C’est le coût de la loi Hadopi pour le cinéma français selon une étude publiée par l’Insee.

Cette étude, réalisée par Christophe Bellégo et Romain de Nijs avait pour objectif d’évaluer l’impact d'Hadopi sur les recettes des films en salles. Le résultat est plutôt étonnant. Si la loi anti-piratage n’a pas eu d’impact sur les volumes, la répartition du secteur a fortement évolué. L'introduction d'Hadopi est ainsi associée à une augmentation de la part de marché des films américains de 9 %. Depuis sa création, ces derniers ont affiché une hausse de leurs entrées comprise entre 15,4 et 20 millions d'entrées. Comme le marché est resté stable, ce sont autant de place que le cinéma français a perdu. Au prix moyen de 6,3 euros l'entrée, cela représente environ 126 millions d'euros.

 

Comment expliquer un tel mouvement ? Selon l’étude, le comportement des consommateurs a été modifié. Avant Hadopi, ils pirataient les films américains avant même leur sortie en salles en France. Leur budget cinéma était donc alloué aux films français moins « piratables » car difficiles à trouver durant sa période d'exploitation. Désormais, une majorité des Français n’osent plus télécharger, ils vont donc voir les films américains en premier. Or, leur budget n’est pas extensible...  

 

Un coup dure de plus pour l’Hadopi qui présente un bilan mitigé. En quatre ans d'existence, la Haute Autorité a envoyé 3,2 millions mails d'avertissement, soit une moyenne de 2 191 par jour. Ces courriers d’avertissement ont néanmoins un impact limité puisque seulement 159 dossiers ont été transmis à la justice, qui n’a rendu que trente-six décisions dont dix-neuf condamnations. Difficile dans ces conditions de justifier la rallonge budgétaire démandée. Alors que le gouvernement a alloué six millions d’euros pour son fonctionnement, Marie-Françoise Marais, sa présidente, en demande 7,5 millions d’euros.

 

V. P.

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