Au Congo, le lancement des travaux du Corridor 13 va permettre l’interconnexion avec la Centrafrique et le Tchad, pays enclavés d’Afrique centrale. Cet ambitieux chantier réalisé sur financement africain doit accélérer l’intégration régionale et créer de nouvelles opportunités économiques.
Congo : un pont de 600 mètres pour désenclaver l’Afrique centrale
Un pont de 616 mètres reliera les deux rives de la Sangha, près de Ouesso, dans le Nord de la République du Congo. Cet ouvrage, complexe car traversant des terrains marécageux (les vasières), sera le plus long jamais construit dans le pays. Le président Denis Sassou-N’Guesso a donné, le 20 mai, le coup d’envoi de ces travaux, qui comprendront également le bitumage d’un tronçon de 50 kilomètres entre Ouesso - chef-lieu du département de la Sangha -, et Pokola. Le chantier, qui représente un investissement cumulé de 88 milliards de Francs CFA (135 millions d’Euros) durera trois ans. Il sera réalisé avec le concours financier de la Banque de Développement de l’Afrique Centrale (BDEAC).
Outre les services qu’il rendra aux populations des deux régions les plus septentrionales de la République du Congo, le Corridor 13, une fois achevé, assurera une liaison directe entre le Tchad, la Centrafrique et la ville portuaire congolaise de Pointe-Noire. Il permettra d’accélérer l’intégration des économies des six pays de la CEMAC, la Communauté Économique et Monétaire d’Afrique Centrale. La zone, qui dispose d’une monnaie commune et stable, arrimée à l’Euro, le Franc CFA (XEF), recèle un potentiel énergétique considérable, mêlant énergies fossiles (pétrole), énergies de transition (gaz) et énergies renouvelables (hydro-électricité et solaire). Elle joue aussi un rôle essentiel dans la préservation des équilibres éco-climatiques globaux. La forêt du Bassin du Fleuve Congo (220 millions d’hectares) est la deuxième plus vaste de la planète, après l’Amazonie, mais est celle qui séquestre le plus de carbone.
La CEMAC a enregistré un taux de croissance de 3,3% en 2023, mais demeure freinée dans son expansion par un déficit en infrastructures, qui bride ses échanges commerciaux et son industrialisation, et compromet la valorisation et la transformation locale de ses ressources naturelles, comme le bois ou les productions agricoles. Une table-ronde pour le financement des projets intégrateurs de la CEMAC, organisée en novembre 2020 à Paris à l’initiative du président congolais Denis Sassou-N’Guesso, a permis de mobiliser la communauté internationale et les bailleurs de fonds et de sécuriser leurs engagements. Onze projets intégrateurs prioritaires ont été retenus pour la période 2023-2028, et font la part belle aux corridors routiers et ferroviaires. Le chantier le plus symbolique et le plus emblématique est sans conteste le pont Route-Rail entre Brazzaville et Kinshasa, les capitales des deux Congo, séparées uniquement par le fleuve. Les études techniques ont été finalisées, le site retenu, et le tour de table financier est pratiquement bouclé. Les premiers coups de pioche sont attendus à l’horizon 2024-2025.
La République du Congo vient par ailleurs de se doter d’une législation novatrice sur les Partenariats Publics-Privés (PPP). La loi du 30 décembre 2022 vise explicitement à attirer de nouveaux investisseurs afin de financer les infrastructures du Plan National de Développement. Ce plan prévoit de lever 8000 milliards de FCFA (12,2 milliards d’Euros) au profit de six secteurs prioritaires. Plusieurs projets sont déjà gérés en PPP, dont les zones économiques spéciales de Pointe-Noire, Oyo-Ollombo et Ouesso, avec le groupe Arise, ou le nouveau quai à conteneurs du Port Autonome de Pointe-Noire, en développement avec le groupe émirati Abu Dhabi Ports.