Si les résultats sont bons pour Valeo, Jacques Aschenbroich, le directeur général de l’équipementier, ne se laisse pas déconcentrer. Il maintient le cap sur les révolutions technologiques du secteur et la croissance organique de son groupe.

Décideurs. Comment se déroule l’année 2015??

Jacques Aschenbroich. C’est une nouvelle année de croissance pour Valeo. Comme annoncé en mars dans notre plan pour 2020, nous sommes en bonne voie pour progresser de cinq points de plus que le marché et nos prises de commandes ont encore affiché une forte hausse au premier semestre (+ 18 %). C’est un excellent signe pour notre croissance future.

 

Décideurs. D’où vient cette demande??

J.?A. Elle provient de notre technologie. Nous assistons à une double révolution. Celle de l’efficacité énergétique d’abord. Les conducteurs sont de plus en plus attentifs à la consommation en carburant et à la pollution émise par leur véhicule. Cette préoccupation prend en outre une dimension réglementaire dans un nombre croissant de pays. Le second changement est celui de la conduite intuitive. Les voitures vont être de plus en plus connectées à leur environnement et pilotées par ordinateur. Deux fonctionnalités sur lesquelles nous sommes leaders mondiaux.

 

Décideurs. Ces évolutions et l’arrivée d’acteurs nouveaux comme ceux de la tech peuvent-elles rebattre les cartes dans l’industrie automobile??

J.?A. Les entreprises de la tech sont déjà largement présentes dans nos voitures. Pour nous, équipementiers, elles vont être à la fois des clients, des concurrents et des partenaires. Ces transformations du secteur sont bien plus des opportunités que
des risques.

 

Décideurs. Vous préparez activement la voiture autonome. À quel horizon se démocratisera-t-elle??

J.?A. Il ne faut pas s’attendre à un «?grand soir?». Les fonctions de plus en plus avancées se propageront progressivement. En zone urbaine, cela pourrait aller assez vite, d’ici à 2018-2020 par exemple. Pour cela, trois aspects doivent encore évoluer?: la réglementation, la fiabilité technologique et l’acceptation par les utilisateurs. Ce dernier point est le principal obstacle. Les passagers ne sont pas habitués à l’absence de conducteur, le sentiment de sécurité est plus ténu. C’est pour cette raison que nous faisons de l’ergonomie du véhicule autonome l’un de nos chantiers prioritaires.

 

Décideurs. La croissance ralentit dans les pays émergents, en Chine en particulier. Cela vous inquiète-t-il??

J.?A. Nous sommes un groupe mondial. L’économie chinoise croît moins vite certes, mais le marché européen est en pleine reprise. Valeo y réalise encore 49?% de ses ventes. Seule l’Amérique du Sud m’inquiète. Les conditions macroéconomiques y sont plus difficiles qu’en Chine. Sur le long terme toutefois, cela ne remet pas en cause notre stratégie. Pour l’instant, nous sommes même en avance sur nos prévisions.

 

Décideurs. Pourquoi avoir fait de la croissance interne l’une de vos priorités??

J.?A. La croissance externe ne peut pas remplacer la croissance organique. Faire des acquisitions la seule priorité paupérise les entreprises. Notre engagement est de délivrer une progression de nos ventes supérieure à celle du marché. C’est un modèle qui convainc nos actionnaires. Cela ne nous empêche pas de regarder autour de nous. Dernièrement, nous avons acquis quatre start-up et pris une participation dans Aledia, une jeune pousse spécialisée dans les systèmes d’éclairage.

 

Propos recueillis par J.-H. F.

 

Cet entretien fait partie du dossier "Stratégie de croissance".

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