Après la pandémie du COVID 19 et son impact considérable sur l’économie et les entreprises, l’Agence Internationale de l'Énergie (IAE) s’inquiète d’une reprise mettant de côté les énergies renouvelables (EnR). Décryptage du rapport de l’IAE.

Détrôner les énergies fossiles, championnes toutes catégories depuis 150 ans, requiert de repenser la façon de produire de l’énergie et d’investir massivement dans de potentielles alternatives. Avec un objectif de neutralité carbone pour 2050, annoncé par l’Union européenne lors des accords de Paris, les investissements suivent-ils ces aspirations ambitieuses ? La réponse est plutôt négative pour l’IAE (Agence Internationale de l'Énergie). Dans son récent rapport : The Special Report on Clean Energy Innovation, l’organisation pointe du doigt des investissements insuffisants dans le domaine de l’énergie pour atteindre la neutralité carbone d’ici à 2050. De fait, même si la part des EnR représente environ 23 % du mix énergétique mondial selon l’IAE, soit 1 969 GW déployés, cela reste loin d’être suffisant pour cette dernière. Pour atteindre ces objectifs, le directeur général de l'Irena (agence internationale pour les EnR) estime que le montant annuel doit encore tripler d'ici à 2030. Alors que le temps n’est plus à la discussion, l’IAE confirme que les entreprises en charge du développement de sources d’énergies renouvelables vont diminuer leur budget alloué à la R&D, suite à la pandémie. Le Dr Fatih Birol, directeur exécutif de l’IAE réagit en mettant en garde : en l’absence d’innovations plus rapides dans le domaine des EnR, la neutralité carbone en 2050 ne pourra pas être atteinte.

Parmi les 400 technologies propres analysées dans l’étude, très peu sont opérationnelles ou cohérentes face aux problèmes à traiter. Une très grande partie du problème viendrait de secteurs très difficiles à décarboner. Pour l’lAE, il est bien plus complexe d’utiliser les EnR dans des secteurs relatifs à l’industrie lourde comme l’aciérie, la cimenterie, ou comme les transports…

Des solutions incomplètes

Autre problème, les EnR en cours d’exploitation doivent absolument être améliorées, pour favoriser leur déploiement et leur utilisation de manière intensive. Une réduction de leur coût passe nécessairement par plus d’innovations dans le secteur. Ces “solutions” n’en sont donc pas encore, car souffrant de la concurrence avec les énergies fossiles, et de coûts actualisés de l’énergie élevés (LCOE), malgré un coût marginal moindre selon Gonzalo Sáenz de Miera, Pablo del Río González, Ignacio Vizcaíno dans : Analysing the impact of renewable electricity support schemes on power prices: The case of wind electricity in Spain.

Toujours selon eux, l’intégration difficile des EnR au marché de l’électricité est aussi un problème. En fait, le caractère intermittent de ce type d’énergie est une contrainte forte qui oblige à les combiner à des sources d’énergies fossiles, comme les centrales à charbon. Pour favoriser cette intégration, il serait judicieux de renforcer les installations électriques et les connections inter-réseaux entre pays européens. Cela pour permettre une répartition plus facile de l’électricité produite par des EnR, souvent en surplus, de par leur caractère intermittent. Ces installations renforcées auraient notamment pour vertu d’éviter les épisodes de prix négatifs sur les marchés de l’électricité européen lorsque le vent souffle fort sur les éoliennes de la Baltique.

Par Thomas Gutperle

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