Depuis la montée de l’État au capital de Renault, les relations entre le constructeur et son actionnaire de référence sont plus que tendues et la brouille s'envenime. L’enjeu ? L’équilibre de l’alliance avec Nissan.

Le conseil d’administration va « poursuivre les discussions ». Une manière pudique de dire qu’aucun accord n’a été obtenu pour le moment. Alors que le ton monte entre Renault et l’État, son actionnaire de référence, Carlos Ghosn, le P-DG du constructeur, a en effet réuni un conseil d’administration extraordinaire le 6 novembre. Objectif : trouver une solution au déséquilibre de l’alliance engendré par la montée de l’État au capital en avril dernier. Cette manœuvre qui visait à assurer l’adoption des droits de vote double (loi Florange), a fait passer la participation publique dans l’ex-régie de 15 % à près de 20 %, marginalisant de facto le japonais Nissan qui détient 15 % du français mais aucun droit de vote. Au printemps 2016, l’État détiendra au contraire plus de 30 % des droits de vote soit la minorité de blocage.

 

Aucune cession en vue

 

« L’État français a désormais un poids plus important. C’est un motif d’inquiétude. » Le 2 novembre, à l’occasion de ses résultats semestriels, le constructeur de Yokohama était sorti de la réserve habituelle qui caractérise les dirigeants japonais. En présentant les comptes du groupe, Hiroto Saikawa, numéro deux et directeur de la compétitivité, a fait part publiquement des craintes de la direction. Un symbole fort pour les investisseurs nippons.

 

La même semaine, le cours de l’action Renault a retrouvé le niveau auquel l’Agence des participations de l’État (APE) avait procédé à l’augmentation de sa participation - autour de 90 euros. Un signal pour les marchés boursiers. Bercy avait en effet promis un mouvement temporaire et positif pour les finances publiques mais la baisse du cours l’avait contraint de reporter la vente des titres. À l’heure actuelle, si Emmanuel Macron a renouvelé sa promesse de retour à une participation proche de 15 %, aucun échéancier n'a été dévoilé.

 

« Nous ne souhaitons pas une fusion »

 

Après que le ministre de l’Économie a parlé d’une fusion des deux constructeurs, le premier ministre, Manuel Valls, a tenu à calmer le jeu. « Nous ne souhaitons pas une fusion », a-t-il déclaré sur Europe 1. Sur la même antenne, l'ancien associé de Rothschild & Cie  a cette fois défendu un renforcement de « l'intégration industrielle » mardi matin. 

 

Pour le moment Nissan et Renault refusent de commenter les différentes solutions sur la table. Plusieurs options circulent pourtant parmi les analystes financiers. L’une évoque notamment une cession de 8 % à 18 % sur les 43,4 % que la marque au losange détient au capital de son partenaire. Celui-ci opérerait ensuite le mouvement inverse au capital du français. Une autre option consisterait à activer les droits de vote de Nissan.

 

Avant la prochaine rencontre prévue le 12 décembre, le conseil d’administration a d’ores et déjà acté la création d’un comité chargé d’étudier tous les moyens de rééquilibrer l’alliance qui forme le quatrième constructeur automobile mondial. Une chose est sûre, Carlos Ghosn ne se laissera pas déstabiliser. « Je suis drivé par le succès de l’alliance », affirmait-il en janvier.  

 

 

JHF

 

Crédit photo Renault Luc Perenom

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