Henri Calef, associé, Mazars : «?J'aime à le rappeler, nous sommes des urgentistes?»
Décideurs. Mazars est très présent en audit financier, et a significativement renforcé son pôle transaction services depuis le début de l'année 2009. Quel est le profil des équipes du département corporate restructuring ?
Henri Calef. Notre équipe regroupe une vingtaine de personnes autour de deux associés. À Paris, Hervé Rousseau et moi-même nous appuyons sur une équipe de dix personnes et sur l’équipe lyonnaise d’une dizaine de personnes, animée par Alain Istamboulian et Guillaume Requin.
Dès le départ, Mazars a cherché à s’entourer de professionnels expérimentés pour structurer son offre corporate restructuring. Chacun de nous quatre dispose d’une solide expérience de quinze à vingt ans. En renfort de l’expertise technique, qui constitue l’image de marque de Mazars, nous proposons de mettre au bénéfice de nos clients notre connaissance approfondie de situations dites spéciales, acquise au fil des très nombreux dossiers que nous avons été amenés à traiter. Pour autant, afin de poursuivre notre développement et d’accompagner notre croissance, nous envisageons également de renforcer les équipes de profil plus junior dans les mois qui viennent.
Décideurs. Compte tenu de votre développement dans les métiers du conseil et du corporate restructuring, comment vous positionnez-vous par rapport aux Big 4 ?
H. C. Mazars a toujours été reconnu pour la qualité de son travail qui a toujours primé sur l’agressivité commerciale. Face aux Big 4, nous nous positionnons ouvertement comme des challengers, mais avec à notre actif une signature et une marque fortes sur le marché. Notre réputation, notre réseau et notre expertise peuvent donc faire la différence. Notre double implantation, équilibrée, à Paris et à Lyon, est aussi un gage de crédibilité et de proximité pour nos clients.
Globalement, depuis début 2009, et à contre-courant de certains confrères, Mazars investit les métiers du conseil de manière résolue, avec beaucoup d’ambition, et des équipes soudées autour de personnalités fortes et expérimentées.
Décideurs. Quelles sont les qualités recherchées chez un professionnel de la restructuration ?
H. C. Notre métier nécessite des connaissances techniques, ainsi qu’une très grande capacité d’adaptabilité et d’écoute. Il est indispensable de comprendre la situation de l’entreprise dans sa globalité ; nécessaire de reconstituer les flux en s’immergeant dans l’activité de la structure ; fondamental d’examiner de manière critique dans quelle mesure chacune des activités de l’entreprise continue ou non d’être pertinente par rapport au marché tout d’abord, aux moyens financiers de l’entreprise ensuite. J’aime à le rappeler, nous sommes des urgentistes : il nous faut aller au-delà des symptômes apparents pour soigner le patient. Pour ce faire, et en accord avec nos clients, nous faisons de plus en plus appel à des experts métiers, souvent d’anciens chefs d’entreprise, dans un souci d’apporter un éclairage complémentaire, très terrain, dans le cadre de schémas de restructuration complexes.
Décideurs. Beaucoup de restructurations financières ont été effectuées en 2009. Quelles seront les tendances qui porteront votre activité dans les prochains mois ?
H. C. Il me semble que certaines restructurations, essentiellement techniques, n’ont pas, au fond, forcément traité les problématiques des entreprises, dans l’espoir qu’une reprise générale de l’économie transcenderait lesdites problématiques. Des ouvertures de redressements judiciaires, sur des entreprises ayant fait l’objet de restructurations amiables, viennent régulièrement illustrer ce propos. Dans ce contexte, il ne m’étonnerait pas que l’on revienne progressivement à des traitements plus réalistes des difficultés, amiables ou judiciaires, qui, au lieu de seulement prolonger certaines entités sociales, favoriseraient des regroupements d’entreprises et des réorganisations de segment de marché.