Hier, les investisseurs asiatiques investissaient indirectement sur les marchés immobiliers européens, et principalement dans l’hôtellerie. Aujourd’hui, ils veulent se positionner en direct et se diversifier. Dans leur viseur : les centres commerciaux et les bureaux.

Que les investisseurs asiatiques soient friands d’immobiliers, les experts du marché le tiennent depuis longtemps pour acquis. Cela fait plusieurs années déjà que des investisseurs - chinois surtout, mais aussi singapouriens ou sud-coréens - investissent à travers des sociétés de gestion sur les marchés immobiliers américains et européens. Leur stratégie est toujours la même : se positionner d’abord à Londres avant d’arriver à Paris, en commençant par l’hôtellerie. Plusieurs grands deals ont été signés ces dernières années, démontrant leur appétit pour cette classe d’actifs : en 2014, Jin Jiang International Holdings a ainsi mis la main, pour 1,2 milliard d’euros, sur le Groupe du Louvre. En 2015, c’est au tour d’HK CTS Hotels, filiale à 100 % de China National Travel Service Group Corporation, de signer la plus importante transaction hôtelière jamais réalisée par des investisseurs chinois au Royaume-Uni, avec l’acquisition du portefeuille de Kew Green Hotels, composé de quarante-quatre actifs détenus en propre et dix hôtels en contrat de gestion.

 

Cap sur le commerce

Mais l’hôtellerie n’est pas la seule typologie d’actifs qui intéressent les ressortissants asiatiques. Ils regardent aussi d’un oeil avisé le secteur très prisé des centres commerciaux, particulièrement en France. Ce fut le cas lors de la cession de Beaugrenelle, où des investisseurs chinois s’étaient montrés très proches d’acquérir l’actif. En 2015, ils ont signé l’une des plus importantes transactions de l’année : le fonds souverain China Investment Corporation (CIC) a acquis, en tandem avec AEW Europe, le portefeuille Celsius composé de dix centres commerciaux, cédé par CBRE Global Investors. Un deal à 1,3 milliard d’euros.

 

Un premier deal en direct en 2016

Sur les 13 milliards d’euros investis au troisième trimestre 2015 sur le marché français, 33 % l’ont été par des acteurs internationaux, dont 6 % d’Asiatiques, derrière les Allemands (7 %) et les Américains (9 %), selon la dernière étude de Savills. Ces investissements se font toujours de façon indirecte, à travers des asset managers, mais nombreux sont aujourd’hui les spécialistes du secteur à parier sur de premières acquisitions en direct. « En 2016 ou en 2017, il est certain que nous verrons un deal se conclure en direct par un institutionnel chinois, probablement une compagnie d’assurances, assure un grand banquier de la place, spécialiste des financements structurés en immobilier. Ils se positionneront très certainement sur des actifs simples, sur le marché des bureaux ou du commerce. » Un autre spécialiste du secteur avance une nomination récente comme nouvelle preuve de cette arrivée en direct : celle réalisée par Fosun Property, la branche immobilière du chinois Fosun, qui a placé à la tête de ses investissements européens Antoine Castro, un ancien de la division immobilière de Morgan Stanley et de Quantum Global.

 

Le coté également dans le viseur  

L’immobilier physique n’est pas le seul placement qui intéresse les ressortissants asiatiques en Europe. Si le continent est leur cible prioritaire pour ce type d’investissement, il l’est aussi pour l’immobilier coté, que les Asiatiques connaissent bien pour y allouer une partie de leurs capitaux aux États-Unis et à Londres. Dans leur recherche de rééquilibre de leurs allocations et de diversification, ils regardent aussi l’immobilier coté européen. Raison pour laquelle les membres de l’European public real estate association (Epra) avaient organisé, en 2014 et pour la première fois, un road-show en Asie. Là encore, non seulement les investisseurs asiatiques ont montré leur intérêt pour l’immobilier coté européen, mais ils ont également affirmé vouloir investir directement dans des sociétés d’investissement immobilier cotées (SIIC). Reste à savoir quand le souhait va se concrétiser.

 

Sophie Da Costa 

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