C'est une véritable cure de jeunesse que vit le quartier de La Défense. Les nouveaux projets de tours allient mixité, convivialité et économie d'énergie sans, pour autant, connaître l'inflation des loyers généralement observée dans les quartiers d'affaires qui jouent la carte de l'émerveillement.

Les tours de bureaux ont retrouvé leur capital séduction. Après une série de migrations des sièges d'entreprises vers des campus situés en périphérie (Crédit agricole, Dassault), le quartier de La Défense reprend du galon avec des programmes immobiliers d'envergure. « Trinity », « Landscape », « Alto » ou « Éclat » sont les noms des tours qui sortiront de terre à partir de 2019 et dont les plans laissent deviner le futur visage du quartier des affaires. « Il y a un changement de regard sur les tours. Les premiers effets du plan de relance de La Défense et le prolongement de projets mixtes au-delà du quartier, comme c'est le cas des tours Duo dans le 13e arrondissement de Paris, ont permis de casser l'image d'un ensemble immobilier réservé à un quartier d'affaires sur dalle », explique Marc-Henri Bladier, codirecteur du département bureaux et de l'atelier Knight Frank.

Ces nouvelles constructions n'ont, en effet, rien à voir avec les tours de la première génération. À l'image de The Link (un chantier de 12 000 mètres carrés), choisie par le groupe Total pour y établir son siège social, on y trouve des mezzanines, des loggias, des terrasses plantées et accessibles. Les volumes se sont adaptés aux nouveaux espaces. S'ajoutent à cela, les progrès réalisés en termes de consommation énergétique et d'architecture qui rendent la production d'immeubles plus qualitative. Des espaces de convivialité ont été créés, permettant la communication entre les étages et les collaborateurs au sein des buildings. « La verticalité ne se vit plus de la même façon. Un équilibre est aujourd'hui recréé, on a repensé des zones à vivre », ajoute le codirecteur. L'effet waouh a bien lieu mais il n'impacte pas le prix au mètre carré.

 

Différentiel favorable aux tours
Contrairement à Londres où le potentiel d'émerveillement d'un immeuble peut entraîner un surplus de loyer évalué à près de 20 % du marché, la montée en gamme des tours de bureaux à La Défense ne s'accompagne pas d'une surcote. Paris conserve sa douzième place mondiale en termes de loyers, à 550 euros le mètre carré par an (contre plus de 1 000 Londres, 2 860  à Hong Kong et 1 500 à New York), révèle le Skyscrapers Index publié par Knight Frank. « Le différentiel de prix demeure important avec le quartier central des affaires qui, lui aussi, a mené des opérations de restructuration entraînant une augmentation des loyers », note Jean-Louis Guilhamat, codirecteur du département bureaux et de l'atelier Knight Frank.

Dans le QCA, les prix au mètre carré dépassent les 800 euros. Qui plus est, avec l'intégration des nouvelles normes environnementales, la consommation énergétique des futures tours est mieux maîtrisée, réduisant le coût des charges à un niveau équivalent à celui des bureaux parisiens. Rien d'étonnant, donc, à ce que les entreprises réintègrent La Défense. « Ce qui est particulièrement notable, c'est l'arrivée des entreprises du digitales, qui jusque-là avaient élu domicile dans le 9e arrondissement. C'est un signe fort de l'intérêt porté par les entreprises sur ce quartier », observe Jean-Louis Guilhamat. De nouveaux acteurs tels que Kwerk et NextDoor, spécialistes du co-working, ou encore Amazon Web Service qui vient de louer un plateau pour ses salariés, investissent le quartier. La Défense n'est plus réservée aux banquiers en « costard-cravate ». Une ouverture au monde concrétisée par l'extension du quartier vers Nanterre (avec l'Arena 92) et bientôt portée par le réseau de transports du Grand Paris (Eole et Grand Paris Express). De quoi renforcer son attractivité sans, pour autant, faire flamber les loyers.

 

Charlotte Danjou

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