Nommé président du directoire de la Shopping Center Company (SCC) en décembre 2019, Régis Migdal a dû rapidement ajuster sa feuille de route initiale pour faire face à la crise sanitaire et aux confinements qui impactent lourdement le monde du commerce. Il tire un premier bilan de son action et dévoile ses convictions pour l’avenir.

Décideurs. Que représente la SCC en France ?

Régis Migdal. La SCC compte près de 180 collaborateurs en France basés au siège, place Vendôme, et dans le Centre d’Affaires La Boursidière au Plessis-Robinson. Les équipes opérationnelles sont quant à elles réparties sur la quarantaine de centres commerciaux que nous manageons dans l’Hexagone. La SCC gère Cora Cormontreuil, Evry 2, Saint-Genis 2 et La Feuilleraie pour le compte de sa propre foncière, LSGI, ainsi que d’autres actifs pour le compte de tiers.

Près d’un an après votre nomination à la présidence du directoire de la SCC, quel premier bilan tirez-vous ?

Entre ma nomination et l’annonce du confinement, je n’ai pas eu le droit aux fameux 100 jours. Mes plans ont plus que changé. Nous avons néanmoins accéléré plusieurs transformations. La première, c’est la digitalisation de notre activité liée à la crise sanitaire car nous avons dû dématérialiser de nombreux processus. En parallèle, nous avons introduit davantage d’agilité dans notre organisation. Ces derniers mois, nous avons été confrontés à des fonctionnements inédits impliquant une fluctuation importante de l’activité pour certaines équipes. Nous devions être en mesure de mieux répartir l’activité en développement la polyvalence et la transversalité du travail, voire étaient délestés, et les redistribuer. Aujourd’hui, des collaborateurs peuvent passer rapidement du service juridique à l’asset management, au property management, au service commercial… Je tiens d’ailleurs à saluer les équipes qui se sont investies avec enthousiasme dans ce nouveau mode de travail. Troisième point à souligner, une partie des process a été mise en sommeil pour privilégier l’efficacité. Nous devons en permanence prendre des décisions rapides et les déployer immédiatement depuis le mois de mars. Nous laissons beaucoup de place à l’innovation et aux initiatives de nos collaborateurs dans une logique de "test & learn."

Comment accompagnez-vous les commerçants pendant cette nouvelle phase de confinement ?

Pour la plupart des commerçants, le bilan de l’année se joue à cette période de l’année. Dans ces conditions, nous avons imaginé, construit en interne une solution baptisée "Visio & Shop". Elle est déployée actuellement sur 19 centres en France et plus de 80 enseignes sont inscrites à date. Concrètement, un visiteur prend rendez-vous pour une visio-conférence avec le commerçant de son choix. Ce dernier le guide et le conseille ensuite dans ses achats. La raison d’être de notre métier étant de créer des lieux où les visiteurs ont plaisir à se rendre et viennent chercher des conseils, nous avons opté pour ce dispositif qui permet facilement au client de bénéficier des recommandations du vendeur comme s’il était dans la boutique avec lui. Le client récupère ensuite ses achats en click & collect.

"Nous devons être prêt à rebondir encore plus vite quand l’activité pourra redémarrer normalement"

Quelles sont les grandes lignes de votre stratégie de développement pour les mois à venir ?

Pour penser au développement et à l’avenir, nous devons nous faire une opinion à propos de l’impact de la crise sanitaire sur la société et les comportements des citoyens. Je pense que la période actuelle crée une frustration terrible pour l’être humain dans sa façon d’appréhender et de profiter du monde physique. Tous nos sens sont perturbés par la privation résultant du confinement. Lorsque nous viendrons à bout de ce virus, nous assisterons à de grandes scènes de liesse selon moi car nous nous sentirons libérés. De plus, nous allons réapprendre à apprécier à sa juste valeur ce qui nous semblait acquis et évident hier. Je ne serais pas étonné de voir un mouvement de rejet des écrans car ils seront associés à la crise sanitaire, période pendant laquelle tout aura été digitalisé.

La SCC va donc continuer à se développer dans le monde physique. Toute une palette de sujets est à traiter : tout ce qui va tourner autour de l’expérience gustative, tout ce qui va toucher aux divertissements et aux loisirs, l’exploration de nouvelles formes de shopping, la découverte de nouvelles marques, plaisirs… Nous avons déjà imaginé de nouvelles offres qui seront dévoilées le moment venu à nos clients pour démultiplier l’attractivité des centres commerciaux.

Quelles sont vos ambitions à moyen terme ?

Ma première préoccupation est de traverser du mieux possible cette crise sans nous affaiblir au point de ne plus pouvoir reconstruire ensuite. Nous devons au contraire être prêt à rebondir encore plus vite quand l’activité pourra redémarrer normalement. J’ai donc fait le choix de privilégier la polyvalence des salariés et d’embaucher du personnel, y compris en cette période. A moyen terme, en déployant nos nouvelles offres et en montrant notre capacité à innover, nous gagnerons des parts de marché.  

Propos recueillis par François Perrigault (@fperrigault)

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