La roche qui fournit 30 % de l’énergie mondiale fait face à de nouvelles problématiques structurelles. Dans sa dernière note, Standard & Poor’s se montre pessimiste quant à son avenir.

La société de notation financière Standard & Poor’s a publié une étude sur l’avenir de l’industrie du charbon et son devenir. Bilan : le secteur va de plus en plus mal. Plusieurs dynamiques majeures sont soulevées : la demande d’énergie plus basse que prévue, menant à un surplus de production, couronnés d’une relative prise de conscience collective et d’un durcissement des règlementations gouvernementales qui ont fait pression sur les prix. Les géants comme les petits industriels de la filière sont ainsi menacés de faillite à l’échelle mondiale.

 

 

États des lieux : le charbon en perte de vitesse

En 2014, les émissions de carbone proviennent à 45 % de l’exploitation du charbon, qui deviendra en 2019 la première source d’énergie mondiale pour des productions culminant à neuf milliards de tonnes. À cet effet, les scientifiques prédisent une augmentation de six degrés d’ici à la fin du siècle. Le charbon restera donc, à court et moyen terme, largement présent dans les consommations particulières d’énergie. Mais le bilan est en demi-teinte, car le questionnement persiste quant à son avenir à plus long terme : en effet, à l’heure de la transition énergétique, la recherche d’alternatives est en marche partout dans le monde. Preuve en est, en 2014, la demande de charbon chinoise n’a augmenté que de 3,5 % alors qu’elle se situait autour de 7,5 % par an. Plus que le changement de source d’énergie en lui-même, c’est le rythme de croissance des énergies fossiles dans le monde qui intéresse les experts : à l’approche de la COP21, les pays prévoient toujours plus de mesures contraignantes contre l’énergie considérée comme la plus sale et la plus meurtrière, même si la solution universelle d’une alternative stable, génératrice de revenus et fiable n’a toujours pas été conjecturée.

 

 

Une énergie du passé ?

Face à cette prise de conscience mondialisée et une vision pessimiste quant à l’avenir du secteur, c’est bel et bien un recul massif de l’industrie du charbon auquel nous assistons. Alors que l’Allemagne a décidé de fermer plusieurs de ses centrales au charbon et que le Royaume-Uni prévoit de fermer sa dernière mine en décembre 2015, côté entreprise, le tableau n’est pas plus glorieux : après la faillite de l’américain Patriot Coal, c’est au tour de Total de confirmer l’arrêt de production et de commercialisation du charbon et de Goldman Sachs de vendre ses mines de Colombie. Réels symptômes d’une baisse de la demande, moins structurelle que conjoncturelle, c’est surtout la certitude qu’une reprise n’est pas envisagée qui animent ces décisions stratégiques. Selon l’étude, la croissance du marché du charbon est en fait entre les mains des pays émergents tels que l’Inde, l’Indonésie ou le Vietnam, qui n’ont pas encore d’agenda écologique : l’émergence économique de ces pays combinée à leur consommation énergétique qui se dessine ne laisse que peu de certitudes quant à leur profil énergétique à long terme, donc au prix du charbon, qui reste l’énergie la moins chère et pour laquelle les directives gouvernementales, notamment chinoises, peuvent prendre du temps. L’Asie aux commandes du secteur laisse ainsi dans l’ombre la conjoncture future. D’autant plus que d’autres facteurs sont à prendre en considération : les avancées technologiques, les taxations et quotas sur les émissions, la croissance économique et l’urbanisation. L’avenir du secteur du charbon est donc bien en déclin, reste à savoir à quelle vitesse et au profit de quelle énergie. Bonne nouvelle : en 2014, la moitié de la capacité énergétique mondiale additionnelle provient des énergies renouvelables. Mais quid des consommations déjà établies ?


S. C.


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