Antin Infrastructure Partners est le, sinon l’un des plus importants, fonds d’investissement sur le marché des infrastructures dans le monde. Entretien avec Alain Rauscher et Sébastien Lecaudey, respectivement président et partner.

Décideurs. Quelle stratégie poursuit Antin sur le marché des infrastructures ?

Sébastien Lecaudey. En termes de secteurs d’activité, il s’agit d’infrastructures relatives aux  transports, à l’énergie, aux télécoms et aux infrastructures sociales. Dans ces secteurs, Antin recherche en priorité des actifs essentiels à la communauté, décorrélés des cycles et de la conjoncture économique, et qui bénéficient de barrières fortes à l’entrée comme les concessions d’autoroutes. Des placements qui génèrent des cashflows significatifs, qui permettent aux investisseurs de recevoir un dividende annuel de l’ordre de 5 % des fonds investis. Un investisseur qui souhaite intervenir sur de tels marchés a le choix entre deux types de stratégie : des fonds à très long terme (20-25 ans, voire plus) et des fonds de type private equity, à dix ans. Cette forme de visibilité avec un horizon raisonnable sur l’échéance de rentabilité est, selon nous, la meilleure manière pour nos investisseurs de s’assurer qu’Antin Infrastructure Partners a fait les bons choix.

Alain Rauscher. Antin a une approche de type private equity, à forte valeur ajoutée, avec pour contrainte de payer un dividende dès la première année. Notre stratégie consiste donc à investir dans des actifs existants et de les faire croître. À titre d’exemple, le premier investissement d’Antin a été Porterbrook, compagnie ferroviaire britannique propriétaire d’environ 30 % des trains qui circulent au Royaume-Uni, et qui sont loués en leasing à une vingtaine d’opérateurs, avec un loyer garanti par l’État. Sous notre conduite, la société a réalisé plus de 700 millions de livres d’investissements qui ont permis la rénovation d’une partie de la flotte devenue obsolète, et la fabrication de nouveaux wagons.

 

Décideurs. Vous avez à ce jour levé deux fonds avec des volumes importants. La taille compte ?

S. L. Sans nul doute. Notre premier fonds était de 1,1 milliard d’euros. Nous souhaitions attirer un profil d’investisseurs pérennes, à même d’investir ensuite dans des fonds ultérieurs. Outre les 300 millions d’euros de BNP Paribas, nous  sommes allés lever des fonds auprès d’investisseurs institutionnels, en France et en Europe. Nous avons aussi réussi à convaincre des investisseurs australiens et nord-américains. Un tour de force à l’époque !

A. R. En 2014, nous avons réalisé l’une des deux plus importantes levées de fonds en Europe pour notre second fonds, à hauteur de deux milliards d’euros. Le défi du deuxième fonds a été de rééquilibrer la base d’investisseurs en levant des fonds auprès d’investisseurs britanniques, australiens, américains et des européens (hors France).

 

Décideurs. Où en est votre second fonds ?

S. L. Nous avons fini la levée de notre second fonds il y a un peu plus de douze mois et le fonds II est  aujourd’hui investi à hauteur de 60 %.

 

Propos recueillis par S.D.C.

 

Alain Rauscher, un Normalien dans les infra

Alors Energy banker chez BNP Paribas Corporate Finance depuis douze ans, Alain Rauscher quitte le groupe en 2006, poussé par un besoin d’indépendance et l’envie de rejoindre le private equity : en somme, vivre une aventure entrepreneuriale. Il décide alors de lancer un fonds dédié aux infrastructures. Cet expert des fusions-acquisitions et du secteur de l’énergie se lance et prépare le business plan d’un fonds spécialisé dans les infrastructures pendant six mois. En 2007, avec le soutien initial de  BNP Paribas en tant que sponsor, il fonde Antin Infrastructure Partners. En quelques années,le Normalien  – Normale Sup Philo,  Sciences Po et HEC - réalise la prouesse de faire d’Antin IP l’un des plus grands fonds d’investissement infrastructure européens. En pleine crise financière, le premier véhicule réunit 1,1 milliard d’euros, quatre ans plus tard le second double la mise. 

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