Secteur d’intérêt public vital à la vie de la cité, les médias attirent la convoitise des investisseurs. Entre nouvelles acquisitions de milliardaires et consolidation d’un secteur qui ne perd pas en attractivité, retour sur une nouvelle année riche en opérations.
M&A dans les médias : entre jeux d’influence et consolidation économique
S’il est un secteur qui ne réalise pas de profit pharaonique mais qui continue d’attirer les plus fortunés, c’est bien celui des médias. De Rupert Murdoch aux États-Unis à Vincent Bolloré en France, le domaine a toujours séduit les entrepreneurs, en quête d’influence politique ou de mécénat et l’année 2024 ne déroge pas à la règle.
Saadé, le feu follet
Après avoir fait l’acquisition de La Tribune en 2023, Rodolphe Saadé a conclu en juillet 2024 le rachat d’Altice Media, maison mère de BFMTV et RMC, auprès d’un autre milliardaire, Patrick Drahi, pour 1,55 milliard d’euros. Ces deux chaînes majeures de la radiodiffusion et télévision française rejoignent ainsi la galaxie média du groupe CMA-CGM aux côtés de La Provence, Corse Matin et de participations dans M6 ou Brut. L’occasion pour la 14e fortune hexagonale selon Forbes, d’ajouter une nouvelle pierre à son empire médiatique, deux ans seulement après son entrée dans le secteur.
Bernard Arnault, riche parmi les riches
De son côté, Bernard Arnault, président du groupe LVMH, a bouclé en octobre 2024 le rachat du magazine Paris Match pour 120 millions d’euros. Une bénédiction pour la rédaction, ravie de sortir du giron du groupe Vivendi et de sa ligne éditoriale conservatrice. L’hebdomadaire rejoint, 75 ans après sa création, le groupe Les Échos-Le Parisien dans le portefeuille médiatique de l’homme le plus riche de France.
Xavier Niel, l’indépendant
À l’heure où la création de conglomérat médiatique est recherchée, le fondateur de l’opérateur Free se démarque par une autre opération. En avril 2024, ce dernier a cédé la quasi-totalité de ses parts dans le groupe Le Monde à un fonds de dotation, le Fonds pour l’indépendance de la presse, pour un euro symbolique. Il conserve une action afin de pouvoir réinvestir dans le groupe de presse si nécessaire.
Créé par Xavier Niel en 2021 afin de préserver l’indépendance du groupe, le fonds compte déjà des acteurs majeurs comme Le Monde, Courrier international, Télérama, La Vie ou Le Nouvel Obs qui ne se versent pas de dividendes et disposent d’un capital inaccessible, garantissant leur liberté éditoriale.
Mediawan, fondé par Pierre-Antoine Capton, Xavier Niel et Matthieu Pigasse, a réalisé l’acquisition la plus importante de son histoire en rachetant l’allemand Leonine Studios pour 500 millions d’euros
Les studios de production dans la lumière
D’autres branches de médias comme les studios de production audiovisuelle attirent aussi les convoitises des investisseurs et poursuivent leur consolidation. Mediawan, fondé par Pierre-Antoine Capton, Xavier Niel et Matthieu Pigasse, a réalisé l’acquisition la plus importante de son histoire en rachetant l’allemand Leonine Studios pour 500 millions d’euros. Après avoir conquis 60% de Plan B, le studio coprésidé par Brad Pitt, pour 300 millions d’euros, et s’être associé avec le géant américain Miramax, l’entreprise assoit son ambition de créer un géant "paneuropéen". Le fonds KKR ne s’y trompe pas et rehausse son investissement au sein de la structure à l’origine de succès français majeurs comme "Bac Nord" ou "Le Comte de Monte Cristo."
Une déferlante d’opérations qui ne s’arrêtent pas en si bon chemin. Asacha Media Group, studio de production audiovisuelle européen de fictions, documentaires ou de magazines a été racheté par Fremantle, société productrice de "Questions pour un champion" ou "L’amour est dans le pré", en récupérant l’intégralité des parts du fonds Oaktree Capital Management, en février 2024. Nouvelle preuve de la forte consolidation du secteur et de son attractivité globale. Pour gagner en influence politique ou construire des champions européens, les médias n’ont pas fini d’attirer les convoitises.
Tom Laufenburger