Première victime de la pandémie en mars 2020, le Marché international des professionnels de l'immobilier(Mipim) se tiendra du mardi 7 au mercredi 8 septembre à Cannes, dans une édition réinventée. Son directeur, Ronan Vaspart, revient sur les rebondissements des derniers mois et se réjouit de l’édition à venir.

Nous sortons tout doucement la tête hors de l'eau après une année hors norme. Pourriez-vous revenir sur cette année 2020 ?

Même si 2020 a été une année extrêmement apprenante,  je ne souhaite pas revivre cet épisode dans les prochaines années. Une période difficile pour l’industrie de l’immobilier, de l’événementiel et pour nous en tant que premier événement impacté par les restrictions de regroupement. Il a fallu réagir vite et en permanence essayer d’imaginer des plans B et de nouveaux scénarios. Nous avons annulé, reporté, transformé, créé des alternatives digitales mais rien qui ne remplace le contact physique. Nous avons été l’un des rares organismes à monter un événement en présentiel dans cette version particulière du Mipim qu’était la Paris Real Estate Week en septembre dernier. Nous sommes évidemment très enthousiasmés par la réouverture des évènements depuis le 9 juin même si les derniers mois nous invitent à la prudence. Nous nous réjouissons de cette édition qui arrive, en présentiel, à Cannes. Au-delà du plaisir de rencontrer les acteurs clés de l’industrie immobilière, d’apprendre, de réseauter, pour beaucoup d’acteurs internationaux et français, c’est l’opportunité de découvrir cette magnifique région.

Tous les facteurs sont-ils désormais réunis pour retrouver un Mipim "normal" ?  

Les trois éléments principaux qui constituent l’ADN du Mipim sont réunis cette année : une zone d’exposition de qualité et un programme de conférences riche, mêlant intervenants publics et privés, français et internationaux ainsi que le networking. Notre objectif n’est pas d’analyser la crise mais de se mettre en ordre de marche pour l’après-crise en engageant l’ensemble de la communauté de l’immobilier. Ce ne sera pas un Mipim tout à fait traditionnel car amputé de deux jours et avec un nombre de participants un peu réduit, du fait notamment de l’implication probablement limitée des acteurs asiatiques et américains. Nous faisons aujourd’hui face à une crise économique majeure, et même si l’immobilier a été moins impacté que d’autres industries, ça ne sera pas sans conséquences. Certaines structures vont regarder à la taille des délégations envoyées. L’événement est érigé selon une baseline : "Time to reconnect". C’est aussi pour cette raison que nous avons choisi de nous retrouver dès septembre plutôt que d’attendre mars prochain. Par ailleurs, les restrictions d’affluence seront levées. Selon les recommandations gouvernementales, il vous sera demandé de présenter une attestation de vaccination ou un test négatif dès la soirée d’ouverture du 6 septembre.

"Les trois éléments principaux qui constituent l’ADN du Mipim sont réunis cette année"

Pourquoi avoir raccourci l'évènement ?

La raison principale est que l’on voulait retrouver et réorganiser le Mipim en mars 2022, le mois de mars correspondant au lancement du plan stratégique de l’année pour nos participants. À ce sujet, je vous informe que le Mipim 2022 se tiendra du 15 au 18 mars. Par ailleurs, nous nous sommes engagés auprès de la communauté de l’immobilier, que nous faisons profession de servir, d’organiser dès que possible le salon, d’où cette édition de septembre. Deux manifestations de quatre jours à six mois d’intervalle, c’est beaucoup. L’événement est certes resserré sur la durée, mais toutes les briques qui le constituent sont réunies. Une autre raison, logistique, est que le report des événements n’a pas affecté que le Mipim. Le calendrier cannois  étant très dense à cette période, nous avons préféré misé sur deux jours.

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Palais des Festivals ©S. d'Halloy/Image&Co

Pourriez-vous nous révéler le programme de cette édition, les nouveautés, les suppressions, les invités ?

La crise sanitaire a déclenché l’accélération de deux tendances manifestes : la nécessité digitale et le renforcement de la considération environnementale. Concernant l’aspect digital, nous allons faire en sorte que, si nos participants américains et asiatiques ne peuvent venir à Cannes, Cannes viendra à eux. Ils pourront suivre grâce aux supports mis en place. Par ailleurs, l’expérience sur site s’est considérablement enrichie de cette expérience digitale. Nous avons désormais une plateforme visant à accompagner la communauté dans son intégralité, y compris celle présente sur le salon. Du point de vue du contenu, nous essayons d’être précurseurs et de susciter le débat. La dimension ESG se renforce et la thématique du salon va s’articuler autour de trois piliers : people, planet, performance. Au travers de ces trois axes, nous avons établi un programme de conférences étoffé, qui mélangera des acteurs privés, tels que Méka Brunel, Véronique Bédague ou encore Sébastien Bazin, et des acteurs publics comme François Rebsamen, maire de Dijon et président de la Commission pour la relance du logement neuf. Nous invitons également les candidats déclarés et putatifs à l’élection présidentielle, qui, je l’espère, nous ferons le bonheur d’être présents. Ils doivent, eux-aussi, se positionner sur leur vision urbaine. Depuis trente ans, nous organisons et récompensons les projets immobiliers emblématiques du monde avec les Mipim Award : les jurys ont délibéré sur 200 projets et les gagnants seront révélés le 8 septembre 2021. En dernier lieu, nous ambitionnons de mettre l’accent sur les usages : grâce ou à cause de la crise, nous nous sommes rendu compte que, s’il est toujours indispensable de répondre aux exigences de l’investisseur, il est devenu crucial de comprendre les attentes de l’utilisateur final.

Le secteur de la promotion immobilière se plaint depuis de nombreuses années des difficultés d'obtention des permis de construire. Qu'attendez-vous de leur rencontre avec les acteurs publics ?

Très clairement, le Mipim aspire à être le rendez-vous de l’immobilier, et nous y accueillons chaque année de nombreux élus. Pour septembre, nous avons enregistré les confirmations des délégations de Paris, Nice, Cannes bien sûr, Marseille, Dijon, Grenoble et Lyon. Notre intention consiste à mettre en relation et à créer des conditions d’échanges entre les acteurs publics et les acteurs privés. La commission Rebsamen lancée par notre Premier ministre Jean Castex est déjà un signal fort lancé aux acteurs de la promotion immobilière et laisse présager de réelles évolutions sur les problématiques de délivrance des permis de construire notamment.

"On note une attention plus marquée des besoins et attentes des utilisateurs finaux"

Plus généralement, les tendances ressenties sur le marché de l'immobilier d'entreprise vont-elles durer ou sont-elles le fait du choc et de l'attentisme qui lui a logiquement suivi ?

J’attends beaucoup de cet événement de septembre pour être à l’écoute des retours de l’ensemble des acteurs de l’immobilier, prendre le pouls de l’univers immobilier et confirmer ou infirmer ces tendances. Ce qui se dessine aujourd’hui, et traverse un peu les frontières, c’est que les investisseurs se révèlent toujours fortement intéressés par les bureaux. La nouveauté, c’est le logement. Quelque peu dénigré par le passé, il trouve davantage grâce à leurs yeux. Sur ces deux typologies d’actifs, les nouveaux usages tels que le coworking et le coliving semblent s’installer durablement. On note également une attention plus marquée des besoins et attentes des utilisateurs finaux. De manière plus générale, la crise sanitaire a créé une nécessité de réinvention plus rapide.

Propos recueillis par Alban Castres

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