Les plates-formes de crowdfunding enregistrent des volumes en constante croissance dans le secteur.
C’est une nouvelle tendance dans le secteur immobilier : le crowdfunding, système de financement participatif, s’impose comme une nouvelle source de financement, attirant désormais l’attention des investisseurs, promoteurs et professionnels du secteur. Ces plats-formes dédiées à l’immobilier ont leurs pionniers : Crowdimmo, Lymo, mais également Wiseed et Anaxago, plates-formes classiques qui diversifient leur offre sur ce marché pour capter de nouveaux projets de financement. Cette dernière a réussi à lever en 2014 environ 2,2 millions d’euros, soit près d’un quart de ses levées totales. C’est aux États-Unis que ce nouveau modèle de financement immobilier a vu le jour, avec la création de Fundrise en 2010, qui recense aujourd’hui 122 millions de dollars à son compteur. Avec ce mode de financement, différentes modalités d’investissement sont envisagées : acquérir des parts dans une SCCV à travers une holding, dont les investisseurs et promoteurs deviennent actionnaires, ou détenir des coupons sur cette holding ou sur une SAS. Toute personne privée peut prendre part à ce financement, la seule condition étant le ticket d’entrée, souvent fixé au minimum de mille euros. L’investisseur se verra rembourser ses fonds une fois l’immeuble vendu. Les rendements attendus varient de 4 % à 12 % selon les projets et les plates-formes qui se rémunèrent par commission. Quid de l’impôt sur la plus-value ? Il reste classique pour ce type d’investissement, mais des abattements progressifs peuvent être appliqués en fonction de la durée de détention.


Une émergence due à des besoins de fonds croissants
À l’heure de la révolution digitale, qui a déjà propulsé de nombreuses start-up dans la cour des plus grands, le succès du crowdfunding n’est plus à démontrer. Ce financement alternatif offre ainsi la possibilité pour des acteurs comme les promoteurs de petite ou moyenne envergure d’avoir accès à des opérations plus importantes, qui peuvent parfois dépasser le million d’euros. Côté investisseurs, ce nouveau modèle de levée de fonds s’inscrit dans leur stratégie de diversification. À titre d’exemple, l’apport moyen sur la plate-forme Anaxago est d’environ 7000 à 8000 euros en 2014. Plus que les rendements promis, c’est aussi la promotion de l’habitat partagé et de l’écoconstruction qui stimulent les crowdfunders, sensibles aux problématiques environnementales et au fondement même de l’économie collaborative.


Quelles ambitions pour ce financement alternatif ?
Au regard des premiers projets, l’avenir du crowdfunding en immobilier est prometteur. Le groupe chinois Dalian Wanda est un bon exemple : afin de financer de nouveaux centres commerciaux, il a recueilli en juin dernier environ cinq milliards de yuans (730 millions d'euros) en l’espace de trois jours seulement, sans aucun intermédiaire financier. Et les participants ont déjà fait savoir leur volonté de poursuivre le projet sur d’autres biens mobiliers.
Le financement participatif devrait s’inscrire comme une tendance de fond sur le marché. En France, les objectifs des plates-formes dédiées à l’immobilier mettent déjà la barre très haut : alors qu’Anaxago prévoit une levée de fonds de 6 à 10 millions d’euros en 2015, Wiseed parie sur 10 millions d’euros et Lymo sur une vingtaine d’opérations. Afin d’accompagner pleinement ce nouveau tournant, certaines entreprises anticipent les besoins futurs et se dotent d’ores et déjà d’équipes de spécialistes de l’investissement et de l’immobilier pour parachever leur expertise technologique.


Un avenir encore incertain
Dans les années voire les mois à venir, ces plates-formes devraient se multiplier et élargir leurs activités traditionnelles pour tirer parti de ce nouvel eldorado : l'australienne Venturecrowd a déjà fait ce choix en créant un site connexe spécialisé dans le financement participatif immobilier. Mais malgré l’engouement certain pour cette nouvelle source de financement, la prudence reste de mise : seuls 5 % à 10 % des projets immobiliers sont retenus par ces plates-formes, signe des précautions prises par les décideurs qui filtrent drastiquement les projets. Pour rassurer les investisseurs, certains n’hésitent pas à engager des équipes compétentes en gestion de risques, comme Anaxago, et de s’adosser à des spécialistes de l’assurance. Les crowdfunders se doivent également de vérifier si la plate-forme possède la garantie financière d’achèvement et le statut de conseiller en investissement participatif (CIP) délivré par l’AMF. Bien que le cadre juridique ne soit pas encore réellement défini par le législateur, les plates-formes doivent signaler les potentielles pertes que les investisseurs encourent, d’autant plus qu’un relèvement des plafonds du crowdfunding a été autorisé en octobre 2014. Des changements sont prévisibles : ouverture aux promoteurs extérieurs pour proposer des deals co-promus, recrudescence d’avocats se spécialisant dans cette pratique ou encore émergence de conseillers aux investisseurs, comme RealtyShares. Ces plates-formes envisagent aussi de traverser les frontières, portant la communauté à l’échelle européenne voire internationale. Un déploiement qui nécessitera « un gros travail au niveau européen pour harmoniser les réglementations de chaque pays », prévient déjà Joachim Dupont, président d’Anaxago.


S.C.

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