Depuis trois ans, les fonds d’investissement d’outre-Atlantique ont manifesté leur gourmandise pour la dette européenne. Le 3 février dernier, le rachat de Winoa par KKR a un peu plus confirmé cette tendance. Éclairages
KKR and Co à l’assaut de la dette européenne
KKR, Apollo, Oaktree ou encore Blackstone sont parmi ces fonds de private equity américains dont l’appétit a été considérablement aiguisé ces dernières années par la dette des entreprises européennes. « Les banques européennes sont réticentes à l’idée de refinancer et ré-étaler [la dette], elles veulent de l’argent frais », souligne Mubashir Mukadam, responsable Europe des special situations au sein du fonds KKR qui a investi depuis 2010 près de trois milliards d’euros dans ce type d’opérations à haute valeur ajoutée. La fermeture des robinets bancaires a, en effet, attiré de nombreux fonds à l’affût d’investissements discount comme en témoigne le récent rachat de Winoa par KKR (valorisation estimée à 270 millions d’euros) qui également financé la dette de Hilding Anders à hauteur 350 millions d’euros ainsi que celle du groupe espagnol Uralita pour 320 millions d’euros.
Un deal expéditif
C’est ce qu’on appelle, une opération éclair. Un an après s’être manifesté pour prendre le contrôle de Winoa, le fonds américain KKR a conclu le deal le 3 février dernier. Après huit années de partenariat, LBO France, a en effet cédé la firme hexagonale. Depuis quelque temps, le climat financier n’était plus au beau fixe au sein de l’entreprise, leader mondial des grenailles abrasives et des technologies de nettoyage des pièces métalliques. Si l'entreprise française a plutôt bien résisté à la crise financière et a continué à produire un excédent brut d'exploitation convenable, de l'ordre de cinquante millions d'euros en 2012, son niveau d'endettement devenait alarmant. Le capital-développeur américain, spécialiste de ce genre d'opération, a profité de l’occasion pour s'emparer de 85 % du capital de Winoa avec deux de ses fonds affiliés, DK et Benett. L’une des conséquences directes de cette acquisition : la réduction de moitié de la dette de Winoa, qui passe à 188 millions d'euros, et un abondement de trésorerie de soixante millions d’euros par KKR. Pour Winoa, la prise de participation est salvatrice et gratifie l’entreprise « d'une structure financière stable et de fonds additionnels ouvrant la voie à la croissance », précise Yves Barraquand, ex-CEO de Winoa auquel Pierre Escolier a succédé une fois l’opération bouclée.
Winoa : un investissement pertinent ?
Du point de vue de KKR, le fonds réalise un investissement à moindre coût au vu des encours qu'il a sous gestion, plus de 90 milliards de dollars pour la maison mère. Pourtant, le rachat de Winoa pourrait prendre la même tournure que celui de Terreal tombé dans le giron de ses créanciers bancaires au cours de l'année dernière. L'entreprise industrielle de taille similaire à Winoa était également détenue par LBO France. En proie à des difficultés, Terreal avait bénéficié d'une restructuration de dette menée par LBO France en 2009, opération in fine infructueuse. La nouvelle dette s'était révélée mal calibrée au regard de la rentabilité de Terreal et un énième arrangement avec les créanciers bancaires avait été nécessaire. L'investissement Winoa pourrait prendre le même chemin que Terreal. LBO France connaissait en effet très bien l'entreprise après plus de huit ans de partenariat mais le fonds n'a pas osé prendre le risque de reproduire son erreur de 2009. L'échec de la restructuration de Terreal n'a peut être pas servi à tout le monde. Autre paramètre qui pèse sur la réussite de l’opération, le chiffre d'affaires de Winoa repose aujourd'hui essentiellement sur l'activité internationale du groupe, 70 % du commerce ayant lieu hors d’Europe, et le ralentissement de croissance des pays émergents ne sera certainement pas sans effet sur les industriels et les fournisseurs d'activités connexes tels que le champion français de la grenaille abrasive...
KKR : Conseils investisseurs : financier : Houlihan Lokey ; juridique : White & Case • Conseil juridique Winoa : Bredin Prat • Conseils LBO France : financier : Messier Maris & Associés ; juridique : Mayer Brown • Dette senior : KKR, Benett Capital Management, DK Capital Management ; conseil juridique prêteurs senior : Ashurst
Un deal expéditif
C’est ce qu’on appelle, une opération éclair. Un an après s’être manifesté pour prendre le contrôle de Winoa, le fonds américain KKR a conclu le deal le 3 février dernier. Après huit années de partenariat, LBO France, a en effet cédé la firme hexagonale. Depuis quelque temps, le climat financier n’était plus au beau fixe au sein de l’entreprise, leader mondial des grenailles abrasives et des technologies de nettoyage des pièces métalliques. Si l'entreprise française a plutôt bien résisté à la crise financière et a continué à produire un excédent brut d'exploitation convenable, de l'ordre de cinquante millions d'euros en 2012, son niveau d'endettement devenait alarmant. Le capital-développeur américain, spécialiste de ce genre d'opération, a profité de l’occasion pour s'emparer de 85 % du capital de Winoa avec deux de ses fonds affiliés, DK et Benett. L’une des conséquences directes de cette acquisition : la réduction de moitié de la dette de Winoa, qui passe à 188 millions d'euros, et un abondement de trésorerie de soixante millions d’euros par KKR. Pour Winoa, la prise de participation est salvatrice et gratifie l’entreprise « d'une structure financière stable et de fonds additionnels ouvrant la voie à la croissance », précise Yves Barraquand, ex-CEO de Winoa auquel Pierre Escolier a succédé une fois l’opération bouclée.
Winoa : un investissement pertinent ?
Du point de vue de KKR, le fonds réalise un investissement à moindre coût au vu des encours qu'il a sous gestion, plus de 90 milliards de dollars pour la maison mère. Pourtant, le rachat de Winoa pourrait prendre la même tournure que celui de Terreal tombé dans le giron de ses créanciers bancaires au cours de l'année dernière. L'entreprise industrielle de taille similaire à Winoa était également détenue par LBO France. En proie à des difficultés, Terreal avait bénéficié d'une restructuration de dette menée par LBO France en 2009, opération in fine infructueuse. La nouvelle dette s'était révélée mal calibrée au regard de la rentabilité de Terreal et un énième arrangement avec les créanciers bancaires avait été nécessaire. L'investissement Winoa pourrait prendre le même chemin que Terreal. LBO France connaissait en effet très bien l'entreprise après plus de huit ans de partenariat mais le fonds n'a pas osé prendre le risque de reproduire son erreur de 2009. L'échec de la restructuration de Terreal n'a peut être pas servi à tout le monde. Autre paramètre qui pèse sur la réussite de l’opération, le chiffre d'affaires de Winoa repose aujourd'hui essentiellement sur l'activité internationale du groupe, 70 % du commerce ayant lieu hors d’Europe, et le ralentissement de croissance des pays émergents ne sera certainement pas sans effet sur les industriels et les fournisseurs d'activités connexes tels que le champion français de la grenaille abrasive...
KKR : Conseils investisseurs : financier : Houlihan Lokey ; juridique : White & Case • Conseil juridique Winoa : Bredin Prat • Conseils LBO France : financier : Messier Maris & Associés ; juridique : Mayer Brown • Dette senior : KKR, Benett Capital Management, DK Capital Management ; conseil juridique prêteurs senior : Ashurst