L’Etat, la Solideo, Haropa-Ports de Paris et VNF ont signé une convention de partenariat en faveur du recours à la logistique fluviale pour la construction du Village Olympique et Paralympique. Décideurs décrypte les enjeux autour de cette démarche.

A la fois démonstrateur des avantages du transport fluvial et accélérateur de son développement. C’est le double impact recherché par l’Etat, la Société de livraison des ouvrages olympiques (Solideo), Voies navigables de France (VNF) et Haropa-Ports de Paris en donnant priorité à ce mode d’acheminement pour l’approvisionnement en matériaux de construction (1,4 million de tonnes selon les estimations) et l’évacuation des déblais (plus de 500 000 tonnes) des chantiers du Village Olympique et Paralympique. La convention de partenariat signée mardi 21 janvier matérialise cette volonté.

Une solution dans l'air du temps

« L’utilisation de la Seine apparait évidente pour deux raisons, détaille Nicolas Ferrand, directeur général exécutif de Solideo. La première est opérationnelle. La construction du Village Olympique étant un des 47 chantiers majeurs qui seront menés au cours des prochains mois sur un territoire de 12 km² et l’impératif étant de le livrer pour le 1er janvier 2024, le transport fluvial nous apporte la certitude de pouvoir livrer les matériaux et de pouvoir évacuer les déblais dans les temps. » Thierry Guimbaud, directeur général de VNF, complète : « Les barges vont moins vite que les camions mais nous savons toujours à quelle heure elles arrivent à destination car les voies navigables ne sont pas confrontées au même problème de saturation que les routes. Nous sommes en capacités aujourd’hui de pouvoir faire passer quatre fois plus de barges sur le fleuve. En parallèle, les nuisances sonores sont beaucoup plus limitées, l’acheminement est plus sécurisé et la livraison de colis hors nomes facilitée. »

L’autre raison qui a amené la Solideo à miser sur la Seine est d’ordre écologique. « Nous devons réduire l’empreinte carbone des constructions du Village Olympique de 40 % au minimum, rappelle Nicolas Ferrand. Le recours au transport fluvial nous permettra de couvrir 5 %, le solde étant lié à des techniques constructives. » Selon les calculs de la société de livraison, une unité fluviale de 4 400 tonnes équivaut à 220 camions et l’utilisation du fluvial émet plus de 5 fois moins de CO2 que le routier pour 1 tonne transportée. Résultat : ce mode d’acheminement doit permettre d’éviter plus de 50 000 camions sur les routes d’Île de France et d’économiser plus de 7 000 tonnes de carbone. Les premières barges devraient circuler début 2021.

En voie vers les JO et au-delà

Dans le cadre de la convention, Haropa – Ports de Paris s’engage notamment) mettre à disposition des emprises foncières portuaires (notamment des quais à usage partagé) à proximité du chantier, en partculier sur les ports de Saint-Denis l’Etoile et de Saint-Ouen-sur-Seine, et le cas échéant réserver des terrains portuaires sur une ou plusieurs plateformes multimodales du réseau portuaire. « Nous ferons également en sorte de faciliter le recours à la voie fluviale pour le chantier grâce aux plateformes multimodales et aux ports urbains dans Paris qui facilitent les opérations de logistique fluviale, ajoute Catherine Rivoallon, présidente du conseil d’administration. La présence aux côtés de la Solideo pour mettre à disposition les offres et les solutions de nos ports pour tous les projets liés à la construction du village est également prévu. »

VNF apportera pour sa part son expertise ainsi que ses dispositifs d’aides afin d’épauler les promoteurs et les maîtres d’ouvrage dans la mise en place de leur logistique fluviale. Et l’engagement de l’entité dirigée par Thierry Guimbaud ne se limite pas à la préparation des Jeux Olympiques. En tant que maître d’ouvrage de la Solideo, elle a en charge l’aménagement et la réouverture du bras secondaire de Gennevilliers au trafic fluvial, notamment à grand gabarit, afin d’y permettre son report depuis le bras principal de Saint-Denis qui sera mis à disposition du Village Olympique et des athlètes. Ce sont au moins 2 millions de tonnes de marchandises qui circuleront sur ce bras de la Seine pendant la compétition selon les estimations. Haropa – Ports de Paris ne sera pas en reste avec sa démarche « le Paris de la Seine » qui doit notamment contribuer au succès de la logistique des JO.

« Après avoir signé une convention de partenariat similaire en 2018 pour favoriser l’utilisation de la voie d’eau dans l’évacuation des déblais et l’approvisionnement des chantiers du Grand Paris Express*, j’espère que cette nouvelle étape permettra de systématiser le recours au transport fluvial après 2024, conclut Michel Cadot, préfet de la région d’Île-de-France et préfet de Paris. Ce serait alors une autre bonne pratique laissée en héritage par les JO. »

Par François Perrigault (@fperrigault)  

*1 million de tonnes de déblais sur les 9 millions générées à ce jour par le chantier du Grand Paris Express ont été évacuées par voie fluviale selon les données de la préfecture.

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