David Jestaz (EDF) : « Sociologues, architectes… Leurs interventions ouvrent le raisonnement de nos collaborateurs »

Décideurs. Professeur de formation, vous avez enseigné dans des établissements prestigieux comme l’université de Columbia ou Sciences Po. Qu’est-ce qui vous a amené à devenir directeur de l’université d’EDF ?

David Jestaz. J’avais la volonté de passer de la réflexion à l’action. EDF m’a contacté à ce moment-là. Le métier et l’entreprise tiennent toutes leurs promesses. Le directeur d’université est le lien entre l’entreprise et son écosystème. Il contribue à articuler les changements du monde à l’organisation, et inversement. Mon parcours de professeur venant d’ailleurs m’a permis de mieux comprendre les forces et la culture du groupe de manière neutre et positive.

Décideurs. Qu’apporte la Corporate University d’EDF par rapport aux formations traditionnelles en management dispensées par des organismes externes ?

D. J. La valeur ajoutée de l’université d’entreprise vient de son intégration dans le groupe. En faisant partie intégrante d’EDF, nous travaillons étroitement avec toutes les entités du groupe, aussi bien les business units que les fonctions corporate. Nous pouvons ainsi aider à diagnostiquer les problèmes internes et s’inspirer de notre environnement pour trouver des solutions, une ingénierie pédagogique qui a fait ses preuves. Notre structure a permis d’être un passage utile pour la résolution de problématiques métier ou business qui sont liées au fonctionnement du management. Nous sommes aussi la maison commune où se travaillent les évolutions de compétences de leadership nécessaires pour le futur du groupe.  

« Nous sommes la maison commune où se travaillent les évolutions de compétences de leadership »

Décideurs. EDF s’installe à Saclay, au sein d’un nouveau complexe synonyme d’excellence. Dans cette même dynamique, comment innovez-vous au sein de l’université ? 

D. J. Comme toute entreprise, EDF s’interroge constamment pour faire face à ses nouveaux enjeux. Notre mission est de leur apporter des réponses rapides et concrètes. Nous ne sommes pas là pour donner uniquement des outils mais pour apporter des méthodes durables. Nos formations sont réinventées en collaboration avec des experts de toutes disciplines : sociologues, économistes, leaders, architectes… Leurs interventions ouvrent le raisonnement de nos collaborateurs. L’innovation viendra de la pédagogie et de la mise en œuvre adaptée aux enjeux business. Par exemple, le e-learning est une évolution technologique récente, mais cette méthode n’a pas révolutionné le concept d’apprentissage. En revanche, c’est un outil qui a multiplié les occasions d’apprentissage. Le fond reste identique : comment créer les conditions de compréhension des enjeux pour conduire les transformations et assurer les compétences clés ?

Décideurs. À quoi ressemblera l’université d’EDF de demain ? 

D. J. Les façons dont on délivre la formation seront certainement plus souples mais pas forcément plus courtes. L’investissement sur des périodes longues est nécessaire, si l’on veut accomplir des transformations. En revanche, les gens peuvent être confrontés plus souvent à des moments d’apprentissage, pas seulement dans une salle. On peut supposer que les produits de formation externes se ressembleront de plus en plus et s’achèteront encore plus facilement. En revanche, pour nous, l’université d’entreprise existe pour donner la bonne formation au bon moment grâce à notre proximité avec les collaborateurs et leurs enjeux. La force de notre service et de notre métier réside dans notre capacité à comprendre les enjeux internes et accompagner les transformations stratégiques d’EDF. L’utilisation des programmes, l’assistance, le contexte, la culture d’entreprise… Ce sont les clés de l’adaptation.

Propos recueillis par Vanessa Longo