Pour obtenir l’organisation des Jeux olympiques et paralympiques 2024, Paris 2024 s’est fixé de hautes exigences sur le volet social. Afin de satisfaire à ces objectifs, Paris 2024, les Canaux et le Yunus Centre ont lancé une plate-forme dédiée.

Décideurs. Quelle est la genèse d’ESS 2024 ?

Christophe Divi.  Les Canaux, maison des économies solidaires et innovantes, s’est vue confier dans le cadre de la candidature parisienne aux Jeux olympiques et paralympiques 2024, l’animation d’actions de mobilisation et de concertation des acteurs de l’ESS (ndlr : économie sociale et solidaire). Les propositions qui en ont émergé sont venues contribuer au dossier de candidature sur le volet « inclusion et solidarité ». Ce fut, sans nul doute, un argument différenciant dans la candidature de Paris.

Quels sont vos objectifs de Paris 2024 en matière d’ESS ?

En septembre 2017, le président de Paris 2024, Tony Estanguet, la maire de Paris et le professeur Yunus, personnellement engagé à nos côtés sur ce sujet durant la candidature, ont souhaité voir les objectifs affichés à cette occasion traduits de manière opérationnelle. Paris 2024, la Solideo (ndlr : société de livraison des ouvrages olympiques), le Yunus Centre et Les Canaux ont alors signé, le 23 mai 2018, une convention inédite affirmant l’ambition d’organiser les premiers Jeux inclusifs et solidaires de l’histoire olympique et paralympique. Cette convention s’est matérialisée par la préfiguration de la plate-forme ESS 2024, en réunissant toutes les parties prenantes ayant contribué à la candidature parisienne : collectivités locales, services de l’État, têtes de réseau de l’ESS. C’est une première au niveau international !

Qui porte votre plate-forme ?

Notre plate-forme est pilotée par les deux instances qui organisent les Jeux olympiques et paralympiques : Paris 2024, la Solideo, ainsi que par Les Canaux et le Yunus Centre, qui apporte son expertise internationale et sa connaissance des grands événements sportifs. Nous impliquons également dans nos travaux tous les autres acteurs qui vont contribuer aux Jeux inclusifs et solidaires tels que l’État, les collectivités, ainsi que tout l’écosystème de l’ESS, de l’insertion et du handicap.

 Nous sommes une interface

Concrètement, quel sera votre rôle ?

Il faut nous voir comme une interface, entre les décideurs olympiques et paralympiques et l’écosystème de l’ESS, dont le premier enjeu est celui de la captation des marchés, vecteur de transformation économique pour cet écosystème. Bien que nous privilégiions la réponse directe aux appels d’offres, les grands groupes sont incontournables, étant donné le timing. Nous allons donc faire en sorte que ces derniers puissent proposer des réponses conjointes avec les acteurs de l’ESS. Plusieurs modes de collaboration seront mis en avant : l’inévitable sous-traitance, que nous souhaitons voir utilisée de manière plus occasionnelle et surtout plus qualitative, ainsi que la co-traitrance. Mais c’est la joint-venture sociale qui nous paraît la plus pérenne et que nous souhaitons encourager. Les grands groupes sont des conditions de réussite de ces opérations : nous espérons voir une vraie dynamique nationale se structurer, avec l’agrégation d’un maximum d’acteurs et pas seulement des Franciliens.

Pensez-vous déjà à l’après-Jeux ?

C’est justement là notre deuxième axe de travail : s’appuyer sur le « vecteur Jeux » pour donner une impulsion de long terme à l’ESS. Nous essayons pour cela de cibler certaines grandes filières. En matière de construction, par exemple, il s’agira essentiellement d’économie circulaire, de gestion des déchets de chantiers et de réutilisation des matériaux. Pour les services et le secteur évènementiel, la restauration durable, l’agriculture de proximité, la sécurité et l’accueil seront, entre autres, mis en avant. C’est aussi une nouvelle manière de travailler entre grands groupes et ESS. Notre plate-forme n’est pas qu’un simple outil, elle a vocation à être un réel espace de travail auquel nous intégrons toutes les valeurs de l’ESS.

Avez-vous un œil sur ce qui se fait à l’international ?

L’un des piliers de la plate-forme consiste effectivement à s’inspirer des bonnes pratiques étrangères, tout en recensant ce qui fonctionne en France afin de pouvoir essaimer à l’international sur d’autres événements. Nous avons ainsi accueilli ces dernières semaines les équipes des comités d’organisation de Londres 2012 et de Rio 2016 pour tirer les enseignements de leurs expériences dans la perspective de 2024. Nous allons également travailler étroitement avec Tokyo 2020. C’est principalement l’activité du Yunus Centre qui travaille à nos côtés dans le cadre de la plate-forme ESS 2024.

Propos recueillis par Boris Beltran

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