À l'occasion d'un bilan trimestriel, la Fédération française du bâtiment (FFB) a fait état d'une réelle reprise de la construction française en 2015, notamment sur le logement neuf. Tout en soulignant sa fragilité...

C'est un bol d'air pour la construction française : le secteur a connu une embellie en 2015. Et c'est particulièrement la construction de logements neufs qui est à l'origine de cette dynamique. À fin janvier 2016, en glissement annuel sur douze mois, la Fédération française du bâtiment (FFB) a annoncé que les ventes signées par les constructeurs de maisons individuelles ont progressé de 13 %, alors que celles enregistrées par les promoteurs ont bondi de 18 %. Cette hausse se confirme sur le début de l'année 2016, où les permis de construire et mises en chantier ont respectivement bondi de 31 % et 9 %, en glissement annuel sur trois mois à fin février. Sur le non résidentiel neuf, l'amélioration est également « plus rapide qu'attendue », avec une hausse de 9 % des autorisations sur la même période, et des mises en chantier « semblant avoir atteint leur point bas ». La FFB précise que tous les segments de marché participent à la reprise à l'exception des bâtiments administratifs. Des chiffres plus qu'encourageants, signe de la fin d'une crise quasi-continue depuis plus de huit ans, « la plus grave depuis la Seconde Guerre mondiale » a rappellé Jacques Chanut, président de la FFB.

 

Le logement, de nouveau moteur de la croissance

Cette reprise vigoureuse amène même la FFB à revoir à la hausse l'objectif de croissance du PIB de 1,2 % retenu par les instituts pour 2016. Selon les principes de comptabilité nationale, ce chiffre repose sur une baisse de 0,4 % de l'investissement des ménages. Or, la FFB retient un investissement de 2,5 %, en se basant sur une prévision de + 5,5 % pour le logement neuf, les mises en chantier étant selon elle sous-évaluées, notamment au regard des importantes ventes de matériaux. Cette correction donnerait, toutes choses égales par ailleurs, une croissance du PIB de 1,4 % en 2016, 0,2 point de plus qu'attendu. Le logement redeviendrait ainsi, pour la première fois depuis 2008, un « accélérateur de croissance ».

 

Une reprise toujours fragile

Cependant, la FFB a rappelé la fragilité de l'appareil de production. Pour maintenir cette reprise, le message de Jacques Chanut est clair : « Il ne faut pas toucher à ce qui marche. » Comprendre les différentes mesures de soutien de la filière lancés ces dernières années : le « dispositif Pinel », le nouveau prêt à taux zéro (PTZ), l'éco-PTZ, le crédit d'impôt pour la transition énergétique (CITE), ainsi que leur cumul, et le programme « Habiter mieux ». L'emploi est l'aspect sombre de ce bilan, avec une année 2015 morose : 36 100 postes ont été supprimés dans la filière en 2015, soit 3 % d'effectifs en moins, alors que seulement 30 000 suppressions étaient prévues en décembre dernier. Sur ce sujet, Jacques Chanut a paru résigné, affirmant « ne plus du tout croire » au projet de loi Travail. Il a notamment dénoncé l'abandon de la mesure concernant la durée de travail des apprentis mineurs et la sécurisation généralisée des licenciements, pointant ainsi un texte « qui privilégie les accords d'entreprise plutôt que les accords de branche ».

 

Boris Beltran

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