L’élue Liot du Nord récupère au passage le portefeuille de la rénovation urbaine.

Le nom du nouveau locataire du ministère du Logement était particulièrement attendu, alors que l’industrie de la construction traverse toujours sa pire crise depuis des décennies. Et c’est donc Valérie Létard, élue députée du Nord en juillet sous l’étiquette Liot, qui vient remplacer Guillaume Kasbarian, muté ministre de la Fonction publique.

Parcours

Un changement de style, mais aussi de carrure. La nouvelle ministre du Logement, Valérie Létard, affiche en effet un CV autrement plus musclé que celui de son prédécesseur Guillaume Kasbarian. Cette native du Nord a en effet commencé sa carrière politique auprès de Jean-Louis Borloo, du temps où il était maire de Valenciennes. Alors qu’elle travaille sur la politique sociale de la commune comme directrice du contrat de la ville, ce dernier lui propose de rejoindre son cabinet en tant qu’adjointe au maire responsable de la politique de la ville. Valérie Létard continue de faire ses classes dans le Nord-Pas-de-Calais comme conseillère régionale et vice-présidente de la commission habitat-politique de la ville au conseil régional. Élue sénatrice du Nord en 2001, elle quitte son mandat en 2007 pour rejoindre le gouvernement Fillon II en tant que secrétaire d’État chargée de la solidarité. Après un nouveau remaniement, elle récupère le secrétariat d’État aux Technologies vertes et des Négociations sur le climat, poste qu’elle quitte en novembre.

En parallèle Valérie Létard continue de cultiver son ancrage local, restant présidente de la communauté d’agglomération Valenciennes Métropole de 2008 à 2016. Elle revient au Sénat en 2011 et est élue dans la foulée vice-présidente de l’institution, devenant la seconde femme à occuper le poste. La fin de son mandat est tout particulièrement consacrée à la question de la loi « Climat et résilience » : elle préside notamment la commission spéciale chargée de sa mise en application. Elle choisit en octobre 2022 de ne pas se représenter pour un quatrième mandat.

Un profil prisé et consensuel

C’est donc une prise de choix pour le gouvernement Barnier, puisque Madame Létard avait déjà refusé le poste en 2017, lorsqu’Emmanuel Macron avait été élu pour la première fois à la tête de l’État. Son nom avait par la suite été évoqué pour Matignon en 2022, ou plus récemment comme potentiel « plan B » du parti présidentiel, au cas où Yaël Braun-Pivet ne réussissait pas à conquérir le perchoir à l’Assemblée en juillet dernier.

Plus important peut-être pour l’industrie, cette élue de terrain est impliquée de longue date sur les questions d’urbanisme. Elle offre également un profil plus centriste et social, qui devrait grandement faciliter le dialogue avec les associations de locataires et les acteurs du logement social. Un fort contraste avec Guillaume Kasbarian, dont le principal fait d’armes était la loi anti-squat. Reste cependant à voir quelle politique Valérie Létard adoptera : se ressaisira-t-elle du projet de son prédécesseur d’assouplir la loi SRU, qui avait fait monter de nombreux acteurs du logement social au créneau ? D’une manière générale, tous les acteurs semblent soulagés de l'arrivée aux affaires d’un profil plus mature et plus à même de ménager les différentes sensibilités. Avec en prime le retour a un ministère de plein exercice, là où Guillaume Kasbarian était ministre délégué.

Quoi qu’il en soit, cette nouvelle ministre du Logement part avec un petit atout : les taux directeurs sont finalement repartis à la baisse, ce qui devrait offrir aux constructeurs aussi bien qu’aux particuliers à la recherche d’un logement une bouffée d’oxygène bienvenue.

François Arias

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