Selon Les Échos, Total aurait décidé d'opérer un virage stratégique en développant une activité de producteur d'électricité, notamment d'origine renouvelable.

C'est une petite révolution pour la filière énergétique et en particulier dans le sérail pétrolier : selon Les Échos du 18 mars 2016, Total va élargir son champ de compétences pour se lancer dans la production d'électricité. Cette annonce a été faite par le P-DG du groupe, Patrick Pouyanné, à l'occasion de sa présentation des orientations du groupe, pour les vingt prochaines années. Cette orientation stratégique fait suite à la diversification entreprise par le géant pétrolier depuis le début de la décennie. Elle s'était notamment manifestée en 2011 par la prise de participation, en tant qu'actionnaire majoritaire, du fabricant américain de panneaux solaires Sunpower.

 

Un demi milliard d'investissements chaque année

La typologie d'investissements restera visiblement la même, l'entreprise souhaitant poursuivre sur la voie des énergies renouvelables, en particulier le solaire, tandis que le nucléaire ne semblerait pas susciter d'intérêt chez les dirigeants. Total affiche des ambitions d'ampleur. Aujourd'hui, les activités liées aux énergies renouvelables représentent environ 96 millions d'euros de bénéfice, soit un petit pourcent du résultat net du groupe. À l'horizon 2035, Patrick Pouyanné souhaite voir ces actifs renouvelables occuper « 20 % du portefeuille de Total ». Ces chiffres constituent une réévaluation à la hausse des objectifs déjà affichés, en juillet dernier, de 10 % à 15 % de renouvelable dans quinze ans. Pour cela, l'entreprise va logiquement renforcer ses investissements dans la filière, avec une enveloppe annuelle qui pourrait atteindre les 500 millions d'euros. Toutes les activités liées aux énergies renouvelables, c'est-à-dire le solaire, l'éolien, les biocarburants et la biomasse, seraient ainsi regroupées au sein de sa filiale Total énergie gaz. En se diversifiant ainsi, Total entend certainement accroître son indépendance vis à vis d'un cours du Brent de moins en moins prévisible.

 

Les énergies renouvelables, un investissement rentable

Ce virage stratégique intervient au moment de la publication d'une étude de l'Agence internationale pour les énergies renouvelables (Irena). Celle-ci estime qu'à l'horizon 2030 un doublement de la part des énergies vertes dans le monde aurait pour effet une hausse du PIB mondial de l'ordre de 0,6 à 1,1 %, soit un gain compris entre 630 et 1 170 milliards d'euros. L'étude précise également qu'une telle mesure créerait près de 24 millions d'emplois dans la filière. Ce passage de 18 %, en 2014, à 36 % d'énergies vertes dans le bouquet énergétique mondial en 2030 nécessiterait un investissement annuel estimé à 700 milliards d'euros. L'Irena affirme que les bénéfices seraient bien plus élevés : bien que les bénéfices énergétiques directs ne soient estimés qu'à 260 milliards par an, les gains réalisés sur les dépenses liées au changement climatique permettraient de réaliser des économies estimées entre 1 100 et 3 800 milliards d'euros, soit un facteur de gain compris entre quatre et quinze ! Si les chiffres donnés par l'étude semblent quelque peu optimistes, les engagements pris par les États à l'occasion de la COP21 mènent inexorablement vers une montée en puissance des énergies renouvelables. Nul doute que Total veuille y occuper une place de choix.

 

Boris Beltran

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