Anne Démians, fondatrice de l’agence Architectures Anne Démians, explique à Décideurs comment elle vit ce confinement et les enseignements qu’elle tire de cette situation inédite.

Décideurs. La solidarité est le leitmotiv des professionnels de la fabrique de la ville depuis le début du confinement. Comment cela se matérialise-t-il dans votre activité ?

Anne Démians. La priorité a évidemment été donnée en interne à la santé de nos trente collaborateurs. Nous avons rapidement déployé les outils et processus pour travailler à distance. Outre la poursuite des activités en cours, nous profitons de ce confinement pour creuser en profondeur des sujets de recherche. Mon objectif est de maintenir notre activité aussi longtemps que possible. Sur les douze projets que nous suivions avant le début du confinement, trois étaient en phase de chantiers et sont actuellement arrêtés. Concernant les neufs autres qui en étaient au stade de la conception, six continuent car nos maîtres d’ouvrages nous ont demandé de poursuivre et nos partenaires, ingénieurs, artisans, sont fidèles au poste.

Quel regard portez-vous sur l’action du gouvernement dans cette situation de crise sanitaire ?

La réservation de 40 000 logements par CDC Habitat dans les douze mois à venir me semble être une excellente mesure. Mais les pouvoirs publics devront être vigilants dans l’attribution des marchés. Ce plan exceptionnel devrait permettre d’épauler en priorité les PME qui soutiennent l’activité et constituent une formidable source d’innovation pour notre secteur. A contrario, je considère comme une erreur la décision du gouvernement décalant dans le temps la validation des permis de construire, donnant ainsi au recours un terrain encore plus favorable à leur pouvoir de nuisance. Cette ordonnance qui décale leur instruction va pénaliser l’ensemble des constructeurs.

Dans quelle mesure cette crise sanitaire pourrait faire évoluer à moyen terme votre approche et les grands principes de fonctionnement de l’architecture ? 

Cette crise ne fait que renforcer mes convictions. Je participe depuis plusieurs années au groupe de travail « Réflexion bâtiment responsable 2020-2050 » du Plan Bâtiment Durable. Sous l’impulsion du gouvernement, nous devons intensifier les recherches sur l’acte de bâtir pour parvenir à vivre de manière plus fluide dans notre environnement. Cela impliquera des remises en cause qui redéfiniront l’équation économique et nous permettront d’intégrer de nouveaux systèmes plus vertueux pour la société dans les immeubles comme la réversibilité ou la flexibilité à l’échelle d’un territoire. Dans cette logique, l’architecte sera le traducteur des valeurs qui feront le monde de demain.

Propos recueillis par François Perrigault (@fperrigault)

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