La Convention des entreprises pour le climat (CEC), qui rassemble 150 entreprises engagées dans la transition écologique de leur business model, vient de sortir son rapport après deux ans d’un travail collaboratif inédit. Á la clé : 150 feuilles de routes vers une économie régénérative.

Communauté des entreprises à mission, Mouvement impact France, Convention des entreprises pour le climat… Ces dernières années, les collectifs d’entreprises visant à accélérer la prise de conscience de l’urgence climatique dans la sphère économique n’ont cessé de fleurir. Avec une conviction : ce sont eux qui ont les plus grands leviers d’action pour engager résolument la nécessaire transition écologique et sociale. C’est notamment ce que soulignait la paléoclimatologue et présidente du groupe n°1 du Giec Valérie Masson-Delmotte, à l’occasion de la remise du rapport du CEC : "Est-ce aux scientifiques de porter la charge mentale sur le climat ? Non, c’est aux décideurs, et plus on a de leviers d’action, plus cette charge doit être forte. Il est critique que les chefs d’entreprise la prennent à bras le corps. C’est une course contre-la-montre".

Intelligence collective

Pour relever ce défi, la CEC a engagé un travail de réflexion sans précédent qui accouche d'une feuille de route pour chacun de ses 150 membres. Ensemble, elles tracent le chemin vers l’entreprise régénérative qui, au-delà de la réduction d’impacts négatifs ou de leur neutralisation, s’engage vers la génération d’impacts positifs nets pour les écosystèmes et la société. Une révolution copernicienne dont Éric Duverger, fondateur de la CEC, retrace le chemin : "Le parcours de la CEC a permis de pousser les curseurs au maximum. Après avoir reçu ensemble la “claque climatique” et entraperçu le risque d’effondrement systémique, nous nous sommes relevés pour travailler en intelligence collective, déployer des coopérations et imaginer des réinventions profondes de modèles d’affaires… Mobiliser d’un coup 150 entreprises de toutes tailles, de tous secteurs et de toutes les régions de France, ce n’est assurément pas reposant… mais cela présente un grand avantage : c’est un bon point de départ pour poser un nouveau standard. Fruit du travail de centaines de contributeurs, le rapport (…) pourrait bien être, avec ses multiples apports théoriques et ses cas pratiques, le plus grand coup d’accélérateur du monde de l’entreprise en France vers un nouveau standard régénératif."

150 transitions

En analysant les feuilles de routes de ses membres, la CEC a pu identifier les ingrédients indispensables pour une entreprise vraiment régénérative, ainsi que les quelques freins à lever. Parmi les premiers, le rapport cite : la nécessité de voir plus loin que le seul CO2, le développement d’un portefeuille de produits compatibles avec le vivant, la définition d’objectifs concrets, chiffrés, contraintes et ambitieux, ou encore l’abandon de la logique volumique. De l’autre côté les éléments bloquants relèvent essentiellement de facteurs psychologiques ou organisationnels : passage à l’action du leader, complexité d’embarquer ses parties prenantes, résistances au changement de modèle économique… à l’exception de celui de la finance et du monde financier, un secteur appelé à s’impliquer davantage dans le soutien à cette transformation. "La transition vers l’entreprise régénérative est incroyablement difficile", conclut Éric Duverger. "Les 150 participants de la CEC pourront en témoigner : les freins sont nombreux et les leviers complexes à activer. Mais à la lecture des 150 feuilles de route, il apparaît clairement que… c’est jouable. Est-il naïf de penser que nous allons vivre dans les années qui viennent la grande bascule vers l’économie régénérative ? Je ne le crois pas. Cette nouvelle voie est extrêmement étroite et escarpée, mais elle est à notre portée. Formés, désinhibés, coalisés, les dirigeants d’entreprises peuvent tout changer."

Antoine Morlighem

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