Incertitudes géopolitiques, réformes nécessaires, marchés instables… Tour d’horizon des perspectives économiques pour 2015 à l’occasion de la conférence du Club Finance HEC.
Des mots forts désignant des maux profonds. Les professionnels de la finance rassemblés à l’occasion de la conférence du Club Finance HEC ont bien conscience que faire repartir l’économie réelle est « un immense défi pour le système capitaliste mondial ». Éclairages sur quelques prévisions nuancées.

La question du « quantitative easing » souverain
Décrié par certains économistes, le mécanisme de quantitative easing est parfois qualifié de « violent » : l’une des formes les plus radicales a été mise en œuvre à plusieurs reprises au Japon tandis qu’il s’éteint doucement aux États-Unis.

En Europe, la question est aujourd’hui de savoir si la Banque centrale européenne va agir et « acheter des obligations des États de la zone euro », explique Laurent Geronimi, directeur de la gestion taux chez SwissLife Banque Privée. « Il est délicat de faire des prévisions dans le contexte actuel. » In fine, l’Europe pourrait certainement être contrainte de recourir au « quantitative easing » de façon massive. Or, pour que cette politique soit utile « des réformes structurelles profondes doivent êtres mises en place », précise-t-il.

Un contexte français difficile
« Mais à quel rythme ces réformes doivent-elles se faire ? », poursuit Laurent Geronimi tout en pointant du doigt le retard pris par la France. Les chiffres macroéconomiques révèlent aujourd’hui un écart dangereux entre la France et les autres pays de la zone euro et celle-ci est notamment la seule à ne pas présenter une balance courante excédentaire.

« Les deux années à venir sont essentielles », insiste Henri Ghosn, président du Club Finance HEC. D’ailleurs, le « risque français mettrait en danger toute la construction européenne », craint-il mettant en lumière l’urgence à réformer le pays.

Des perspectives contrastées
Des distinctions sont à opérer. Si la dynamique économique est au ralenti en Europe, elle est néanmoins soutenue aux États-Unis, avec des secteurs qui se distinguent nettement, tels que l’énergie, la technologie – « tous les leaders mondiaux [étant] américains » – et la santé.

La Chine, que le Fonds monétaire international a récemment qualifiée de « première puissance économique mondiale », montre toutefois certains signes de ralentissement. Le cours du pétrole « représente un soutien favorable à la croissance mondiale », en particulier pour l’Asie mais également pour l’Europe.

Pour 2015, Laurent Geronimi privilégie l’Asie au détriment de l’Amérique latine et parierait sur la continuité de la baisse de l’euro vis-à-vis du dollar, ce qui devrait avoir un impact significatif sur le bénéfice des entreprises.

Des risques extrafinanciers non négligeables
Autre marqueur des perspectives économiques, les tensions géopolitiques : élections à venir en Grèce, au Portugal et en Italie, incertitudes grandissantes (économiques, financières, monétaires…) concernant la Russie, conflits internationaux… La liste est longue.

Et toujours en toile de fond, l’obstacle que représente la lenteur de certains pays à se réformer comme la Chine, l’Inde, le Brésil, l’Italie… et la France. Une condition pourtant sine qua non pour que les perspectives redeviennent favorables. Comme le signifie Laurent Geronimi, « 2015 doit donc être l’année des actions européennes ».

Élodie Sigaux

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