Spécialiste en gestion de crises, en opérations complexes et en restructurations, fondateur également de l’IHEGC (l’Institut des hautes études en gestion de crise), Arnaud Marion est un redresseur d’entreprises que l’on ne présente plus. À 56 ans, il compte de nombreuses réussites à son actif en matière de retournement d’entreprises.
A. Marion : "Nous sommes des médecins multi-spécialistes de l'entreprise"
Décideurs. Revenons sur votre quotidien en tant que professionnel et redresseur d’entreprises.
Arnaud Marion. J’ai plusieurs activités. La première en tant que spécialiste des opérations complexes, des transformations et des redressements d’entreprises, un métier que j’exerce depuis plus de vingt ans déjà. Pionnier dans ce secteur, je me suis toujours intéressé aux entrepreneurs, dirigeants et actionnaires. Ces derniers se sentent souvent extrêmement isolés dans ces situations. Parallèlement, j’ai fondé l’IHEGC, un institut qui forme les dirigeants et membres de comités de direction à la gestion de crises. Cela leur permet d’anticiper, de saisir les opportunités de transformation de leur modèle économique, et surtout d’éviter les situations de crise en les gérant mieux. Enfin, je suis également cofondateur d’un fonds d’investissement dans les Hauts-de-France (le FE2T). Nous avons réuni une vingtaine d’entrepreneurs autour de la société de gestion IRD Invest pour développer un fonds entrepreneurial, territorial et de transformation. Ce fonds aide à financer des entreprises dans leurs phases de transition et de changement, ou bien à saisir des opportunités de transformation.
Quels ont été les dossiers phares de votre carrière et pour quelles raisons ?
La plupart du temps, il s’agit d’un problème de structure fi nancière ou de rentabilité. J’accompagne alors ces sociétés pour qu’elles soient plus performantes ou encore pour adapter leur structure financière. Mais, quand on me demande quel est le dossier le plus difficile que j’ai eu à traiter dans ma carrière, je pense aux Velib’ parisiens. Il ne s’agissait pourtant pas de restructuring financier mais d’un dossier industriel avec beaucoup de problèmes techniques dans un contexte de contraintes de voirie et du comportement des utilisateurs en 365/24/7. Le risque était à mon arrivée une rupture du contrat. La société n’arrivait pas à satisfaire les donneurs d’ordre publics. La clef de résolution ? Bien comprendre la chaîne de valeurs et être capable de décomposer ce qui était critique au sein de l’entreprise en choisissant les bons leviers.
Quelle est votre vision du marché du restructuring et de l’année à venir ?
Les entreprises qui étaient déjà dans une grande détresse et qui ont davantage été fragilisées par la pandémie ne passeront pas le cap. Celles-ci ont en effet, bénéficié de toutes les mesures possibles : du PGE aux plans d’étalement de dettes en passant par le chômage partiel et les fonds de solidarité. Un tri se fait alors entre les entreprises qui ont une vraie stratégie, qui se transforment et s’adaptent par rapport à celles qui n’en ont pas. Ainsi, beaucoup d’entreprises dans le retail souffrent et meurent tandis que d’autres sont rentables et ont une croissance à deux chiffres comme Kiabi par exemple.
"Je m’intéresse à la transformation et à l’innovation. C’est ce qui permet d’assurer la pérennité des entreprises"
Quelles sont les raisons qui vous ont poussé à vous orienter et à exercer votre métier en tant que CRO ?
Nous sommes des médecins multispécialistes de l’entreprise. Mon métier concentre la stratégie de l’entreprise, l’accompagnement du dirigeant et du management. J’ai trouvé le moyen d’exercer un métier enrichissant. Sans parler des rencontres humaines fabuleuses que nous faisons. Je m’intéresse à la transformation et l’innovation sont au cœur de la conduite du change-ment. C’est ce qui permet d’assurer la péren-nité des entreprises.
Quelles qualités vous paraissent indispensables pour exercer votre métier ?
C’est un métier où il faut combiner à la fois la culture économique et celle de l’entreprise. Il faut aussi être capable de cerner très vite les problèmes parce que le but est de gagner un temps précieux et de gagner la confi ance de l’entrepreneur.
Parcours
- de juin 2012 à mars 2016 : président du directoire de Doux & Père Dodu.
- d’octobre 2016 à décembre 2017 : administrateur de Solocal.o de juin 2018 à septembre 2019 : président de Smovengo Velib'.
- de septembre 2014 à aujourd’hui : CEO de Marion & Partners LTD.
- de mai 2020 à aujourd’hui : CEO de L’IHEGC – l’Institut des hautes études en gestion de crise.
Propos recuillis par Laura Guetta