La start-up, fondée par Christophe Cote, a été sélectionnée pour le réemploi des cabines phoniques des JO, que pourront s’offrir des entreprises après l’événement. Ce contrat lui apporte du chiffre d’affaires mais surtout de la visibilité auprès des fabricants de mobiliers et de potentiels clients.
Christophe Cote (AdopteUnBureau) : "Les organisateurs des JO nous ont demandé comment être les plus vertueux possible"
Décideurs. Quels sont vos métiers ?
Christophe Cote. AdopteUnBureau est une start-up écocirculaire dans le mobilier de bureau. Nous avons deux activités principales. La première, qui compte pour 60 % de notre chiffre d’affaires, consiste en l’aménagement d’espaces BtoB avec du mobilier reconditionné ou du mobilier neuf que nous nous engageons à racheter à nos clients lorsqu’ils n’en ont plus besoin. La seconde repose sur notre boutique en ligne : nous vendons du mobilier à des free-lances ou à des particuliers qui s’équipent pour du télétravail. Une troisième activité commence aussi à se développer. Il s’agit de la rénovation de mobilier pour nos clients qui souhaitent reconditionner leur propre matériel.
À combien est estimé le marché du mobilier de bureau en France ?
Le mobilier neuf représente un milliard d’euros par an. Ce marché est porté notamment par les déménagements. En Île-de-France, les entreprises changent de locaux en moyenne tous les 6-7 ans (tous les dix ans environ en régions). Le mobilier de bureau représente 200 000 à 250 000 de tonnes de déchets chaque année. Même si 95 % du mobilier est recyclé, il n’est pas réemployé. C’est tout l’enjeu. D’autant que, à qualité égale, le reconditionné est 30 % à 50 % moins cher que le neuf et permet d’économiser 80 % de CO2.
"En Île-de-France, les entreprises changent de locaux en moyenne tous les 6-7 ans"
Vous allez réemployer les cabines phoniques des Jeux olympiques. Comment avez-vous décroché ce contrat ?
Nous avons été consultés en amont des JO par le maître d’œuvre qui en rédigeait le cahier des charges. Comme les Jeux se voulaient exemplaires, les organisateurs nous ont demandé comment être les plus vertueux possible. Notre recommandation : les entreprises qui vous vendent des produits doivent s’engager à les racheter à la fin des épreuves. Ce principe se prête bien à l’événement car, par définition, les JO sont limités dans le temps. À ma connaissance, les organisateurs ont fait le plus gros appel d’offres dans cette logique d’économie circulaire. Nous avons travaillé avec trois fabricants afin d’y répondre. Nous avons été retenus avec le cabinet SBS qui fournit 80 cabines phoniques. Ces cabines sont installées dans les bâtiments de l’équipe de projet et seront ensuite installées sur les sites relais près des épreuves où elles pourront notamment être utilisées par les athlètes. Nous nous sommes engagés à en reprendre 40 afin d’aider SBS à construire sa boucle de réemploi post-JO.
Que vous apportent ces Jeux ?
Un gain assez significatif. La valeur de revente des cabines tournera autour de 150 000 euros. Comparé à notre chiffre d’affaires 2023 (4,5 millions d’euros), ce n’est pas colossal mais il s’agit d’une catégorie de mobilier que nous avons envie de développer. Nous gagnons aussi en visibilité car nous avons pu travailler avec des fabricants intéressés par notre démarche et qui n’ont pas la possibilité de faire de l’économie circulaire, laquelle requiert des spécificités et des ajustements par rapport à la fabrication du neuf. C’est aussi l’occasion de faire savoir à des entreprises, qui ne peuvent s’acheter des cabines phoniques car il s’agit de produits onéreux, que nous en proposons à des prix plus bas que le neuf.
Vous opérez en tant qu’entreprise libérée. Cela a-t-il joué dans votre sélection ? En quoi cela consiste ?
Non. Nous avons surtout été sélectionnés pour notre positionnement RSE. L’entreprise libérée repose sur trois grands principes. D’abord, l’autonomie des équipes. Nous n’avons pas de hiérarchie. Les collaborateurs ont toute latitude pour prendre des décisions adaptées à ce qu’ils vivent sur le terrain. Ensuite, la transparence. Tous les salaires sont connus de tous et il n’y a pas de limite au nombre de promotions chaque année. Celles-ci dépendent de la montée en compétence de chacun et d’une grille qui permet de savoir où en sont les collaborateurs. Nous n’utilisons pas l’information comme un levier de pouvoir. Enfin, la redistribution de la valeur est quelque chose d’important pour nous. Les salariés touchent un pourcentage des bénéfices et bénéficient d’un plan d’actionnariat salarié à conditions préférentielles.
Propos recueillis par Olivia Vignaud