Pour doper la croissance de leur entreprise, deux nombreux français partent à la conquête de l'international. Sagas entrepreneuriales.
États-Unis : le rêve américain de Lending Club

Pour financer sa croissance, la start-up française de prêt entre particuliers n’a pas hésité à traverser l’Atlantique. Bien lui en a pris puisqu’elle a réussi à lever 870 millions de dollars à Wall Street. En vendant ses actions au prix de quinze dollars, la société fondée et dirigée par le Français Renaud Laplanche est valorisée à plus de quatre milliards de dollars. Malgré une perte de près de 33 millions de dollars, la start-up de prêts entre particuliers a une nouvelle fois doublé son chiffre d’affaires en 2014. Et elle espère réaliser une croissance de 80 % en 2015. Pour autant, si elle veut continuer à vivre son rêve américain, il lui faudra continuer de s’internationaliser. Après un premier partenariat avec Google, Lending Club vient de s’ouvrir les portes de la Chine en signant, début février, un accord avec Alibaba.



Brésil : Casino, sur un air de samba

En 2012, le groupe stéphanois finalise son entrée sur le marché brésilien en devenant actionnaire majoritaire de Pão de Açúcar, le leader local de la distribution avec un chiffre d’affaires de vingt-trois milliards de dollars. Malgré des problèmes de gouvernance avec Abilio Diniz, ancien P-DG du groupe brésilien, Casino a toutes les raisons de garder le sourire. Cette acquisition lui permet d’atteindre le cap des 60 % de ses revenus générés depuis l’étranger. Mieux encore, il lui ouvre les portes d’un marché de 220 millions de consommateurs. Si le groupe français écoule ses produits sur le marché brésilien, il a décidé de ne pas changer le nom des enseignes, préférant profiter de leur notoriété. Au Brésil, son principal concurrent n’est autre que… Carrefour, qui y réalise un chiffre d’affaires de dix milliards d’euros. Face à la mauvaise santé de l’économie brésilienne, il n’est donc pas question de ralentir : Jean-Charles Naouri, P-DG de Casino, a annoncé l’ouverture de nouveaux magasins en 2015. 



Russie : Schlumberger prépa re son avenir 

Plombé par la baisse des cours pétroliers, le groupe spécialiste des services pétroliers annonçait début janvier qu’il supprimerait 9 000 postes, soit près de 8 % de ses effectifs. Pour autant, il n’a pas peur d’investir dans le futur. Seulement une semaine plus tard, Schlumberger prenait le contrôle de 46 % du capital d’Eurasia Drilling Company (EDC) pour 1,7 milliard de dollars. Une option permettra même au groupe français de monter à 100 % d’ici deux ans.  Forte d’un chiffre d’affaires de 3,5 milliards de dollars, cette société russe leader
dans les forages pétroliers lui permet d’étendre sa présence autour de la mer Caspienne et en Irak, deux zones géographiques au potentiel de croissance important. 



Cameroun : Fayat mise sur l’Afrique

Selon la Banque africaine de développement, le besoin en infrastructures de l’Afrique subsaharienne dépassera les 93 milliards de dollars par an au cours des dix prochaines années. Un marché porteur que l’entreprise bordelaise convoite depuis longtemps. Fin 2008, le premier groupe français de BTP indépendant s’installait au Cameroun en achetant l’entreprise Razel à l’allemand Bilfinger Berger. Depuis, il a fait fructifier cette acquisition en développant son activité dans toute l’Afrique. Désormais dénommée Razel-Bec, la filiale dirigée par Laurent Fayat a réalisé en 2014 un chiffre d’affaires de 795 millions d’euros, dont 242 millions en Afrique. Pour cette année, la société vise les 300 millions d’euros. Si l’essentiel de l’activité demeure au Cameroun (80 millions d’euros de revenus), la société intervient déjà dans sept autres pays : l’Algérie, le Congo, la Guinée équatoriale, le Mozambique, le Sénégal, le Mali et la Côte d’Ivoire.


Chine : Occitane élargit sa clientèle

En utilisant une stratégie fondée sur la distribution auprès des voyageurs (avec une forte présence dans les zones duty free des aéroports), Occitane a réussi à se faire une image de marque auprès des consommateurs chinois. Désormais bien implanté sur le territoire grâce à des magasins en propre, le groupe français compte passer la vitesse supérieure. Depuis le 1er décembre
2014, il vend aussi ses produits sur le site du géant chinois Alibaba. Pour le groupe, qui a réalisé un chiffre d’affaires d’un milliard d’euros l’an dernier, il s’agit avant tout d’un moyen de s’attaquer à la contrefaçon. Des dizaines de revendeurs tiers commercialisent déjà sur Alibaba des produits L’Occitane à prix réduits sans son autorisation. Pour séduire les clients sur le Web, la marque
haut de gamme a dû baisser ses prix. Elle pourra néanmoins profiter de la récente décision du gouvernement chinois de réduire les taxes à l’importation sur des articles de consommation courante.

V. P. 

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