Yoann Choin-Joubert ne laisse personne indifférent dans le monde de la promotion. Et pour cause : il ne fait rien comme personne, suivant sa propre trajectoire en adéquation avec ses convictions. Portrait du PDG fondateur de Réalités*.

"Je n’avais pas d’affection particulière pour l’immobilier quand je me suis lancé et je n’en ai toujours pas." Ces mots, ce sont ceux de Yoann Choin-Joubert, PDG fondateur du promoteur Réalités. Autre paradoxe : lui qui grandit entre la Basse-Normandie et l’Ille-et-Vilaine avec un père et une mère travaillant dans le domaine de la santé a une image négative de l’entreprise dans sa jeunesse. "Mais j’ai toujours eu une âme d’entrepreneur et je me demandais comment j’allais faire pour progresser autant que mon père et ma mère par rapport à leurs propres parents." Après avoir obtenu un DEA en sociologie politique à Sciences Po Rennes en 1999, il rejoint PWC où il "découvre le monde entrepreneurial en rédigeant des business plans et en recherchant des fonds pour des start-up." C’est à cette époque qu’il rencontre Christophe de Brébisson, son futur associé : "Ce début de carrière a forgé mon profil atypique et posé les bases de notre groupe en alliant savoir-faire financier et approche territoriale." Il démissionne en avril 2002 et lance quelques mois plus tard Réalités à Saint-Herblain.

Un positionnement unique

"Nous avons choisi ce nom car nous avons le souci permanent de transposer dans la réalité nos valeurs et nos convictions, révèle celui qui a accroché dans son bureau la photo de "Tank Man" sur la place Tian’anmen pour la force de volonté qu’elle dégage. Nous n’avions pas de capitaux, ne connaissions pas le métier et n’avions aucun réseau mais nous nous sommes appuyés sur notre liberté de pensée pour trouver une trajectoire unique et la mettre en œuvre." Il ajoute à l’heure de tirer le bilan : "Nous avons connu des échecs mais nous avons toujours su rebondir et nous adapter. Dix-sept ans après le lancement de Réalités, nous avons ainsi réussi à inventer un nouveau métier : développeur territorial." En 2020, malgré la crise sanitaire, Réalités a vu son volume de réservations progresser de 30 % et a enregistré une croissance comptable de 20 % sans s’endetter et en continuant à recruter. "Nous sommes aujourd’hui 450 et devrions être entre 1 200 et 1 500 collaborateurs d’ici 2024 avec l’ambition d’atteindre 500 millions d’euros de chiffre d’affaires annuel à moyen terme."

Sa boussole : donner du sens à son activité

L’un des prochains grands projets du groupe se matérialisera à Saint-Ouen : la rénovation du stade Bauer. "Nous avons tiré les enseignements de notre échec sur le projet YelloPark à Nantes. Nous sommes partis de l’identité du club de football du Red Star et de la ville afin de proposer un projet qui suscite l’adhésion de tous, y compris les riverains." Le groupe est même entré au capital du club de football pour l’accompagner dans la durée. Rien d’étonnant, compte tenu de l’approche de ce père de six enfants avec le sport : "J’ai créé mon propre club de base-ball à 15 ans à Vitré, sachant que j’aime le côté pratique, engagé et assumé des Américains tout en portant la complexité et la sensibilité française. Et Réalités soutient de longue date les clubs de sport car ils ont une utilité sociétale importante." Cette responsabilité sociétale et environnementale du groupe se matérialise également par le passage au statut d’entreprise à mission et le lancement de la plateforme digitale "Utile maintenant". "Nous nous développerons en donnant du sens à notre activité plutôt qu’en étant dans une course à la croissance", conclut avec conviction Yoann Choin-Joubert.

François Perrigault

*Ce portrait est extrait du guide construction, promotion et infrastructures 2021 de Décideurs.

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