Après un double diplôme en sciences politiques et en école de commerce, Roger Moreau est passé de la banque au ministère de l’Économie avant d’aller sur le terrain, dans le secteur public, d’abord à l’ONF puis auprès de l’Afpa (Agence nationale pour la formation professionnelle des adultes). Retour sur un parcours étonnant.

Décideurs. Comment êtes-vous arrivé à ce poste de DAF auprès de l’Afpa ?

Roger Moreau. J’ai toujours eu un goût prononcé pour la sphère publique et la gestion. Après une expérience enrichissante dans la banque d’investissement locale, Dexia, j’ai rapidement eu l’opportunité de rejoindre la direction du budget, rattachée au ministère de l’Économie et des Finances. Cette administration a la responsabilité du budget de l’État, en étroite coopération avec tous les ministères. Durant près de six ans, j’ai pu travailler sur différentes thématiques : des collectivités locales à la Culture en passant par la Défense. J’ai pu apprendre le fonctionnement des institutions publiques de l’intérieur, ce qui m’est toujours très utile aujourd’hui.

À la suite de ces années au service du pilotage stratégique de l’État, j’ai ressenti l’envie de contribuer directement au développement opérationnel d’une structure en étant directement en prise avec le terrain. J’ai alors rejoint, l’Office national des forêts (ONF) durant quatre ans, avant d’arriver à l’Afpa. Mon arrivée a suivi de peu le passage de la structure, d’association à établissement public à caractère industriel et commercial (Epic). Un moment charnière pour cet organisme, qui a impliqué la mise en place d’importantes transformations pour gagner en performance et en compétitivité. Dans ce cadre, j’ai mené un chantier de fusion de la direction des finances avec celles des moyens généraux, qui a élargi le périmètre de mes missions.

"La fonction de DAF me plaît par sa transversalité et la richesse des sujets à traiter"

Qu’est-ce qui vous attire le plus dans ce métier ?

La fonction de DAF est à la croisée d’une multitude d’enjeux. Elle me plaît par sa transversalité et la richesse des sujets à traiter. C’est un poste qui déploie tout son potentiel dès lors qu’il s’inscrit dans un collectif, notamment à travers un rôle d’accompagnement dans les prises de décision de la direction générale et dans l’appui des autres lignes métiers de la structure sur ses différents projets stratégiques.

Comment voyez-vous les bouleversements entraînés par les nouvelles technologies et les enjeux environnementaux et sociaux ?

Ces deux enjeux ont effectivement de fortes conséquences sur une fonction finance en pleine mutation. Notre établissement public est tenu à un devoir d'exemplarité en matière d'ESG. Nous avons défini une stratégie RSE, qui implique l’ensemble de nos métiers, sur le volet des achats responsables ou des investissements environnementaux. Du fait de notre activité, nous avons une sensibilité pour le volet social, dans la mesure où nous accompagnons historiquement les personnes adultes dans leur formation professionnelle, mais également pour le compte des pouvoirs publics, des réfugiés ou encore des mineurs en décrochage scolaire.

À mon sens, l’humain devient de ce fait prépondérant dans mon métier. Il nous faut accompagner et former nos équipes face à la digitalisation, avec l’enjeu de les responsabiliser, dans un contexte de rareté et de concurrence croissante pour certaines compétences. Il faut également leur donner du sens, alors qu’évolue le rapport au travail, sous peine de s’exposer à un turnover croissant.

Comment imaginez-vous le DAF de demain ?

Un équilibre subtil devra être trouvé entre la fonction de partenaire, en appui et conseil des autres lignes métiers, et le rôle de gardien de la bonne santé financière de l’entreprise. Le DAF doit faire le lien entre la technicité et l’expertise qui se situe au sein de ses équipes et les aspects opérationnels à tous les niveaux de la société, en assurant une fluidité des processus. Cette transversalité du métier va inévitablement s’accroître dans le temps.

Parcours : 

  • 2005 : décroche le master des affaires internationales de Sciences Po
  • mars 2006 : devient Analyste Financier chez Dexia
  • 2008 : rejoint le bureau des collectivités locales comme adjoint à la direction du Budget
  • 2010 : intègre le bureau de la Défense en tant qu’adjoint
  • 2012 : nommé chef du bureau de la culture, de la jeunesse et des sports
  • 2014 : prend la tête du département Finances et Performances de l’Office national des forêts
  • 2018 : devient DAF de l’Afpa

Propos recueillis par Tom Laufenburger

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