Le conseil d’administration d’Icade a décidé le 13 mars dernier de renouveler le mandat de directeur général d’Olivier Wigniolle pour quatre ans. L’occasion pour Décideurs de l’interroger sur sa vision du leadership.

Décideurs. La définition du succès est personnelle et subjective. Quelle est la vôtre ?

Olivier Wigniolle. Si le succès dans une entreprise se définit d’abord par la performance économique, depuis quelques années, cela n’est plus un critère d’appréciation suffisant. Personnellement, la satisfaction des collaborateurs me semble tout aussi primordiale car elle témoigne du succès dont elle est une condition indispensable. Enfin, une entreprise doit également justifier aujourd’hui de sa performance sociétale et environnementale, exprimer sa « raison d’être ». Cette dimension est particulièrement importante dans l’immobilier. Le succès de l’entreprise, c’est donc lorsque ces trois facteurs sont réunis. Chez Icade, nous travaillons sur ces trois dimensions. Quant au succès personnel, au succès individuel, il n’est pas inné. Il peut se mesurer par l’atteinte des objectifs initiaux clairement établis : il faut avoir le sentiment d’avoir nettement dépassé les objectifs que l’on s’est fixés pour se sentir en situation de succès.

Dans quel contexte est né le projet d’entreprise d’Icade et quels obstacles sa réalisation vous a-t-elle amené à surmonter ?

Lorsque j’ai rejoint Icade mi-2015, nous avons élaboré en six mois un plan stratégique pour les quatre années à venir avec la nouvelle équipe de management. Cette ambition collective a ensuite fait l’objet d’une exécution rigoureuse dans un contexte de marché porteur : cela nous a permis d’obtenir des résultats supérieurs à nos anticipations. Le succès était loin d’être garanti lorsque nous avons démarré ce plan. Les secteurs du logement, du bureau et de l’immobilier de santé étaient nettement moins dynamiques il y a quatre ans. Réussir dans un marché adverse est toujours plus difficile. Le retournement progressif de nos marchés a certainement contribué à notre réussite. Mais le succès se nourrit aussi de la chance… Pour réussir, il nous a également fallu persuader les parties prenantes du bien-fondé de notre projet stratégique. La clarté du propos et la force de conviction sont des éléments clés du succès : elles permettent d’embarquer les équipes, de montrer un cap clair. Enfin, le niveau d’ambition du projet doit être fixé de manière appropriée. Il faut que les collaborateurs se persuadent que les objectifs sont atteignables s’ils donnent le meilleur d’eux-mêmes.

Sur quel système de valeurs avez-vous bâti votre réussite et, aujourd’hui, quelle est la raison d’être de votre entreprise ?

Je pense être animé par une ambition positive qui est un moteur essentiel de la progression individuelle et de l’entreprise car elle crée le mouvement. La transparence constitue également, je pense, un facteur important de succès. Savoir dire son insatisfaction, savoir parler des transformations, des changements, des difficultés avec les collaborateurs permet de mieux préparer les succès futurs.

"L'ambition positive est un moteur essentiel de la progression individuelle et de l'entreprise car elle crée le mouvement"

Quant à la raison d’être d’Icade, elle consiste à faire de l’immobilier différemment en tant qu’opérateur immobilier intégré. Cela signifie couvrir toute la chaîne du secteur avec nos produits, et être exemplaire en termes de responsabilité sociétale et environnementale. Nous nous efforçons aussi de placer l’innovation au cœur de notre stratégie.

La passion a-t-elle été pour vous un moteur de réussite ?

Oui car la passion permet de se donner à 120 %, de faire aboutir les projets. J’ai la chance de travailler dans un secteur, l’immobilier, qui nous amène à laisser une empreinte très visible et durable dans notre cadre de vie : il faut être passionné pour construire, pour bâtir.

Diriez-vous qu’elle vous a amené à prendre des risques et donc à vous autoriser l’échec ?

Je ne dirai pas les choses comme cela : tout projet ambitieux implique une prise de risque. Le chef d’entreprise, l’entrepreneur se doit de prendre des risques. Mais il doit aussi savoir les gérer afin de ne pas mettre l’entreprise en péril en cas d’échec.

Quel message aimeriez-vous transmettre aux décideurs de demain ?

Il serait prétentieux de vouloir donner une quelconque « leçon de succès », mais le leadership implique ambition, transparence et prise de risques. Il requiert une vision stratégique mais également la capacité à rentrer dans les détails lors de l’exécution. Enfin, le leadership n’est pas inné, il ne se décrète pas : il ne peut être que le fruit de beaucoup de travail…

Propos recueillis par François Perrigault (@fperrigault)

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