L'objectif de parvenir à 315 milliards d’euros n'est pas réaliste en misant sur l’investissement privé.
En début de semaine, Jean-Claude Juncker annonçait que le nouveau plan de relance européen permettrait d’injecter 315 milliards d’euros dans l’économie du Vieux Continent. Un investissement conséquent puisqu’il représente environ 2,3 % du produit intérieur brut (PIB) européen et qu’il pourrait créer 1,3 million d’emplois. En réalité, il n’y a pas de quoi s’emballer. Pour deux raisons. La première est que cet argent sera investi sur trois ans. Si on prend en compte cela, le plan de relance ne représente plus que 0,7 % du PIB.

Public/privé : un rapport de un sur cinq

La deuxième raison est que ce montant a été calculé sur des bases plutôt optimistes. En effet, sur les 315 milliards d’euros, seuls soixante milliards sont assurés. Doté de 21 milliards, le Fonds européen pour les investissements stratégiques peut prêter, grâce à un effet de levier, soixante milliards d’euros. Pour le reste, la Commission européenne mise sur de l’investissement privé en grande quantité puisque le rapport est de plus de un sur cinq. Bref, un pari risqué dans un tel contexte économique. Dans les faits, il est donc fort probable que l’Europe ne voit pas la couleur de tout cet argent. François Hollande avait déjà utilisé cette technique en juin 2012 avec son plan de croissance de soi-disant 120 milliards d’euros. Deux ans plus tard, aucun chiffre n’a été communiqué sur le montant officiellement investi. Tout est donc dans l’effet d’annonce.

Pourtant, le Vieux Continent aurait bien besoin de cet argent : le niveau d’investissement y est inférieur de 15 % à celui de 2007. Pour soutenir la comparaison avec le rythme d’investissement des États-Unis, l’Europe aurait dû dépenser 540 milliards d’euros de plus en 2012 et en 2013. Autant dire que ce qui restera des 315 milliards d’euros ne sera qu’une goutte d’eau dans un environnement aride.

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