Tikehau Capital a toujours de l’appétit pour l’immobilier en dépit de la crise sanitaire. Frédéric Jariel, directeur des activités immobilières du groupe, détaille à Décideurs l’organisation qui a été mise en place pour passer cette période particulière et révèle sa lecture du marché.

Décideurs. Quel est l'impact à date de la crise sanitaire et du confinement sur votre activité ?

Frédéric Jariel. Les vingt collaborateurs de Tikehau Capital qui interviennent en immobilier ont travaillé à distance dès la mise en place des mesures de confinement, tout comme l’ensemble des collaborateurs concernés par de telles mesures dans les différentes villes en Europe et dans le monde où est implanté notre groupe. Nous sommes devenus des spécialistes de la visioconférence. En externe, cette crise sanitaire nous a amenés à étudier au cas par cas la situation de nos locataires et à trouver des solutions pour ceux qui étaient le plus impactés. Nous avons ainsi décalé des échéances, notamment pour ceux concernés par une fermeture administrative, et restons en contact étroit avec eux pour gérer au mieux cette situation difficile. Nous avons également renforcé le dialogue avec nos investisseurs. Ces derniers avaient besoin de reporting précis et réguliers afin d’évaluer les conséquences de la crise sanitaire sur leurs investissements. Au final, l’activité immobilière de Tikehau Capital ne s’est jamais arrêtée. Notre volume d’acquisitions a évidemment diminué en raison du contexte et de l’impossibilité de visiter les actifs mais nous avons continué à étudier des dossiers et avons fait des offres entre le 17 mars et le 11 mai. Nous avons d’ailleurs réalisé une transaction en profitant de la forte volatilité des marché cotés : Tikehau Capital s’est renforcé au capital de Ireit Global, le REIT Singapourien géré par Tikehau et dont le patrimoine est constitué d’actifs de bureau en Allemagne et en Espagne.  

Quel regard portez-vous sur l’action des gouvernements des pays où vous êtes investi ?

Les gouvernements ont été très réactifs et ont mis en place des mesures de soutien de l’économie adéquates. En ce qui concerne l’immobilier, cela permet d’aider les locataires à passer ce moment difficile, ce qui est bénéfique pour notre activité. 

Comment préparez-vous le déconfinement ?

Nous pouvons retourner au bureau sur la base du volontariat depuis l’annonce de la fin du confinement, en respectant les gestes barrières, les distances de sécurité et certaines conditions mises en place par Tikehau Capital, comme la présence d’effectifs très réduits par équipe. Nous étions déjà habitués à travailler à distance avec nos collègues basés à l’étranger, cette pratique est désormais généralisée à l’ensemble de l’équipe. Le retour dans les locaux se fera donc progressivement.

Quel pourrait être le rôle de l’immobilier dans la relance économique ?

L’immobilier est un secteur clé pour la France car il génère énormément d’emplois indirects, par exemple dans les secteurs de la construction et de la rénovation dans le cadre du redéveloppement des actifs. Il est vital que l’immobilier retrouve son rythme de croisière le plus rapidement possible, d’autant plus que cette activité contribue à l’atteinte d’objectifs essentiels en matière de développement durable, en améliorant notamment la performance énergétique des actifs.

Dans quelle mesure cette crise sanitaire pourrait faire évoluer à moyen terme votre stratégie ?

Nous aimons restructurer la ville en créant des projets de développement mixtes à l’image de ce que nous faisons sur le site de Charenton Bercy en partenariat avec Bouygues Immobilier. La crise sanitaire va accélérer la modification des usages et des configurations des espaces, ce qui favorisera les projets de restructurations urbaines et élargira notre pipeline. Dans le cadre de cette approche, nous nous focalisons davantage sur les localisations que sur les immeubles. Nous veillerons à investir dans des quartiers qui continueront à attirer les locataires pour mener à bien notre mission de création de valeur. Concernant les classes d’actifs, nous croyons toujours fortement dans l’hôtellerie. Le commerce va continuer pour sa part à se transformer et certains formats sortiront gagnants de la période de turbulences actuelle. Quant au résidentiel et à la logistique, ce sont les deux secteurs les plus résilients actuellement. Nous gardons ainsi de l’intérêt pour les logements. Nous avons d’ailleurs acquis l’an passé un portefeuille dans cette classe d’actifs. A contrario, nous n’avons pas de biais logistique particulier mais nous pourrons nous positionner si nous identifions une belle opportunité. Nous allons donc poursuivre notre stratégie d’investissement tout en surveillant les évolutions du marché. Nous nous attendons notamment à un mouvement de repricing des actifs dans les 12/18 mois à venir et à une évolution des conditions de financement des acquisitions. Il y aura des opportunités d’acquisition et nous nous tenons prêts pour les étudier.

Propos recueillis par François Perrigault (@fperrigault)

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