La France va devoir se préparer à vivre avec 4°C de plus d’ici à 2100. Pour tenter de vivre avec cette nouvelle donne, Matignon a présenté le 25 octobre la dernière mouture du Plan national d’adaptation au changement climatique.

Alors qu’à l’Assemblée le gouvernement Barnier se débat avec les oppositions sur le budget pour 2025, c’est de manière un peu surprenante que l’écologie a fait l’objet du premier vrai coup de projecteur politique de cette nouvelle législature. Un nouveau plan d’adaptation a été présenté par le Premier ministre Michel Barnier et la ministre de la Transition écologique Agnès Pannier-Runacher, à l’occasion d’un déplacement dans le Rhône suite aux inondations de la semaine passée. Un choix qui peut surprendre, au vu de la composition très à droite du gouvernement.

Cette troisième version du Plan national d’adaptation au changement climatique (Pnacc) n’est pas tout à fait nouvelle : elle était dans les tiroirs du ministère depuis quelques mois, mais n’avait pas pu être publiée à cause des turbulences politiques de l’été. Le principal changement par rapport à sa version de 2018-2022 réside dans les estimations de réchauffement : fortement revues à la hausse, elles passent de +2°C à +4°C à l’horizon 2100. Des prévisions qui reprennent celles que suggère le conseil national de la transition écologique et anticipent une hausse des températures à la fois plus élevée et plus rapide. Sans surprise, les conséquences sont drastiques : disparition complète des glaciers et des risques de sécheresse quatre fois plus élevés. Le Pnacc propose donc des axes et mesures pour préparer la France à cette nouvelle donne climatique.

Cinq axes et 51 mesures pour s’adapter

Premier axe : la protection de la population, en renforçant a minima le fonds de prévention des catastrophes naturelles (75 millions d’euros de crédits supplémentaires), aussi connu sous le nom de « Fonds Barnier ». Le plan prévoit par ailleurs d’améliorer les politiques de prévention des inondations, du recul du trait de côte ou encore de mieux prendre en compte les dégâts liés au retrait-gonflement des argiles. Autre mesure phare : tracer une carte des équipements clés vulnérables comme les établissements de santé, de sécurité ou de transports. Un chantier qui risque d’être assez long, de l’aveu même de la ministre de la Transition écologique Agnès Pannier-Runacher : si certains domaines comme l’énergie sont déjà assez avancés sur le sujet, d’autres, comme la santé, ne s’y sont pas encore vraiment intéressés, alors que des milliers d’établissements sont concernés. D’ampleur bien moindre, la question des sites culturels majeurs est également évoquée, avec des plans d’adaptation pour dix des plus grands sites français. Sont ainsi évoqués le Mont Saint-Michel ou la tour Eiffel.

Toujours au rayon cartes, un atlas national de tous les risques naturels est annoncé pour 2027. Il intégrera entre autres inondations, submersions, incendies et cyclones.

La question de l’assurance est aussi évoquée, avec la volonté de proposer une offre abordable dans tous les territoires sans que les zones à risque soient laissées de côté. Reste toutefois à voir si les assureurs joueront le jeu.

Une consultation en vue

Dernière annonce majeure : l’ouverture d’une plateforme de consultation du public pour deux mois. Ouverte le 25 octobre, elle pose 20 questions portant sur cinq grands thèmes, avec en prime un espace d’expression plus libre. Des opérations de terrains devraient également être effectuées par le ministère. Bien que positive, cette consultation ne convainc pas totalement, la forme que prendra sa synthèse restant encore floue. En la matière, le bilan d’Emmanuel Macron n’est en effet pas glorieux, lui qui avait enterré le « Grand Débat National ». Dans le même ton, la Convention citoyenne pour le climat avait vu ses nombreuses propositions édulcorées au point de ne plus être vraiment reconnaissables.

François Arias

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