Comment une discrète ETI du BTP trace-t-elle son chemin pour accélérer sa croissance dans un contexte tendu pour le secteur de la construction ? Hervé Pariente, secrétaire général et DAF de GCC, explique le positionnement de l’entreprise et les choix de la direction financière.

Décideurs. La volonté d’ « entreprendre autrement » est annoncée comme la marque de fabrique de GCC. Comment cela se traduit-il dans votre activité ?
Cette volonté correspond à notre projet global d’entreprise. Cet « autrement » est distinctif et marque notre positionnement, celui d’une des dix premières entreprises indépendantes non familiale et non cotée. Nous sommes « les petits des majors » mais aussi « majors parmi les petits ». D’une part, nous avons une souplesse et une agilité que les grands groupes n’ont pas. D’autre part, nous garantissons une fiabilité technique et financière que les petits ne peuvent offrir.  Le réseau des business units qui compose GCC est pour une grande part constitué d’entrepreneurs, des personnes indépendantes, autonomes dans leur process de décision. L’activité de direction administrative et financière a pour objectif de soutenir leur performance et donc d’être perçu comme des « business partners », apportant des solutions plutôt que des contraintes.  Bien sûr, la direction a un rôle sécuritaire, de cadrage et de maîtrise des risques. Mais nous allions ces nécessités avec la volonté de ne pas être un frein au développement. En somme, d’être en phase avec l’esprit d’entrepreneuriat qui nous caractérise.

 

Malgré une conjoncture difficile pour le secteur du BTP, le groupe GCC poursuit sa croissance. Quels sont les clés de votre business model ? Dans un contexte de baisse du budget public et de concurrence exacerbée, nous avons aujourd’hui plusieurs cordes  à notre arc. Nous travaillons dans le domaine de  la construction mais aussi de l’énergie, notamment en matière de génie climatique et thermique. À cela s’ajoutent de la maintenance et une offre en développement immobilier. Nous privilégions toujours la qualité de nos réalisations sur le volume, et c’est ce qui assure notre pérennité. La croissance externe est également clé. Quand nous faisons l’acquisition d’une entreprise, c’est dans une logique partenariale pour véritablement nous associer. Les entrepreneurs restent aux manettes de leur entreprise et nous leur apportons de la modernité.  Nous avons aussi une volonté de développement à l’international avec la création d’une filiale au Maroc en 2014. Nous commençons d’ailleurs notre premier chantier de centre commercial à Rabat.

 

 

Le capital de GCC est détenu pour 78 % par son personnel et ses cadres dirigeants. Comment cela influence-t-il votre activité de direction financière et administrative ?

La  direction financière doit en effet adapter ses pratiques de communication car le diktat ne « tombe » pas de l’actionnaire. Il faut faire valoir au personnel et aux cadres dirigeants le ROI, et user de pédagogie lorsqu’il s’agit de la mise en place de nouvelles normes ou de l’analyse des performances.  La conduite du changement est un axe important de notre direction.

 

Est-ce qu’aujourd’hui le big data signifie quelque chose pour GCC ?

Le big data est important mais il ne doit pas être le cœur des préoccupations de la direction administrative et financière. Il est fondamental de se moderniser tout en ne perdant pas de vue le pragmatisme du terrain. Sur le BIM (Building Information Modeling), la maquette numérique,  nous nous voulons en revanche fer de lance. Nous mettons l’accent  sur cette technologie car, dans notre secteur, toutes les parties prenantes vont être modifiées par le digital.  Nous l’avons récemment mis en œuvre lors de la réalisation de la promenade Sainte-Catherine à Bordeaux, un îlot de 19 000 m2 de commerces qui comprend également des logements et des espaces de loisirs.
 

Propos recueillis par Laetitia Sellam

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