Maroš Šefčovič, vice- président de la Commission Européenne en charge de l’union énergétique, plaide pour une Europe unifiée sur le plan énergétique. Il est venu défendre cette position lors de son passage à Paris.

L’Europe de l’énergie est-elle un vœu pieux ? La Commission Européenne travaille pour qu’elle devienne réalité. Le vice-président en charge de l’union énergétique,  Maroš Šef?ovi?, a défendu la position de Bruxelles lors de son passage à Paris l’occasion de l’Energy Union tour, une présentation itinérante aux États membres de l’Union Européenne des opportunités d’une union énergétique.

 

Maroš Šef?ovi? a d’emblée déploré le morcellement en vingt-huit du marché européen de l’énergie, conduisant à des prix plus élevés, une sécurité énergétique moindre et beaucoup de volatilité lors d’une allocution organisée par la Sciences Po Energy Association appuyée par la Paris School of International Affairs (PSIA). Dans un amphithéâtre rempli d’étudiants, principalement du master International Energy, il a pu détailler un bilan des projets de son groupe de travail dont l’objet (Energy Union and Climate) figure au rang des dix priorités du plan Juncker.

 

Un marché unique, mais pas pour l'énergie

 

Maroš Šef?ovi? commence par relever ce qu’il nomme le paradoxe de l’Europe. En effet, cette dernière s’est construite sur une communauté d’acier et de charbon, dans une volonté de partage des actifs industriels pour l’intégration et la construction commune. Cela s’est révélé payant pour prévenir tout conflit intra-européen et pour bâtir « la plus grande économie intégrée du monde ». Or si nous bénéficions aujourd’hui de la liberté de mouvement des personnes et des biens, il n’y a toujours pas de liberté de mouvement de l’énergie, regrette-il.

 

Pour construire l’union énergétique, il comprend que les réflexes nationaux soient forts, au sens du maintien des prérogatives régaliennes, mais surtout il remarque : « Nous avons besoin d’une meilleure coordination et coopération entre les États membres ainsi que de combler le vide encadrant l’offre d’énergie en Europe. » Ainsi, il souhaite permettre une cohérence globale tout en respectant les priorités de chaque région : l’Europe du nord souhaite promouvoir les énergies renouvelables, le centre et l’est veulent mettre l’accent sur les prix et la sécurité de l’approvisionnement et le sud met en valeur le besoin d’interconnexion. 

 

Un futur commun : la chance de l'Europe

 

Pour construire un cadre commun, le vice-président rappelle que les chantiers sont encore nombreux mais il prévoit de faire passer 90 % des paquets législatifs avant Noël, le premier ayant été présenté dans la semaine.  Les axes privilégiés seront l’aide entre les membres, la transparence, une nouvelle stratégie énergétique impliquant des acteurs non européens comme le Canada ou l’Australie et un engagement plus fort pour le climat. Le mot d’ordre ? « Diversify and save », martèle-il. Il espère pallier les différences relevées entre les États pour une compatibilité intra-européenne plus forte grâce à la garantie d’au moins trois fournisseurs de gaz pour chaque pays de l’Union en renforçant la liquidité du marché, le rétablissement de la paix dans la région de Chypre, et une mise en valeur du poids de l’Union Européenne comme acteur unifié. De fait, il a rappelé à plusieurs reprises que l’Union constituait le premier importateur mondial et dépensait près d’un milliard de dollars par jour pour importer son énergie.

 

Ce rôle d’ensemble des pays de l’UE devrait aussi permettre une mise en avant des technologies développées dans le cadre de la réduction des émissions de gaz à effet de serre, telle qu’actée lors de l’Accord de Paris. A ses yeux, l’Europe pourrait ainsi jouer le rôle de modèle en mettant à profit l’expérience déjà acquise en amont au service des pays moins avancés en faveur du climat.

 

Si Maroš Šef?ovi? prend ce sujet aussi à cœur, c’est aussi car il souhaite laisser aux États-membres, la latitude de faire leur « homework » sans se sentir brusqués par Bruxelles et l’échéance 2020. Et de conclure sur la nécessaire construction de « l’Europe 4.0 », un parallèle avec la quatrième révolution industrielle, thème du Forum économique de Davos cette année, une Europe où les vingt-huit marchés énergétiques peuvent enfin « clicked together ».

 

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