Le mois de septembre a marqué la fin du rebond pour le secteur du commerce spécialisé. Les métropoles, en particulier Paris, font face à de grandes difficultés et les relations entre bailleurs et enseignes restent compliquées. Radiographie du secteur avec le Procos.

Alors que les difficultés apparaissaient prioritairement dans les villes moyennes par le passé, les métropoles, en particulier Paris, et leurs grands lieux de commerce (rues et centres commerciaux) sont fortement impactés par une très forte baisse de fréquentation des points de vente d’après les chiffres de la Fédération pour promotion du commerce spécialisé (Procos) : Champs Elysées (-64,8 % de fréquentation en septembre), Saint-Michel/Odéon (-48,4 %), mais aussi Rivoli (-22,5 %)... ainsi que d’importants centres commerciaux (La Défense (-32,9 %), les Halles (-33,2 %), Créteil Soleil (-32 %)...

"Cette réduction de fréquentation résulte à la fois de l’impact souvent cumulé, de l’absence de touristes internationaux, du fort recours au télétravail, des réticences vis-à-vis des transports en commun et du caractère plus anxiogène des grands sites, selon le Procos. Par ailleurs, certaines rues, telles que Rivoli (-25 % de chiffre d’affaires), font les frais des difficultés d’accès et de la volonté de la ville de Paris de réduire au maximum la circulation automobile." Au final, sur les neuf premiers mois de l’année 2020, la baisse de chiffres d’affaires cumulée des magasins (panel Procos) est de -31,8 % en Ile-de-France contre -20 % sur la France entière. Dans ces conditions, la fédération réclame une adaptation rapide des coûts d’exploitation et des loyers.

Les relations entre bailleurs et enseignes restent tendues


Les loyers de la période de confinement sont pour partie encore en discussion entre bailleur et enseigne (résultat d’une enquête Procos auprès de ses enseignes). A date 60 % des baux ont fait l’objet d’accord entre les parties pour cette période de confinement. Les 40 % n’ayant pas fait l’objet d’accord de principe représentent 53 % des loyers. Parmi les baux pour lesquels un accord de principe a été trouvé, 25 % n’ont fait l’objet d’aucune franchise consécutive à la période et 40 % ont généré une franchise de 1 mois.

"Malheureusement, pour ces accords de principe financier, seulement 40 % se sont traduits en accord juridique signé car, malheureusement, les contreparties demandées par beaucoup de bailleurs sont totalement excessives au regard des mois de franchise accordés, par exemple 6 ans fermes contre 2 mois de franchise accordés", regrette la fédération. Elle ajoute : "Bien entendu, le gré à gré reste la priorité mais le constat est que cela ne fonctionne pas dans le rythme que réclame la survie des entreprises, la pérennité des magasins et des emplois. Le gouvernement a conscience des difficultés et recherche aujourd’hui les solutions qui permettraient de sortir de la seule relation bailleur/preneur mais ne répond pas toujours présent dans ces périodes de fortes difficultés."

Le nouvel appel à un "Plan Commerce"


"Le rebond du commerce réclame un effort de solidarité et un travail de coopération entre les producteurs/fournisseurs, les bailleurs, les retailers et le gouvernement", lance André Tordjman, vice-président de Procos, président fondateur de Little Extra et président de Du Bruit dans la Cuisine. La fédération milite justement pour la mise en place d’un "Plan Commerce" qui viserait à partager entre les acteurs de la filière, les pouvoirs publics, les élus locaux, une analyse prospective, des objectifs économiques et sociétaux, des trajectoires ainsi que les rôles et responsabilités de chacun.

"Nous sommes collectivement face à deux choix possibles : bâtir une France des lieux de vie attractifs et agréables avec du commerce, ou préparer une France de l’excellence de la livraison à domicile, complète Emmanuel Le Roch, délégué général de Procos, A court terme, il faut de la compétence locale. Ce qui suppose d’être beaucoup plus ambitieux sur le nombre de managers de commerce. La décision de mettre en place 100 foncières est une bonne première étape mais il faut aller au-delà en mobilisant les investisseurs privés, en mettant en place un dispositif de type "Pinel" au profit des locaux commerciaux dans des périmètres à déterminer. Enfin, le centre-ville et sa dynamique doivent rester l’objectif territorial prioritaire. Mais il faut également se préoccuper rapidement de la modernisation des périphéries commerciales : un moratoire est une mauvaise idée. Il faut impulser la transformation de ces zones et donner aux acteurs envie de s’y engager." Reste à savoir si ces demandes seront entendues.

Par François Perrigault (@fperrigault)

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