À moins d'une semaine des élections primaires, Décideurs revient sur la situation financière du parti de l'opposition. Si les défis sont nombreux, les solutions existent.
Depuis les élections présidentielles de 2012, la situation financière de l’UMP demeure préoccupante. Décideurs a interrogé des grands noms du restructuring : s’ils ont préféré rester discrets, leurs solutions sont à la fois simples et radicales.

- Épisode 1 : Une mauvaise gestion
- Épisode 2 : Les sept mesures à prendre
- Épisode 3 : Une réogarnisation obligatoire
- Épisode 4 : Une question à... Luc Chatel, secrétaire général de l'UMP

Épisode 2 : Les sept mesures à prendre

1- Faire payer les contributions aux élus : 6 M€/an


En 2012, l’UMP n’avait récolté que 1,6 million d’euros auprès de ses élus. Pour comparaison, le PS avait engrangé 15,9 millions d’euros la même année et le parti communiste, 13,8 millions. Selon Bruno Le Maire, candidat aux primaires de l’UMP, le manque à gagner représente six millions d’euros. Selon l’UMP, le taux de parlementaires étant à jour de leurs contributions est déjà passé de 20 % à 80 %. Les seules régularisations ont permis de récolter 150 000 euros et 100 000 autorisations nouvelles ont été ouvertes. Selon un cadre de l’organisation, le parti est entré dans une deuxième étape qui vise l’ensemble des élus locaux. Pour être sûr d’atteindre les 100 %, celui-ci pourrait conditionner l’investiture au fait d’être à jour des cotisations. « L’UMP peut même aller plus loin en instaurant une dose de progressivité relative aux revenus dans les cotisations », suggère un avocat parisien en restructuring.

2- Louer une partie de ses locaux : 5 M€/an

Si son siège social est la plus grande cause de son endettement, c’est aussi son actif le plus valorisable avec ses 5 500 mètres carrés. Contrairement au Modem ou au PC, également propriétaires de leur siège social, l’UMP n’en tire pas profit. Si le parti décidait de louer un étage, soit environ mille mètres carrés, et cinq places de parking, il pourrait générer un revenu d’environ cinq millions d’euros supplémentaires par an. L’UMP avoue travailler sur ce sujet et n’exclut pas non plus de louer l’intégralité du bâtiment pour déménager dans un siège social moins coûteux. Gain : jusqu’à trente millions d’euros par an.

3- Respecter la parité aux prochaines élections : 4 M€/an

Depuis les dernières élections, une amende s’applique aux partis ne respectant pas la parité homme/femme au sein de leur liste. L’UMP est le grand perdant (volontaire) puisqu’il affichait un écart de 50 %. Le manque à gagner s’élève à quatre millions d’euros par an. Pour comparaison, le parti socialiste a payé une amende de 1,4 million d’euros. Seuls EELV et le PC respectent la parité.

4- Réduction des activités militantes : 1,9 M€/an

En 2012, année électorale, l’UMP a dépensé 22,9 millions d’euros en meetings, soit cinq millions d’euros de plus par rapport aux élections de 2007. Si en période non électorale le parti revient au niveau de 2010, cela lui permettrait d’économiser 1,9 million d’euros. Un associé d’une société de conseil auprès d’entreprises en difficulté estime même qu’« il faudrait aller plus loin en faisant payer l’entrée dans les meetings ». Pour lui, les meetings sont des dépenses avec un faible retour sur investissement : « Vous dépensez des sommes folles pour convaincre des personnes qui vous soutiennent déjà. Cela n’a pas de sens. »

5- Réduction de la masse salariale : 2 M€/an

L’UMP compte pas moins de quatre-vingts permanents équivalents temps plein (ETP) mais ne disposait même pas de grille de salaires. Une erreur que Luc Chatel, ancien DRH, vient de corriger. Certains chefs d’entreprise contactés n’hésitent pas : « Non-remplacement d’un salarié sur deux, comme pour les fonctionnaires. » L’UMP fait mieux puisqu’un cadre du parti nous a indiqué que « pour réduire sa masse salariale, le parti n’allait pas remplacer les départs des permanents ». Ainsi, sur les dix-huit départs depuis le 1er janvier 2014, il n’y a eu que deux recrutements en CDD. Le gain est de 1,42 million d’euros par an. Pour un spécialiste des réductions de coûts, si le parti poursuit dans cette voie, il pourrait engranger près de deux millions d’euros.

6- Augmenter le nombre d’adhérents : 1 M€/an

Difficile de connaître le nombre exact d’adhérents à l’UMP. Les déclarations se suivent et semblent se contredire. Dernier exemple en date avec l’annonce de Luc Chatel selon laquelle le parti compterait 170 000 adhérents au 30 juin 2014, soit 50 000 de plus qu’un an auparavant à la même période. Surprenant car le 4 juillet 2013, Catherine Vautrin comptabilisait 315 000 adhérents. Interrogé à ce sujet, un permanent estime que « que le chiffre avancé par la trésorière du parti en juillet 2013 correspondait au nombre d'adhérents à jour de cotisation fin 2012 ». Quoi qu’il en soit, l’UMP est face à un important chantier. En 2012, le parti de droite n’avait reçu que 5,6 millions d’euros de la part de ses adhérents, contre dix millions pour le parti socialiste.

7- Rationaliser la fonction achat : 0,7 M€ /an

Selon Le Canard enchaîné, qui a eu accès à l’audit réalisé par le cabinet Advolis, de nombreux responsables du parti employaient des assistants ou bénéficiaient d’avantages en nature. En cinq ans, les frais de voyage et de déplacement ont ainsi augmenté de 58,7 %. Un proche de Luc Chatel affirme que « tous les frais généraux ont été renégociés auprès des prestataires et que les contrôles ont été renforcés. Plus de 20 % d’économies ont déjà été réalisées, soit 740 235 euros d’économies pour 2015. » Pour un spécialiste du restructuring, « la création d’un service achat attentif au rapport qualité/prix des prestataires extérieurs est un impératif ». L’UMP assure qu’une personne au sein du service comptabilité travaille désormais uniquement sur ce sujet des frais généraux.

Gain total : 20,6 M€ /an

Pour lire l'épisode 3, cliquez sur le lien.

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