Croissance, développement durable, numérique : le point avec le CEO d'Eiffage Construction métallique. 
Décideurs. Quel rapide bilan tirez-vous de ces trois premiers trimestres 2014 ?
Stéphane Abry. Les trois premiers trimestres 2014 ont été assez difficiles. Cela s’explique notamment par une baisse de la commande publique et le manque de grands projets d’infrastructures en France. Cette donne est aussi valable chez les grands. Toutefois, nous arrivons à stabiliser notre chiffre d’affaires grâce au développement de notre activité européenne. Nous avons en effet procédé au rachat du groupe Smulders, spécialisé dans l’éolien offshore.

Décideurs. Année après année, le chiffre d’affaires d’Eiffage Construction métallique progresse. Où se situent vos relais de croissance ?
S. B. Clairement, la croissance pour l’entreprise se fait à l’export. Elle se réalise par des opérations de croissance externe ou bien par de la croissance organique. Ces dernières années, nous avons investi significativement dans des moyens commerciaux importants pour conquérir de nouveaux marchés en Afrique, au Moyen-Orient, en Asie du Sud-Est et en Asie centrale. Nous avons ainsi connu nos premiers succès dans ces zones. En Irak, par exemple, nous avons réalisé la construction de la charpente métallique d’un stade. Nous avons aussi des projets en cours de réalisation aux Philippines ou bien au Sri Lanka. L’ambition d’Eiffage Construction métallique désormais, c’est de faire valoir sa value engineering ainsi que sa créativité sur ses méthodes d’assemblage et de montage. Répondre à des appels d’offres « classiques » où nous nous trouvons face à ces professionnels low-cost ne répond plus à nos enjeux.

Décideurs. Tous les économistes sont unanimes : le numérique va impacter le business model des entreprises. Comment appréhendez-vous cette nouvelle révolution industrielle ?
S. B. Cette nouvelle donne est très concrète. Aujourd’hui, nous venons de terminer le projet de la fondation Louis Vuitton. Pour cela, il a été développé avec Dassault Systèmes un logiciel d’intégration. Il sert à réaliser toute la maquette numérique que l’on doit déployer dans nos conceptions de projets. Nous équipons nos bureaux d’études, ce qui implique un impact sur les compétences de nos collaborateurs. Certains disposent ainsi d’un double niveau d’études d’architecte et d’ingénieur. En résumé, je dirais que l’entreprise s’adapte et avance avec le numérique et le BIM.

Décideurs. Quelle importance revêt le développement durable dans la stratégie d’Eiffage ?
S. B. Eiffage est relativement en avance sur ce sujet. Le développement durable est un axe majeur de notre stratégie. Il s’insère désormais dans tous nos projets, même à l’export.
Eiffage a développé « Phosphore », un modèle de ville nouvelle. Nous travaillons ainsi sur un Fasep (Fonds d'étude et d'aide au secteur privé), une étude financée par la France, au Kazakhstan, dans lequel on évolue sur un simulateur de ville nouvelle en pointe sur les aspects écologiques, sociétaux, etc.

Décideurs. Quels conseils donneriez-vous à une entreprise souhaitant partir à la conquête de l’international ?
S. B. Je dirais qu’il ne faut pas hésiter à investir en moyens et dans les études nécessaires à la compréhension de ces nouveaux marchés. Il faut intégrer le fait que les grands projets à l’étranger prennent du temps et il faut savoir être constant dans sa démarche commerciale. L’entreprise doit créer une relation de confiance, se faire connaître, écouter et s’adapter à la culture du pays. Cela est valable que l’on soit un grand groupe ou une PME. Ses dirigeants doivent faire preuve de patience et ne pas se décourager trop vite. On ne gagne pas toujours du premier coup.

Propos recueillis par Mathieu Marcinkiewicz

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