Selon The European Grocery Real Estate Market, une récente étude menée conjointement par JLL et Union Investment, le marché immobilier du commerce alimentaire a concentré un volume d’investissement de l’ordre de 6,7 milliards d'euros en 2020. Ce segment, jusqu'à présent sous-représenté en Europe (10 % des volumes investis sur la période 2014-2020), a recueilli environ 37 % des investissements réalisés en immobilier commercial au sein de l'Union européenne.

La stabilité, une denrée rare

D'après l'étude, la forte progression du commerce alimentaire a appelé à une compression régulière des rendements initiaux nets des biens haut de gamme, signe d’un accroissement de l’appétence des investisseurs pour le segment. Juxtaposés à la défaillance conjoncturelle des fondamentaux d’autres secteurs de l’immobilier commercial, les actifs consacrés ont confirmé être des investissements stables et leurs gérants des locataires solvables.

Cité dans le communiqué, Mike Bellhouse, Director Retail Investment, International Capital Markets chez JLL, souligne : “Les biens immobiliers dédiés au commerce alimentaire européen sont une valeur sûre pour les stratégies d'investissement défensives sur le marché de l'immobilier commercial. Si l'on se réfère à l'évolution des prix, ce segment constitue depuis longtemps l'une des catégories les plus stables de l'immobilier d'entreprise en Europe. Malgré l'incertitude économique et la pression exercée par le commerce en ligne, les magasins alimentaires restent bien positionnés ; ils sont un maillon indispensable de la chaîne d'approvisionnement. En Europe, l'immobilier alimentaire conservera tout son attrait pour les investisseurs en quête de revenus plutôt sûrs et à long terme.”

Nécessité présentielle

Bien que l’inédit tempère régulièrement les prédictions, le rapport expose quelques perspectives rassurantes pour le segment. Parmi elles, la stabilisation prochaine des taux de croissance du commerce alimentaire en ligne. L’expérience client semble encore trop essentielle aux yeux des distributeurs, comme des clients, pour que la progression du commerce on line ne perdure.

Selon Henrike Waldburg, Director Investment Management Retail d'Union Investment : “Malgré l'essor fulgurant du commerce en ligne, l'immobilier voué au commerce alimentaire restera indispensable pour les ventes, car il sert à la fois le commerce physique et le commerce en ligne. Si, ces derniers temps, de nombreux commerçants de denrées alimentaires ont fortement investi dans les canaux et les infrastructures en ligne, les villes en pleine croissance ont besoin de davantage de points de vente, ce qui devrait compenser le transfert des dépenses en immobilier d'entreprise.”

L'irréductible urbanisation 

Malgré les témoignages multiples de citadins accablés, l’urbanisation devrait, selon les prévisions de l'étude, se poursuivre et offrir de nouvelles possibilités de croissance d’activité aux commerces alimentaires. En dépit de la pandémie, les grandes villes européennes continueront de se densifier, à différents degrés. Parmi les principaux marchés alimentaires européens et malgré l’exode circonstanciée des métropoles françaises vers les régions, la population urbaine hexagonale devrait progresser de 8,3 % d’ici à 2035.

Alban Castres

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