Si certaines de ses annonces ont bousculé les syndicats, et ses projets le PAF tout entier, le moins que l’on puisse dire c’est qu’en six mois à la tête de France TV, Delphine Ernotte aura fait bouger les lignes plus rapidement que ses prédécesseurs en dix ans (et plus) ! Bilan d'étape, parce que, pour elle, on peut déjà en faire un.

Outre une volonté de réaffirmer la mission de service public du groupe, d’en faire un acteur international innovant et reconnu avec la création de programmes exportables, la centralienne projette de réinventer l’offre afin de rajeunir l’audience. La nomination, peut-être contestée, de celle qui ne vient pas du sérail semble en tout cas avoir été la bonne. En somme, beaucoup de plus, quelques moins.

 

Les plus

• Elle fait de l’information sa priorité

Ça tombe bien, l’info, c’est la dernière tendance du PAF. Tout le monde se bouscule au portillon?: pour l’instant, France TV travaille main dans la main avec Radio France sur ce projet bien avancé de chaîne publique d’information qui devrait voir le jour à la rentrée prochaine. Le budget avoisinerait les 50?millions d’euros, France TV débourserait, elle, 13?millions pour le projet. France 24 et l’INA sont de la partie, mais Public Sénat et LCP sont aussi sur le coup ?!

• Elle sait s’entourer… et se séparer

Michel Field nommé à la tête de la direction de l’information de France TV, c’est la dernière surprise du chef mais aussi l’assurance d’un soutien précieux en vue du projet «?info 2015?» grâce à cet homme de réseau. Autre surprise?: les piliers. Si « 30 millions d’amis » ont disparu d’un claquement de doigts, Drucker, Sébastien et Bern sont sommés de se renouveler. Quant à Julien Lepers, il a carrément pris la porte. Du coup, on accuse la patronne de jeunisme alors qu’elle vit avec un homme de huit ans plus vieux qu’elle?!

• Elle a fait repartir l’audience à la hausse en un an

Le groupe affiche enfin des audiences en hausse. Sur l’année 2015, ce sont 7,6?millions de téléspectateurs devant les chaînes du groupe chaque soir (+ 200 000 en un an). Avec ses 29,2?% de part d’audience sur l’année, France TV enregistre la plus forte progression du PAF – + 0,4 point en un an – et peut faire la nique à TF1 en devançant de 1,5 point son principal concurrent.

 

En bref : Delphine Ernotte veut faire sauter la contrainte actuelle des 42 mois de durée d’exclusivité de ses droits sur ses productions ou coproductions. Elle a d’ailleurs signé un accord avec les syndicats de producteurs pour réaliser davantage d’œuvres en interne ou en coproduction (jusqu’à 25 % contre 5 % actuellement). Le groupe public détiendra en partie les droits d’exploitation pour des reventes en France ou à l’international. Une manière aussi de ne pas se faire chiper les droits de séries phares comme Fais pas ci, fais pas ça, rachetés par le groupe M6 ! France Télévisions pourra aussi mieux dispatcher ses créations sur l’ensemble des chaînes du groupe.

Autre grande ambition de la présidente, même si le Pluzz est en plein boom avec par exemple près de dix millions de visites en février : développer l’offre numérique et s’attaquer à Netflix ! Les programmes jeunesse y étant notamment un produit d’appel fort, France Télévisions a de quoi répliquer. On retiendra aussi le très remarqué site éphémère à l’occasion de la sortie du dernier James Bond… 

 

 

Les moins

• Elle fait grincer les syndicats

Delphine Ernotte n’a pas la cote du côté des syndicats. La CFDT et la CGC l’accusaient d’avoir bénéficié des bonnes grâces du président du CSA pour prendre les rênes de France TV. Sitôt le recours rejeté par le Conseil d’État, c’est au tour de la CGT de critiquer le projet de la chaîne publique d’information, et notamment son financement. Les syndicats de journalistes, eux, se sont récemment réunis en association et ont exprimé leur crainte de voir disparaître le site FranceTV info. Aucune chance : ce sera celui du prochain Netflix... public !

• Elle ne réduira pas le déficit du groupe

France TV prévoit un déficit de 50?millions d’euros pour 2016, contre 10?millions en 2015. Delphine Ernotte, qui projette «?plus de redevances et plus de publicités?» sur les chaînes du groupe et la monétisation du support numérique, s’est dite favorable au retour de la publicité après 20?heures, la mesure ayant coûté 746?millions d’euros à l’État. Mais ça, ça risque de ne pas plaire aux téléspectateurs.

 

29,1?%

C’est la part d’audience des chaînes du groupe France TV du 1er au 28 février il devance celle du groupe TF1 (27,5 %) sur la même période, selon Médiamétrie.

 

Q.L. et C.C.

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