Entre émotion et terreur, les comportements des consommateurs ont changé après les terribles attentats qui ont frappé l’Hexagone le vendredi 13 novembre. Quelles conséquences pourraient avoir ces événements sur l’économie française ? Passage en revue des cinq secteurs les plus touchés.

Malgré l’inquiétude de la population, les économistes estiment que les retombées des attentats du 13 novembre sur la croissance hexagonale devraient être limitées. De fait, au premier trimestre, après ceux menés contre Charlie Hebdo et l’Hyper Casher de la Porte de Vincennes, le PIB avait augmenté de 0,7 %. Aux États-Unis, après le 11 septembre, la consommation des ménages avait crû de 1,5 % au dernier semestre contre 0,2 % à 0,3 % aux trimestres précédents. Pour autant, certains pans de l’économie sont fortement touchés. Passage en revue.

 

Tourisme : stupeur et tremblements

Depuis les attentats, les hôteliers ont dû faire face à des départs précipités et à des annulations de dernière minute. Pas moins de trois grands événements ont été annulés : le Salon des maires à Versailles, prévu du mardi 17 au jeudi 19 novembre et qui devait accueillir 60 000 personnes, la 19e édition de Paris Photo, au Grand Palais, qui a été fermée prématurément, et le Salon de l’étudiant à Paris qui a été repoussé. Sans parler des expositions fermées temporairement. Le chiffre d’affaires par chambre disponible de l’hôtellerie parisienne a chuté de 21 % dès samedi et de 28,5 % dimanche, selon l’expert hôtelier MKG. Une tendance qui devrait se poursuivre au cours des prochains mois. En Bourse, les secteurs du tourisme et de l’hôtellerie sont secoués : Accor a perdu 5 %, le groupe de restauration Flo 11 % et Air France–KLM 6 %.

 

Consommation : - 50 % de fréquentation aux Galeries Lafayette

Si les grands magasins ne sont pas désertés, une nette baisse de l’affluence est à constater. La fréquentation des galeries marchandes a ainsi baissé de 10,5 % en France lundi 16 novembre après avoir chuté de 17,9 % samedi. Depuis les attaques, l’affluence aux Galeries Lafayette a dégringolé de l’ordre de 50 % et celle du Printemps de 30 %. Les commerces de proximité ont connu, pour leur part, une hausse de la fréquentation le week-end suivant les attentats. L’enseigne Franprix, dont 95 % des magasins sont situés en Île-de-France, affichait samedi une hausse de 17 % de son chiffre d’affaires et de 15 % dimanche. Leader Price a enregistré des ventes en croissance de 6 % ce dimanche. Des chiffres qui reflètent la peur des consommateurs de se rendre dans de plus grandes enseignes ou même d’aller voir leur famille en banlieue parisienne. Une situation qui devrait durer.

 

Finances publiques : 600 millions d’euros

François Hollande a dans la foulée déclaré que « le pacte de sécurité l’emportait sur le pacte de stabilité ». Au total, ce pacte est estimé à 600 millions d’euros, soit 0,03 % du PIB. Il financera la création de 5 000 emplois de policiers et de gendarmes d’ici deux ans, de 2 500 postes supplémentaires pour l’administration pénitentiaire et de 1 000 emplois pour les douanes. L’accélération des frappes en Syrie ainsi que le prolongement pour trois mois de l’état d’urgence complètent les mesures prises par le Président. Ces dépenses exceptionnelles ne seront pas compensées par des économies. Ainsi, faute d’une croissance soutenue, la France pourrait tomber sous le coup des sanctions du pacte de stabilité et de croissance européen même si cela est peu probable compte tenu des circonstances.

 

Sécurité privée : demande en hausse de 30 %

Les entreprises de sécurité croulent, quant à elles, sous les demandes. Selon le Syndicat national des entreprises de sécurité privée, les 220 sociétés adhérentes ont souhaité augmenter leurs effectifs de 30 %. Les Galeries Lafayette ont, par exemple, doublé le nombre de vigiles sur le terrain, le portant à une centaine. Seul bémol : les firmes n’ont pas les moyens humains pour répondre à la demande. L’exercice de la profession d’agent de sécurité privée est, en effet, soumis à l’obtention d’une carte professionnelle, d’une autorisation préfectorale et d’une formation de 140 heures. Contrairement à janvier dernier où l’augmentation n’avait pas duré, celle-ci risque de se prolonger avec l’arrivée des fêtes et la prorogation de l’état d’urgence.

 

Médias : audiences records

Le soir des attentats, les chaînes d’information en continu ont enregistré des audiences records. BFM-TV a capté 14 % de l’audience de 22 h à 00h30, soit 2,5 millions de téléspectateurs. Plus tard, entre 0h30 et 3h, la chaîne a même atteint les 28 % avec 1,7 million de personnes devant leurs écrans. iTélé a, quant à elle, réuni un million de personnes entre 22h et 0h30. Mais cette dernière a également dépassé son record historique puisque elle a atteint 4,6 % de parts d’audience pendant la journée du 14 novembre, contre 4,2 % le 8 janvier dernier. TF1 et France 2 sont néanmoins restées leaders avec 20,3 % d’audience en moyenne le 14 novembre pour la Une et 17,4 % en moyenne pour la seconde. Une hausse des audiences – qui si elle dure – pourrait avoir un impact sur les recettes publicitaires.

 

S.S.S.

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