver un moyen de se construire un capital. Au regard de la situation actuelle, les taux d’intérêts sont très bas, parfois négatifs. Vingt ans auparavant, investir en Bourse était complexe. C’était surtout un passe-temps réservé à une classe d’hommes fortunés qui pouvaient se renseigner sur les marchés. Il fallait ouvrir un compte avec un courtier en Bourse, cela prenait du temps, sans parler des coûts élevés.

Pour se créer un meilleur avenir financier, une des solutions est d’investir. Sur BUX Zero, vous pouvez acheter des actions sans frais de courtage grâce à l’Ordre Zero, exécuté en fin de journée. Et vous ne payez qu’un euro de commission pour les ordres exécutés directement. En outre, notre plateforme propose des contenus pédagogiques, avec des astuces et des vidéos, pour rendre l’investissement plus accessible à tous. Ainsi, avec cette application, nous voulons offrir à tous les utilisateurs, la possibilité d’un futur meilleur en investissant de manière simple, pratique et abordable.

Quelles sont les différences entre l’IPO classique et celle confidentielle ?

Jusqu’en 2017, une société ne pouvait entrer en Bourse d’une manière confidentielle que si ses revenus étaient inférieurs à un milliard de dollars. Depuis, toute entreprise, quel que soit son chiffre d’affaires, peut y réaliser son introduction de façon confidentielle. De nombreuses grandes entreprises ont d’ailleurs choisi d’y entrer de cette manière. La différence majeure tient à la publication des informations de l’établissement. Quand celui-ci s’adresse aux autorités compétentes pour réaliser une IPO classique, toutes ses données deviennent publiques. Ensuite, le délai se révèle bien différent et peut prendre de six à neuf mois, le temps que les autorités l’approuvent, ou non !

Pendant ce temps, la société prend plusieurs risques. Tout d’abord, celui que le marché change, comme en témoigne le coronavirus responsable de nombreuses fluctuations. Elle prend également le risque de voir ses concurrents regarder ses datas. Dans le cas d’une IPO traditionnelle, celle-ci s’ouvre entièrement aux autres. Elle est en totale transparence. C’est pourquoi, actuellement, de nombreuses sociétés, surtout celles de la Tech, choisissent une IPO confidentielle. Ce dispositif permet de ne procéder qu’avec les autorités compétentes et ne s’ouvre publiquement que trois semaines avant l’introduction en Bourse.

Quels sont les avantages de l’IPO confidentielle ?

Le principal avantage est de pouvoir choisir à quel moment entrer en Bourse. Certes, à cause de la Covid, les marchés étaient en difficulté. Mais depuis l’annonce du vaccin, ils commencent à aller mieux. Dans le cas d’Airbnb, la plateforme a pu choisir de retourner sur un marché bien plus positif pour réaliser son introduction. Le deuxième intérêt est la confidentialité. Comme on l’a dit plus haut, grâce à une IPO confidentielle, l’entreprise n’a pas à partager ses informations avec les investisseurs, les concurrents et les consommateurs. Enfin, il reste la possibilité de se retirer. Si pour une raison quelconque, l’entreprise ne se sent plus en capacité de la réaliser, elle peut abandonner le projet.

Cependant, des inconvénients existent. Pour réaliser une IPO d’une taille importante, il est complexe de ne laisser aux institutionnels qu’un délai de trois semaines. Outre les investisseurs d’origine de l’entreprise, plus l’IPO est importante plus les institutionnels le sont également. Ces derniers apprécient de prendre le temps de traiter les données et d’élaborer des comparaisons avec les concurrents. Si Airbnb avait attendu plus longtemps, aux alentours de Noël, l’opération aurait été plus difficile. Les analystes n’étant pas forcément présents à 100 %. Ce délai de 3 semaines correspond aussi au délai dont la société dispose pour partir en tournée auprès des investisseurs. Habituellement avant une IPO, les dirigeants les rencontrent et font un tour du monde. Ce qui est plutôt difficile quand ces derniers n’ont que 3 semaines pour y parvenir. 

Les marchés financiers commencent à récupérer, mais nous sommes toujours en pleine épidémie. Pensez-vous qu’Airbnb, fortement liée au tourisme, a choisi le bon moment pour entrer en Bourse ?

Dès l’annonce du vaccin, un sentiment très positif se ressent sur les marchés. En outre, Airbnb est très flexible et a été moins affecté que les grandes entreprises de voyage, comme Booking. A priori, une personne qui souhaite investir dans ce secteur, préfèrera Airbnb aux autres. En pleine crise, sa valorisation était descendue à 18 milliards de dollars, bien en dessous de ce qu’elle vaut aujourd’hui. À mon sens, si elle est satisfaite de sa valeur, elle considère que le moment est venu. D’autant que le risque d’une troisième vague, pourrait diminuer sa valorisation.

N’oublions pas non plus que les grandes entreprises comme Airbnb détiennent de nombreux investisseurs institutionnels et que ceux-là souhaiteront s’en aller à un certain moment. Il faut savoir faire pression en faveur d’une IPO. Il n’est pas possible de la laisser s’éterniser avec de tels enjeux.

Propos recueillis par Agathe Giraud

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