Désignée par Forbes parmi les cinquante femmes les plus puissantes en Asie, cette entrepreneuse a confié à la rédaction les clés de son leadership.
La Pinacothèque de Paris à Singapour, c’est elle. À 45 ans, Ong Chih Ching a le vent en poupe. En moins de dix ans, elle est devenue, en cofondant KOP Limited, l’un des promoteurs immobiliers les plus influents à Singapour avec 95 millions d’euros d’actifs sous gestion.

Décideurs. Avez-vous le sentiment que le leadership individuel s’efface au profit du collectif ?
Ong Chih Ching.
Si les entreprises en forte croissance, particulièrement les ETI, doivent bénéficier d’un leadership individuel à des niveaux stratégiques, les grands groupes, à l’inverse, misent plutôt sur un leadership collectif pour maintenir leur compétitivité sur leurs marchés matures. C’est cette collaboration qui permet aux équipes de redoubler de créativité et de satisfaire les besoins des consommateurs. Mais ce qui est vrai pour les grands groupes ne l’est pas forcément pour les entreprises de croissance où le leadership individuel est souvent plus efficace. Les décisions prises rapidement par une seule personne peuvent en effet avoir un impact significatif sur des marchés où il est nécessaire de se positionner clairement.

Décideurs. Attribuez-vous le succès de KOP à un leadership individuel et/ou collectif ?
O. C. C.
Compte tenu de la diversité de nos activités – promotion immobilière, hôtellerie, divertissement –, c’est la combinaison de ces deux leaderships qui nous permet d’aligner les objectifs de nos branches sur ceux plus globaux de l’entreprise. Il ne faut pas perdre de vue que les collaborateurs les plus performants sont ceux qui sont sur le terrain. Responsabilisés, ils agissent pour le bien commun de l’entreprise en veillant à atteindre leurs objectifs et en construisant leur propre leadership.

Décideurs. Le leadership collectif est donc complémentaire du leadership individuel…
O. C. C.
Il ne faut pas faire de généralités. Il y a toujours des inconnues à prendre en compte : la culture du pays, les besoins des clients sont souvent différents. Quand une organisation a besoin d’être agile et réactive pour conquérir de nouveaux marchés, mieux vaut éviter de l’enfermer dans le carcan du leadership individuel. En faisant le pari du leadership collectif, le management encourage l’autonomie et la collaboration au sein des équipes. Une manière efficace de fluidifier les process décisionnels mais aussi de responsabiliser les collaborateurs sur le destin de l’entreprise. On constate cependant un besoin croissant de leadership individuel tant au sein du top management que dans l’entreprise. Trop de collaboration et de partage de connaissances amènent un «?chaos créatif?». D’où l’intérêt de désigner un leader fort avec une vision claire pour nourrir et guider le collectif. C’est à cette condition que l’entreprise atteindra ses objectifs.

Décideurs. Quelles sont les qualités indispensables pour susciter un leadership collectif ?
O. C. C.
Bon sens, humilité et créativité sont essentiels. C’est important de prendre des initiatives, de tenir ses positions et de jouer le jeu du contre-pouvoir quand le leadership collectif risque de sombrer dans une forme de suivisme. Dans un leadership collectif, il y aura invariablement des visions qui s’opposeront les unes aux autres. Accepter les critiques avec humilité est donc une condition sine qua non pour créer un leadership collégial. Enfin pour résoudre certains problèmes et synthétiser les idées, la créativité apparaît comme une des clés.

Décideurs. En tant que CEO, comment envisagez-vous votre rôle dans un environnement de leadership collectif ?
O. C. C.
Mon rôle est celui d’un entraîneur qui nourrit et encourage constamment ses équipes pour faire naître les meilleures idées. Créer les conditions d’un jeu collectif où la vision de chacun peut s’exprimer est crucial pour aller de l’avant.

Propos recueillis par É. V.

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