Suite à la définition en 2019 de la raison d’être* du Crédit Agricole, les différentes entités du groupe ont travaillé sur sa déclinaison dans leurs activités respectives. Marc Oppenheim, directeur général de Crédit Agricole Immobilier, nous dévoile les résultats de cette démarche au sein de son périmètre.

Décideurs. Comment la raison d'être a-t-elle été définie par le groupe Crédit Agricole ?

Marc Oppenheim. Notre raison d’être « Agir chaque jour dans l’intérêt de nos clients et de la société » résulte d’un travail collaboratif et multi-angles, le Crédit Agricole étant un groupe exerçant plusieurs métiers avec 141 000 collaborateurs répartis dans près de 50 pays. Cette réflexion n’est toutefois pas une nouveauté pour notre groupe car elle fait écho à son acte de naissance. Le Crédit Agricole a été créé en 1885 sous la forme d’une coopérative pour servir une communauté d’agriculteurs à Salins-les-Bains.

Comment impacte-t-elle l'activité de Crédit Agricole Immobilier ?

Nous avons commencé par nous interroger sur le sens de cette raison d’être. Agir chaque jour implique un engagement dans le temps. Les bâtiments que nous construisons ont une durée de vie de plusieurs décennies et ses occupants, son voisinage et la collectivité qui gère l’espace où il est implanté sont tous accompagnés financièrement par notre groupe. La durabilité fait donc partie de notre ADN, tout comme l’universalité. Cette dernière nous a amené à trouver des solutions pour répondre aux besoins de toutes les catégories de population. Il en va de même pour les acteurs économiques. Cette approche est également géographique, nous ne nous interdisons aucun territoire. Depuis 70 ans, on estime que le Crédit Agricole a contribué directement au financement et à la conception du logement d’un tiers des Français. La prise en compte de l’intérêt de nos clients doit nous amener à approfondir ce lien avec eux.

Comment cette philosophie est-elle incarnée ?

Nous avons construit un projet de groupe autour de trois piliers : un projet client, un projet humain et un projet sociétal. Le premier volet nous amène à proposer des solutions répondant à tous les besoins immobiliers des particuliers et des entreprises, que ce soit pour se loger ou bien pour la gestion patrimoniale. Concernant l’humain, nous cherchons depuis plusieurs années à donner envie aux talents de nous rejoindre et/ou de rester. Ce travail s’accompagne d’une démarche de mesure de la satisfaction des collaborateurs. Nous étendons cette logique à l’extérieur de notre groupe. Nous nous engageons ainsi fortement auprès des jeunes, notamment par le biais de la formation, et nous œuvrons pour propager ce souci de l’humain à nos fournisseurs grâce aux normes d’achats, à des procédures de contrôle…

Quant au pilier sociétal, nous l’adressons de différentes manières. Etant un acteur très implanté dans le développement des territoires, qu’ils soient urbains ou ruraux, nous sommes très intéressés par les politiques d’aménagement et de développement économique. A titre d’exemple, nous développons par conviction des programmes dans des quartiers ANRU. Nous avons également un lien très fort avec la nature, compte tenu de notre histoire. Cela se traduit par une attention particulière portée à la végétalisation et à la biodiversité dans tous nos projets. Les problématiques liées au vieillissement de la population et à la dépendance font aussi partie de nos préoccupations car ce sont des sujets structurants pour le groupe Crédit Agricole en tant que premier bancassureur en Europe. Enfin, la durabilité de nos bâtiments est cruciale. Nous travaillons notamment sur leur réversibilité et leur mutabilité. 

Quels sont les projets de Crédit Agricole Immobilier qui joignent les actes à l'esprit de la raison d'être ?

A l’échelle des quartiers, nous développons le programme Woodi à Melun. Il coche plusieurs cases. Premièrement, c’est un projet de long terme. Nous l’avons engagé il y a dix ans et il sera probablement achevé en 2030. Ensuite, il se situe dans une zone ANRU. Enfin, nous avons beaucoup travaillé sur les aspects esthétiques et vertueux. C’est un écoquartier qui offre des logements à prix abordables. Autre exemple, nous faisons partie du groupement des Lumières Pleyel, lauréat du Franchissement Pleyel à Saint-Denis dans le cadre d’Inventons la Métropole du Grand Paris. Nous allons développer un ensemble mixant 176 000 m² de bureaux, logements, hôtel, résidence étudiante, commerces, équipements sportifs et culturel, au milieu d’un faisceau ferroviaire très dense. Sa signature architecturale sera audacieuse, sa programmation culturelle innovante et son réseau électrique intelligent. Pour autant, les logements seront là aussi abordables au niveau des prix.

En matière de démarche inclusive, nous réhabilitons un institut médico-éducatif qui était devenu vétuste à Egly (91). Baptisé « Solidarités et Handicap », ce projet s’accompagne de la création de logements sociaux et du développement de services de proximité. Nous facilitons ainsi le parcours de vie de personnes en situation de handicap, dès le plus jeune âge, et recréons une dynamique à l’échelle d’un quartier en reconstruisant la ville sur la ville. Autre illustration, nous travaillons avec l’association Simon de Cyrène pour développer des maisons partagées entre personnes valides et personnes en situation de handicap.

Concernant l’aménagement intérieur des immeubles de bureaux, nous réalisons des tests en interne avec les collaborateurs du groupe, pour ensuite les décliner dans nos projets s’ils ont donné satisfaction. Nous sommes également bien au fait des nouveaux usages et des besoins des entreprises en matière de nouvelles technologies grâce aux incubateurs « Village by CA » que nous construisons partout en France.

Sur les aspects environnementaux, nous avons remporté, avec Nexity et Engie, le concours « Reinventing Cities – Paris Porte de Montreuil ».  Le projet comporte une stratégie globale pour un mix énergétique exemplaire de la transition bas carbone. L’ensemble des bâtiments est notamment alimenté par géothermie et une partie de l’énergie électrique est produite localement par des toitures biosolaires. Mais nous ne déployons pas ces expertises uniquement dans les grands programmes. Dans le cadre de la réalisation du quartier de l’Avant-Scène par exemple, nous raccorderons l’ensemble des bâtiments à une boucle d’eau créée à 12 mètres en profondeur du lac d’Annecy. Ce procédé permettra d’utiliser l’eau du lac pour chauffer ou refroidir le quartier selon la saison. Nous avons initié cette innovation afin d’apporter une valeur intangible en matière de RSE à ce quartier qui fait également la part belle à un parc de 2 ha ouvert aux Annéciens.

Enfin, nos expertises s’étendent au-delà de la promotion immobilière. Dans le cadre de notre activité de property management, nous allons chercher des labels environnementaux en exploitation. Nous nous interrogeons également sur la manière de restructurer les bâtiments sans les démolir, sur les solutions pour réemployer les gravats, les matériaux… Cette approche va gagner en importance car les grands investisseurs comme Amundi et Predica cherchent de plus en plus à réaliser des investissements éco-responsables dans le temps.

Propos recueillis par François Perrigault (@fperrigault)

La raison d'être du Crédit Agricole est « Agir chaque jour dans l'intérêt de nos clients et de la société »

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