Quelques heures après le grand oral de Jean Castex, la FFB, la FPI, l’Unam et la Capeb ont livré leurs analyses des décisions prises par le gouvernement pour relancer l’activité économique. Décryptage.

Au lendemain de la présentation du plan "France Relance", les réactions des organisations professionnelles du secteur de la construction sont mitigées. "Sous réserve des barèmes à préciser dans la loi de finances pour 2021", la Fédération française du bâtiment (FFB) se félicite de retrouver plusieurs de ses demandes. C’est notamment le cas de l’ouverture confirmée de MaPrimeRénov’ à l’ensemble des ménages, aux bailleurs privés et aux copropriétés. C’est aussi le cas du soutien massif aux bâtiments publics, notamment d’enseignement, hospitaliers et les EHPAD. Ou encore celui des aides à la rénovation énergétique des bâtiments des PME, TPE et indépendants, "bien que pour un montant assez faible" (200 M€ sur deux ans). En revanche, la FFB déplore "l’absence inquiétantes de mesures fortes" en faveur du logement neuf. "La FFB, très inquiète du décrochage du neuf, réitère sa demande d’un soutien fort et immédiat à la construction de logements, qui manque encore dans "France relance", précise Olivier Salleron, président de la fédération. Cela passe notamment par un retour au PTZ à 40 % pour toutes les zones et par une prolongation du Pinel au-delà de 2021. Construire des logements pour tous permet aussi de préserver l’emploi dans un secteur qui a toujours accueilli et formé les bâtisseurs du quotidien."

La Fédération des promoteurs immobiliers (FPI) se montre encore plus critique. "Si les entreprises de promotion seront bien soutenues par les mesures générales du plan (financement, formation, fiscalité etc.), leur activité ne bénéficiera que de deux aides "métier" : une aide aux maires "densificateurs" (350 M€ sur deux ans) que la FPI réclamait depuis longtemps et un fonds "friches" (300 M€), détaille l’organisation. Soutiens de la production, elles vont dans le bon sens, mais elles ont trois défauts : une portée limitée au regard des enjeux, une grande complexité de mise en œuvre et un effet différé. Si rien ne les complète, le risque est fort de voir la production durablement affaiblie." La FPI demande par conséquent la prolongation des dispositifs de soutien (Pinel et PTZ) qui arrivent à échéance en 2021, "en les faisant évoluer si nécessaire" dans le cadre du projet de loi de finances 2021.

L’Union nationale des aménageurs (Unam) fait quant à elle grise mine : "650 M€ dédiés à la création d’un fond de recyclage des friches (300 M€) en ORT ou PPA et à des incitations pour optimiser le foncier disponible (350 M€), c’est pour l’aménagement 10 fois moins que les 7 milliards consacrés à la rénovation énergétique ! Aucun chiffre pour la construction, il faudra attendre le PLF pour connaître les mesures de soutien à la primo-accession, évincée du marché. Aucune piste de mesures réglementaires ou législatives pour simplifier ou accélérer les procédures, faudra-t-il attendre le projet de loi 3D annoncé à l’automne 2020 ?"

Enfin, la confédération de l’artisanat et des petites entreprises du bâtiment (Capeb) donne un satisfecit au gouvernement tout en demandant des décisions complémentaires : "Nous accueillons bien sûr favorablement la hausse de financement de 2 Mds€ de MaPrimeRénov’, qui s’ouvrira à davantage de bénéficiaires, prévue dans le Plan de relance, explique Jean-Christophe Repon, président de la Capeb. Toutefois nous rappelons que pour atteindre cet objectif ambitieux de logements rénovés, il faudra également réunir plusieurs conditions, notamment simplifier le dispositif RGE, fluidifier le dispositif des CEE, accompagner les entreprises et informer les clients. Ce que nous demandons au gouvernement, c'est de fluidifier ces dispositifs, de les rendre plus lisibles et plus stables. D’autre part, en ce qui concerne les bâtiments publics et logements sociaux, pour lesquels des mesures importantes sont également prévues, nous rappelons que nous sommes attachés à ce que les entreprises artisanales puissent réaliser une part significative de ces futurs marchés, ce qui passe par davantage de recours à l’allotissement et plus de simplification des cahiers des charges."

Les discussions entre le gouvernement et les organisations professionnelles du secteur de la construction sur la relance économique sont loin d’être terminées.

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