Des constructeurs aux investisseurs, l’immobilier est confronté à l’émergence de la problématique du carbone. L’association France GBC tente de trouver un cadre de réflexion commun afin de développer le durable dans un secteur où les émissions de carbone n’ont pas diminué ces dernières années.

Question carbone, il y a beaucoup à faire dans le bâtiment. En France, 20 % des gaz à émissions d’effet de serre viennent de ce secteur, une proportion qui est restée stable dans les dernières années. Emmanuel Acchiardi, sous-directeur de la qualité et du développement durable dans la construction au sein de la Direction de l’habitat, de l’urbanisme et des paysages (DUHP), explique que « les textes comptent beaucoup sur ce secteur pour diminuer les émissions de carbone à l’échelle nationale. » Le carbone est spécifiquement mentionné dans la loi pour la transition énergétique, avec un délai d’application plus précis que pour d’autres impacts environnementaux comme les déchets.

Ainsi, s’il n’était pas réputé pour être sensible à ces enjeux, l’immobilier s'interroge de plus en plus sur les impacts environnementaux. L’association France GBC (Green Building Council), membre français du World GBC, un réseau qui prône la durabilité de l’aménagement, du bâtiment et de l’immobilier, tient à exposer les enjeux du carbone et les solutions que l’industrie peut y apporter.

 

Une sensibilisation récente

La maturation sur cette thématique est assez récente car le carbone était auparavant plutôt traité comme une question technique. Il prend dorénavant une part dans les données économiques. France GBC réunit ainsi tous les acteurs de l’immobilier pour réfléchir à l’application de ces changements aux modèles traditionnellement utilisés. Certes, les investisseurs immobiliers n’intègrent pas encore cette donnée naturellement à leurs processus de décision, toutefois l’émergence de cette idée constitue une avancée, grâce à une notion de « risque climat » pour évaluer l’exposition d’un portefeuille.

Pourtant, la question de la méthodologie à appliquer pour « compter » le carbone n’est toujours pas résolue. Une tendance récente, et probablement amenée à s’accentuer, consiste à considérer le bâtiment sur l’ensemble de son cycle de vie, sans se concentrer uniquement sur la diminution de l’impact carbone pendant la phase d’utilisation, comme cela prévalait jusqu’alors.

Une autre association, HQE, membre fondateur de France GBC, prône une approche multi-indicateurs. Cette dernière permettrait de savoir si les progrès sur la réduction des impacts environnementaux sont effectifs ou s’il ne s’agit que de transfert d’un indicateur à l’autre. Le but serait de trouver la meilleure combinaison pour limiter l’impact total sur l’environnement. Faut-il lisser les émissions de gaz à effet de serre sur la vie du bâti ? Quel impact a une rénovation ? Faut-il conserver le couplage des courbes évaluant l’émission de carbone avec l’efficience énergétique ? La problématique du secteur consiste à trouver sur quels paramètres agir au mieux pour limiter les émissions de gaz à effet de serre tout en préservant confort et qualité dans un contexte de croissance démographique. Méka Brunel, présidente de France GBC reste pourtant optimiste. En utilisant un parallèle avec la loi sur l’amiante, passée en 1996, elle espère une situation dans vingt ans radicalement différente, « aujourd’hui, plus aucun investisseur ne se demande s’il est utile d’enlever l’amiante d’un bâtiment. »

 

 

S.E

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