Pionnière du concept d’élevage d’insectes pour l’agroalimentaire, la start-up Entomo Farm, basée à Blanquefort, en région Bordelaise, vient de réaliser un premier tour de table qui lui a permis de lever 1,2 million d’euros, dont 900 000 sur le site de crowdfunding Sowefund. Une réussite à la hauteur des ambitions du projet. Son fondateur, Grégory Louis, revient sur sa stratégie.

Décideurs. Comment allez-vous utiliser les 1,2 millions d'euros levés ?

 

Grégory Louis. D’abord, cela va nous servir à accélérer notre stratégie de R&D, de manière à conserver notre avancée technologique et à agrandir le nombre d’espèces sur lesquelles nous travaillons. Nos méthodes sont aujourd’hui uniques, elles nous permettent d’optimiser à la fois la qualité de notre produit mais aussi le temps de production. En interne, cette augmentation de capital est l'occasion de recruter quatre nouveaux salariés qui viendront s’ajouter aux six personnes qui constituent déjà l’équipe. Concernant nos infrastructures, notre site de production bordelais va être agrandi de cinquante-six à cent mètres carrés. Cela va nous faire gagner en efficacité, en élargissant par exemple nos zones de production automatisée et de transformation. En terme de positionnement, cet argent va également nous donner la possibilité de nous implanter à l’international, notamment en Afrique de l’Ouest, mais aussi en Asie, où nous pensons ouvrir un bureau pour être plus proche de nos clients.

                                                                                                    

Décideurs. Quels avantages présente l’utilisation de farine d’insectes ?

 

G. L. Ce qui est important de comprendre, c’est que notre concept propose un système de production aussi sain que fiable sur le long terme. Notre produit est durable et permet aux clients de se projeter. Économiquement parlant, les coûts de farine d’insectes sont stables et dérogent aux fluctuations engendrées par les phénomènes de catastrophes naturelles. L’autre intérêt majeur à distribuer de la farine d’insectes, c’est la préservation de l’équilibre écologique. La production d’insectes permet de protéger la nature, sans parler de sa faible émission de gaz à effet de serre. De manière plus générale, son utilisation peut répondre aux enjeux alimentaires d’aujourd’hui. Elle offre une alternative alimentaire pour les piscicultures et les exploitations animales, à l’image des exploitants du continent africain qui ont des difficultés à nourrir leur bétail.

 

 

Décideurs. Quelles sont vos ambitions futures ?

 

G.L. Nous souhaitons démocratiser l’utilisation de farine d’insectes dans le monde. Si nous avons commencé par commercialiser notre produit sur le marché de l’aquaculture, pour des fabricants d’aliments et des producteurs de poissons, nous voulons élargir notre clientèle sur le long terme. D’ici cinq ans, nous voulons nous implanter sur le marché avicole. Dans dix ans, notre farine pourra également être utilisée dans l’alimentation humaine, notamment en Asie et en Amérique latine, où la législation le permet et la consommation d’insecte est plus répandue. Mais nous devons d’abord être performants sur notre premier marché avant de nous diversifier. En parallèle, si nous pouvons aujourd’hui produire plus de dix tonnes de farine par an, nos capacités de production vont prochainement être accrues. Avec l’aide de nos partenaires, comme SNCF Développement ou encore le groupe Schneider Electric, nous allons ouvrir un site industriel de plusieurs milliers de mètres carrés. Ainsi, nous pourrons produire des centaines de tonnes de farine d’insectes chaque mois. 

 

Propos recueillis par Richard Trainini

 

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